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Le Maroc, un bon allié ! Algérie : la fin d’une ère ?
Pour l’histoire, il importe de savoir que le 4 juillet 1980, le Mali, sous le président Moussa Traoré, a accordé sa reconnaissance à la République arabe sahraouie démocratique (RASD, fondée par le Front Polisario, mouvement indépendantiste soutenu par l’Algérie)…

Acte politique, compréhensible à cette époque. Mais, que d’eau aura coulé sous le pont en 44 ans. En effet, depuis 2007 et le plan marocain d’autonomie du Sahara occidental, déposé à l’ONU, il est question de soutien ou d’appui à ce plan ou la reconnaissance pure et simple de la marocanité du Sahara occidental. Plusieurs dizaines d’États ont affirmé leur soutien à une souveraineté marocaine sur le Sahara occidental dont la majeure partie des pays de l’Afrique de l’Ouest.
Parmi ces derniers, figure le Burkina Faso et le Niger, membres de la Confédération de l’Alliance des Etats du Sahel (AES). Au vu de la vision commune au sein de cette Alliance depuis sa création, la logique voudrait que le Mali, Etat du triptyque, emboite, sans ambigüité, le pas au Burkina Faso et au Niger. Deux raisons majeures pourraient être déterminantes en faveur d’une telle décision : la dynamique de plus en plus forte des relations avec le Maroc, et le clash avec le voisin algérien. L’Algérie était considérée comme l’unique obstacle à cette haute décision politique tant attendue. Dès lors que l’axe Bamako-Alger est devenu exécrable, les autorités maliennes doivent rentrer dans l’histoire en actant le retrait de la reconnaissance de la RSAD et la reconnaissance inconditionnelle de la marocanité du Sahara occidental.

La République arabe sahraouie démocratique (RASD), ou Sahara occidental, perd considérablement du terrain dans sa longue bataille pour l’indépendance vis-à-vis du Maroc.
En 1991, Rabat a accepté un plan de paix des Nations Unies (ONU) proposant à la population du Sahara occidental de décider par référendum de rester avec le Maroc ou de faire sécession. Cependant, après dix ans de tentatives d’identifier le corps votant dans ce référendum, les Nations Unies ont conclu à l’inapplicabilité de ce mécanisme d’autodétermination, surtout pour une population nomade telle que celle du Sahara occidental.  Et sur l’appel des Nations Unies aux parties prenantes dans ce conflit régional pour trouver une solution politique à ce différend autre que le référendum qu’en 2007, le Maroc a proposé une autonomie élargie pour le Sahara occidental, dans le cadre de la souveraineté du Maroc.

Alors que le soutien à cette proposition marocaine ne cesse de croitre au niveau international, notamment africain, celui de la RASD ne fait que s’éroder.

En Afrique seuls 18 États la reconnaissent, tandis que 18 autres ont retiré ou gelé leur reconnaissance, attendant une résolution politique du conflit. Le Maroc, quant à lui, dresse une liste de 23 pays africains qui ont ouvert des consulats dans ses “provinces du Sud”, appuyant ainsi ses revendications.

Mais, certains pays restent indécis.

Curieusement, parmi eux, figure le Mali, qui en 1980, avait accordé sa reconnaissance à cette pseudo-République créée de toutes pièces, avec la bénédiction et l’appui inconditionnel de l’Algérie.

De jour en jour, le nombre de pays qui reconnaissent cette entité fond comme neige au soleil. En effet, ce sont plus de cinquante Etats à travers le monde qui ont décidé de revenir sur leur décision de reconnaissance de la RASD.

Une entité qui, pour les Maliens, est assimilable à la fantomatique Azawad que la CMA et ses commanditaires entendaient imposer à la République. Donc, les Maliens doivent comprendre que RASD égal Azawad. Et le maître d’œuvre de ces deux entités, c’est l’Algérie.
Le plan marocain d’autonomie pour le Sahara

En 2007, le Maroc présente au Conseil de sécurité de l’ONU un plan d’autonomie pour le Sahara. Cette initiative permet de concrétiser le principe d’autodétermination par une expression libre, démocratique et moderne du système d’autonomie. Elle est conforme à la légitimité internationale, en plus d’assurer le respect et la promotion des droits de l’homme.

Cette initiative a été entreprise par le Maroc en réponse à l’appel des Nations Unies à la coopération entre les parties et les pays de la région afin de sortir de l’impasse et de trouver une solution politique à la question du Sahara.

Elle s’inscrit également dans le cadre de la construction d’une société démocratique moderne, fondée sur les principes de l’État de droit, les libertés individuelles et collectives et le respect des droits économiques et sociaux.

L’Initiative permettra à tous les Sahraouis de gérer, sans discrimination, ni exclusion, démocratiquement leurs propres affaires, par le biais d’organes législatifs, exécutifs et judiciaires.

