Ejecté de la primature sur de « profonds désaccords » avec les hautes autorités militaires au pouvoir, le désormais ancien Premier ministre, Dr Choguel Kokalla Maïga, aura du mal à atteindre les objectifs politiques…
Si les ambitions de « principal présidentiable » ont fini par coûter au Dr Choguel Kokalla Maïga son poste de Premier ministre de Transition, l’on se demande comment le leader du Comité stratégique du M5-RFP va pouvoir assouvir sa boulimie hors du pouvoir de Transition. Choguel pourra-t-il rebondir dans l’architecture politico-institutionnelle du Mali ? Le doute est permis, pour un certain nombre de raisons.
D’abord, il faut souligner que le président du Comité stratégique du M5-RFP a très mal manœuvré sa sortie de la scène de cette Transition. Car, l’homme a ouvert une fronde contre le chef de l’Etat, en dénonçant des pans de la gouvernance de transition, dont le véritable maître à bord est et demeure le Général d’Armée Assimi Goïta. Celui-ci peut même considérer les sorties osées de Dr Choguel Maïga comme des « outrages » à sa personne. C’est ce qui a poussé plusieurs partisans du chef de l’Etat a dénoncé des cas de « hautes trahisons » ou « d’atteintes au crédit de l’Etat » dans la récente prise de parole de l’ancien chef du gouvernement.
En clair, concevant son ambition présidentielle (dont il a fait des confidences à des proches) sans Assimi Goïta, Choguel aura du pain sur la planche pour sa mise en œuvre. Puisque le chef de la Transition, comme dans toute transition classique, sera au moins un faiseur de roi, lors des prochaines élections présidentielles. Or, certains signaux prouvent que le général Goïta sera, probablement, dans la course pour occuper le fauteuil de président de la République. Et l’histoire politique démontre qu’en concurrence avec un autre acteur du pouvoir, c’est généralement le chef de l’Etat qui l’emporte. Encore faut-il que Choguel soit considéré par les électeurs et les observateurs comme un acteur du pouvoir.
Ensuite, en protestant d’être marginalisé dans la gestion du pouvoir de Transition, Dr Choguel Maïga se met à dos tous les hauts dirigeants militaires, qui ont l’essentiel des leviers de cette transition. Or, les militaires ont le vent en poupe et cette période leur assure une certaine popularité. Celle-ci a incité l’opinion à taxer Choguel de tous les noms d’oiseau dans sa chute. Donc, sa stratégie de victimisation ne marchera pas. Ce, d’autant que le pays est en crise multidimensionnelle et la majorité des Maliens rejettent cette tentative de défiance des militaires orchestrée par le leader du M5-RFP. Ce qui montre que l’ancien chef du gouvernement va perdre drastiquement sa popularité …résiduelle.
En outre, c’est lorsqu’on est au pouvoir que les partisans se bousculent. Il va sans dire que l’ancien PM sera abandonné par plusieurs de ses admirateurs et même ses inconditionnels soutiens.
Sur un tout autre plan, il est possible que Dr Choguel Maïga fasse l’objet de poursuites judiciaires, par rapport à son passé. Car, chantre de la gouvernance de lutte contre la corruption et la délinquance financière, l’ancien locataire de la primature pourrait se faire reprocher des malversations présumées alors qu’il était à la tête de l’Autorité malienne de régulation des télécommunications et des postes (AMRTP). Me Kassoum Tapo et d’autres voix s’étaient élevés en son temps pour indiquer que Choguel Maïga avait un dossier pendant devant la justice. Son débarquement de la primature pourrait attiser l’envie de réchauffer ce dossier ? Ce que pourrait actionner le ministre de la Justice, prompt à faire rejuger même des affaires qui avaient bénéficié d’un non-lieu. Choguel ne s’est-il pas toujours battu contre la fin de l’impunité. Ce serait une manière assez éloquente que ce principe lui soit appliqué le cas échéant et pour lui permettre de se défendre face au juge.
Enfin, le président du M5 (RFP s’est abondamment grillé avec presque toute la classe politique. N’est-il pas boudé depuis un moment à chacune de ses invitations à des rencontres d’échanges avec le landernau politique ? Il manquera sûrement du soutien des partis politiques représentatifs pour l’aider à rebondir. Au contraire, ceux-ci ne se feront pas briller pour essayer de prendre leur revanche sur lui. Lui qui les a diabolisés et méprisés.
En définitive, l’ancien PM risque d’avoir un avenir plutôt terni ou assombri. Tant il s’est fait trop d’adversaires voire des ennemis, tant au plan national qu’international. Son seul mérite est d’avoir aidé à renverser le président IBK, dont il a été l’un des meilleurs ministres porte-parole de gouvernement.
Boubou SIDIBE
Source : maliweb.net