La présence du Général de division Abdoulaye Maïga hier à la direction générale de cette société stratégique est un signal fort du nouveau gouvernement de trouver des solutions pérennes à une crise énergétique persistante
Face à la crise énergétique que notre pays connaît depuis des mois, le Chef du gouvernement, le Général de division Abdoulaye Maïga, a réservé sa première sortie à la direction générale de l’EDM-SA. C’était hier dans la matinée. Le Premier ministre était accompagné du ministre de l’Énergie et de l’Eau, Boubacar Diané.
Au cours de la rencontre avec la direction et le personnel de cette entreprise stratégique, le Premier ministre a abordé les défis complexes que ce secteur stratégique connaît. Des défis qui s’appellent de l’accès à l’électricité pour tous, renforcement des infrastructures existantes, adoption de solutions durables pour faire face à une demande qui se fait de plus en plus croissante.
Au cours de fructueux échanges ponctuels d’applaudissements, les opportunités offertes par l’évolution technologique et les investissements potentiels dans les énergies renouvelables ont été évoqués. Toutes choses qui pourraient transformer le paysage énergétique du Mali, selon des intervenants dont le Directeur général (DG) de l’EDM, Abdoulaye Djibril Diallo, qui n’a pas manqué d’attirer l’attention sur une problématique majeure qui affecte le secteur de l’électricité. Il s’agit de la modification défavorable du mix énergétique du pays au cours des vingt dernières années.
En effet, selon le Directeur général, la part de l’hydroélectricité qui constituait autrefois 83 % de la production énergétique a diminué jusqu’à 30 %, conduisant ainsi à une dépendance accumulée à la production thermique qui représente désormais 70 %. Cette évolution, selon le DG Diallo, a conduit à une forte dépendance aux produits pétroliers dont les prix ont connu une flambée significative en 2022, exacerbant ainsi la crise énergétique. La situation ainsi explicitée prouve à suffisance la nécessité de diversifier les sources d’énergie et d’investir dans des solutions plus durables pour garantir une stabilité énergétique à long terme. Pour Abdoulaye Djibril Diallo cette réorientation stratégique a exacerbé le déficit déjà présent, plongeant l’entreprise dans une crise financière sévère. « Cette situation limite notre capacité à fournir suffisamment d’énergie à nos centrales. Ce qui a des répercussions directes sur la vie sociale et économique du pays », admet-il.
La société EDM-SA est résolument engagée dans une démarche de renforcement de sa gouvernance interne, avec un accent particulier sur la lutte contre la fraude. Son directeur général l’a affirmé tout en insistant sur l’importance d’une gestion optimale des ressources pour l’atteinte des objectifs. Toute chose qui implique une accélération des projets structurants dans le secteur des énergies renouvelables. Le développement du mix énergétique permettra de mieux contrôler les coûts de production.
« Ces futures innovations visent à garantir une efficacité accrue et une durabilité énergétique à long terme, tout en contribuant à la réduction de la dépendance aux sources d’énergie traditionnelle », soutient M. Diallo pour qui, « pour assurer le bon fonctionnement de ses activités et maintenir un service de qualité, il est primordial que l’entreprise reçoive le soutien du gouvernement pour récupérer ses impayés. Cela pourrait prendre plusieurs formes telles que la gestion des dettes ou la création de politiques incitatives pour encourager le règlement des factures en souffrance. En travaillant en collaboration avec le gouvernement, l’EDM pourrait offrir un meilleur service à ses clients », a suggéré le DG de l’EDM-SA.
Boubacar Témé, représentant le collectif des syndicats de l’EDM, a exprimé des préoccupations relatives aux tarifs de l’électricité qui n’ont pas été révisés depuis 2004. Pour lui, cette stagnation tarifaire entraîne des pertes considérables pour la société et compromis sa capacité à couvrir ses charges d’exploitation. Le syndicaliste estime que l’électricité doit être vendue à un prix équitable afin de garantir la viabilité financière de l’entreprise. «La crise énergétique actuelle a des répercussions significatives sur la vie quotidienne et l’économie du pays, avec des coupures d’électricité affectant gravement les secteurs socioéconomiques du pays», déplore Boubacar Témé qui exhorte l’État à s’impliquer davantage pour rassurer. les populations, les premières à souffrir de la situation.
LUEUR D’ESPOIR- Quant au ministre de l’Energie et de l’Eau, il a expliqué que la première visite du chef du gouvernement dans une structure pertinente de son département est perçue comme une lueur d’espoir pour le peuple malien qui endure depuis un certain temps une crise énergétique sans précédent. Ce déplacement, dira-t-il, est la preuve de l’importance que le gouvernement accorde à la résolution d’un problème qui affecte profondément la vie quotidienne des Maliens.
Les attentes sont grandes quant à la mise en place de solutions durables et innovantes pour surmonter ces défis énergétiques, reconnaît Boubacar Diané. Tout comme il reconnaît également que la situation énergétique actuelle suscite des préoccupations dans tous les secteurs socio-professionnels. C’est pourquoi, la priorité de son département est de garantir un approvisionnement suffisant en électricité dans les mois à venir. Ce afin de répondre aux besoins des Maliens. «Le premier défi de mon département est de vous assurer qu’il y aura suffisamment d’électricité dans les mois à venir pour tous les Maliens», a insisté la ministre Diané. Et d’exhorter EDM à mettre en œuvre des mesures proactives pour gérer la période de forte chaleur qui représente un défi majeur pour l’entreprise.
Pour ce faire, le ministre a insisté sur la nécessité et l’importance d’accélérer les projets d’énergie renouvelable, en particulier la construction de centrales solaires de Sanankoroba, de Tiakadougou-Dialakoro et de Safo. Des centrales qui contribueront à la diversification des sources d’énergie et au renforcement de la résilience énergétique du Mali. Très attentif comme d’habitude, le Premier ministre a saisi l’occasion pour rappeler les efforts considérables entrepris par le gouvernement pour soutenir la société EDM-SA dans la gestion de la crise énergétique actuelle.
Le Général de division Abdoulaye Maïga a cité, entre autres, les subventions accordées pour l’achat de groupes électrogènes et de carburants, des leviers cruciaux pour atténuer les impacts de la crise. Pour le Premier ministre, ces initiatives du gouvernement visent non seulement à assurer une fourniture stable d’énergie, mais aussi à renforcer l’infrastructure énergétique pour faire face aux défis futurs.
« En investissant dans ces mesures, le gouvernement espère stabiliser la situation énergétique et garantir un accès continu et fiable à l’électricité pour les populations », a-t-il indiqué. Et d’attirer l’attention sur le fait que les opérations d’électrification exercées dans le cadre des œuvres sociales du Président de la Transition sont une initiative significative pour améliorer les conditions de vie des populations locales. Tous ces efforts illustrent l’engagement du gouvernement de Transition à promouvoir le bien-être de tous les citoyens et à réduire les inégalités entre les différentes régions du pays, a dit le Premier ministre.
Avant de prendre congé de ses hôtes du jour, le Chef du gouvernement a inclus le ministre en charge de l’Énergie et le directeur général d’EDM-SA dans une consultation générale avec le personnel pour identifier des solutions aux défis actuels. Cette consultation, selon le Général Maïga, vise à recueillir des idées et des propositions concrètes de la part de ceux qui connaissent le mieux les rouages de l’entreprise. Le Premier ministre, en s’engageant à revenir dans une semaine pour recueillir la restitution de ces consultations, démontre son engagement pour une approche participative et collaborative dans la résolution de la crise énergétique que connaît notre pays.
Amara Ben Yaya TRAORE
Source : L’Essor