Le système d’autonomie proposé permettra également aux habitants des provinces du Sud de disposer de ressources financières nécessaires pour le développement de leur région.

En outre, il favorise le développement économique, social et culturel à travers le budget et le système fiscal de la région autonome, que ce soit par le biais des impôts locaux, des redevances et des contributions, ou des revenus tirés des ressources naturelles de la région.

A cela s’ajoutent des ressources qui lui sont allouées au titre de la solidarité nationale. L’État conserve ses compétences dans les domaines de souveraineté tels que la défense, les relations extérieures et les compétences constitutionnelles et religieuses de Sa Majesté le Roi, Amir Al Mouminine.

Par ailleurs, une amnistie générale bénéficiera à tous avec l’exclusion de toute poursuite, arrestation, détention, emprisonnement ou toute forme d’intimidation fondée sur les faits couverts par cette amnistie.

Il est proposé également de créer un conseil transitoire composé des représentants de toutes les parties pour assurer la gestion du rapatriement des habitants des camps, le désarmement, la démobilisation et la réintégration des éléments armés en dehors du territoire de la région.

Adhésion massive de la communauté internationale

La proposition marocaine de ce plan d’autonomie a reçu un soutien très important de la part de la communauté internationale.

Ce soutien n’est pas le fruit du hasard, mais s’explique par la teneur même du texte de cette proposition.

En effet, une lecture attentive de la lettre de présentation du plan d’autonomie par l’ambassadeur du Maroc auprès des Nations unies, et en particulier du texte du plan d’autonomie, permet de constater le sérieux, le réalisme et la crédibilité qui caractérisent cette initiative. Le texte est écrit dans un langage clair et transparent, sans aucune ambiguïté.

Le contenu du texte présenté se distingue également par sa cohérence avec la volonté de la communauté internationale de trouver une solution politique à la question du Sahara.

C’est pourquoi, les soutiens ont fusé de toutes parts ainsi que les retraits de reconnaissance de la RASD. Les chiffres, en 2024, sont parlants.

En effet, en 2024, plus d’une centaine d’États ont affirmé leur soutien à une souveraineté marocaine sur le Sahara occidental présenté par le royaume du Maroc en 2007.

Parmi eux, on compte plus d’une vingtaine de pays africains, notamment de l’Afrique de l’Ouest : Bénin, Burkina Faso, Niger, Côte d’Ivoire, Gambie, Guinée, Libéria, Sénégal, Sierra Leone, et Togo.

A ce jour, 29 pays dont 23 africains ont ouvert un consulat général à Laâyoune ou à Dakhla, marquant ainsi leur reconnaissance de l’autorité du Maroc au Sahara occidental. On note, entre autres : Burkina Faso, Côte d’Ivoire, Gambie, Guinée, Guinée Bissau, Libéria, Sénégal, Sierra Leone et Togo.

Dans le lot, on dénombre également des Organisations internationales qui reconnaissent le Sahara occidental comme partie intégrante du Maroc.

On peut citer : la Ligue arabe qui adopte la carte intégrant le Sahara occidental comme partie intégrante du Maroc ; le Conseil de coopération du Golfe qui a, à plusieurs occasions, exprimé son soutien à la position marocaine ; et l’Organisation des États de la Caraïbe orientale qui a décidé d’ouvrir une représentation diplomatique à Dakhla actant son soutien à la position marocaine.

Le Mali attendu sur la liste

Le Mali est désormais (de façon imminente ?) attendu sur la longue liste des États soutenant le plan d’autonomie du Sahara occidental au sein du Maroc, et le retrait de la reconnaissance de la RASD.

De l’avis de tous les analystes politiques, la reconnaissance de la RASD et la réticence du Mali au soutien au plan marocain d’autonomie étaient dues aux relations historiques et de voisinage avec l’Algérie. Maintenant que la brouille est actée entre les deux pays, l’on imagine imminente la prise d’une double décision forte de la part des autorités de la Transition, à savoir le retrait de la reconnaissance de la RASD et la reconnaissance de la marocanité du Sahara occidental.

D’un autre côté, les rapports de coopération et de collaboration entre le Mali et le Maroc sont au beau fixe et montent en flèche au fil des ans.
Le Maroc, un bon allié !

Aucune occasion n’est ratée par les autorités des deux pays pour magnifier l’axe Bamako-Rabat. Pas plus tard que le 30 juillet 2024, fête du Trône, le chef de la diplomatie malienne, Abdoulaye Diop, et l’Ambassadeur de Sa Majesté le roi au Mali, Driss Isbayène, l’ont rappelé tour à tour lors du dîner offert à cet effet à la résidence de l’Ambassadeur.

Le premier dira que les Peuples malien et marocain, liés par la fraternité, l’histoire, le voisinage partagent une vision commune sur de nombreux sujets géostratégiques.

“Au-delà des liens économiques et commerciaux, déjà forts entre le Mali et le Maroc, ce commerce a permis un brassage des cultures et des populations que nous sommes heureux de voir se poursuivre et se raffermir avec le temps.

Je suis particulièrement heureux, Monsieur l’Ambassadeur, de noter que l’impulsion politique au plus haut niveau de nos États respectifs a non seulement consolidé ces liens, mais a ouvert la voie à leur renforcement et à leur diversification pour couvrir désormais des pans entiers de la vie économique, financière, sociale, culturelle, artistique et religieuse de nos pays.

Comment ne pas évoquer l’Initiative internationale de Sa Majesté Mohammed VI, Roi du Maroc, pour favoriser l’accès des États du Sahel à l’Océan Atlantique ?

Ce projet structurant et intégrateur est la manifestation, sans aucune équivoque, de la solidarité agissante d’un pays frère et ami, qui a choisi, au moment où la région du Sahel traverse une crise sécuritaire, d’apporter un soutien précieux qui contribuera non seulement à ouvrir de nouvelles perspectives commerciales aux pays du Sahel, mais qui nous permettra également d’offrir des opportunités d’emploi, de revenu et donc de stabilité à notre jeunesse… “, avait fièrement discouru Diop.

L’Ambassadeur du Maroc avait parlé de liens qui unissent les deux grandes nations et civilisations ancestrales, empreints d’histoire, de solidarité et d’une profonde amitié qui transcende les frontières géographiques.

Ces relations privilégiées sont basées sur le respect mutuel et le respect de la souveraineté nationale, sur le partenariat gagnant-gagnant et sur des valeurs communes de solidarité, de collaboration fructueuse multisectorielle.

Ces liens se sont renforcés depuis les deux dernières Visites Royales en 2013 et 2014, avec la signature de 17 accords bilatéraux et le lancement de deux projets : la Clinique périnatale (ouverte depuis deux ans) et le Centre de formation professionnelle, hôtelier et BTP de Sébénicoro, à Bamako.

Aujourd’hui, on peut recenser plus de 100 accords bilatéraux signés, depuis 1960, reflétant un partenariat bilatéral évolutif et multidimensionnel.

Ces accords touchent tous les domaines de coopération, tels que l’éducation et la formation, les banques, les télécommunications, le transport aérien, et la cimenterie.

En plus, le Maroc a toujours été aux côtés du Mali dans les moments difficiles apportant son soutien et sa solidarité lors des crises et défis auxquels le pays a dû faire face, avec un respect total des fondamentaux de la politique étrangère du Mali.

Au vu de ce qui précède, le Maroc mériterait de son partenaire malien un acte politique de reconnaissance de la marocanité de son Sahara occidental.

Algérie : la fin d’une ère ?

Mieux, une nouvelle donne de la géopolitique régionale vient renforcer cette évidence, à savoir le pourrissement des relations entre le Mali et son voisin nordiste l’Algérie. Si ce n’est la fin (définitive) d’une ère, le désamour entre les deux pays est tel qu’un retour à l’ordre normal est quasiment inenvisageable.

D’autant plus que l’Algérie ne pourra jamais respecter les 3 principes qui sous-tendent l’action publique du Mali, à savoir, le respect de la souveraineté du Mali, le respect de ses choix stratégiques et des choix des partenaires ainsi que la défense des intérêts du peuple malien dans toutes les décisions.

Or, le président de la Transition, chef de l’Etat du Mali, le général d’armée Assimi Goïta ne badine pas avec ces principes édictés par lui-même.

Au-delà, c’est déjà quasiment la rupture consommée entre les deux pays à cause de l’ingérence de l’Algérie dans les affaires intérieures du Mali et sa collaboration avec les terroristes et les compatriotes ennemis du Mali. 

A cause de ces multiples tensions et par réciprocité, chacun des deux pays avait convoqué l’Ambassadeur de l’autre pour explication. Quid de l’Accord d’Alger pour la paix et la réconciliation nationale manipulé à leur souhait l’Algérie et la France, complices des terroristes qui endeuillent le Mali.

D’où la suppression pure et simple de cet accord par les autorités maliennes.  Quand on y ajoute le cas de Tinzaouatène, on conclut aisément que l’Algérie est devenu un ennemi déclaré et à visage découvert du Mali. Aujourd’hui, Maliens et Algériens, au sommet, se regardent en chiens de faïence.

Un motif suffisant pour se démarquer définitivement de ce colis encombrant, un ennemi commun au Mali et au Maroc. Désormais, délié d’un joug historique, la reconnaissance de la marocanité du Sahara occidental ne devrait être qu’une question…au règlement imminent.  

El Hadj A.B. HAIDARA

Source : Aujourd’hui-Mali

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