La Cour pénale internationale a officiellement lancé ce jeudi 21 novembre deux mandats d’arrêts contre le Premier ministre israélien et son ex-ministre de la Défense, pour «crimes contre l’humanité et crimes de guerre», ainsi que contre le chef de la branche armée du Hamas.
En résumé :.
La Cour pénale internationale (CPI) a annoncé ce jeudi lancer des mandats d’arrêt contre le Premier ministre Benyamin Nétanyahou et son ex-ministre de la Défense Yoav Gallant, pour «crimes contre l’humanité et crimes de guerre» dans le cadre de la guerre à Gaza. Le leader du Hamas – présumé mort -, Mohammed Deif, est aussi ciblé par la CPI.
En réaction à la décision de la CPI, Benyamin Nétanyahou a comparé ces mandats d’arrêt à un nouveau «procès Dreyfus» et a jugé la Cour «antisémite».
Dans la bande de Gaza, des frappes israéliennes ont fait des dizaines de morts et disparus ces dernières heures, en particulier dans le nord de l’enclave.
L’émissaire spécial du président américain, Amos Hochstein, doit rencontrer ce jeudi en Israël Benyamin Nétanyahou pour discuter d’un éventuel cessez-le-feu au Liban.
Justin Trudeau déclare que Nétanyahou sera arrêté s’il vient au Canada. Le Premier ministre canadien laisse entendre ce jeudi que son gouvernement arrêterait son homologue israélien, Benyamin Nétanyahou, s’il venait à venir au Canada, conformément au mandat lancé par la Cour pénale internationale. «Le Canada est un des fondateurs de nos systèmes de droit international et on suivra toujours les décisions et les règlements de ces instances», a-t-il déclaré lors d’une conférence de presse à Toronto. Devant les journalistes, Justin Trudeau a réitéré l’importance du respect du droit international, son appel à un cessez-le-feu à Gaza et au Liban et à trouver une voie vers la solution à deux États «avec un État palestinien paisible et sécurisé à côté d’un État israélien paisible et sécurisé».
A Gaza, Israël entre aide humanitaire privatisée et colonisation qui ne dit pas son nom.
Après plus d’un an de guerre, l’Etat hébreu a mis en place toutes les conditions pour que l’enclave palestinienne dévastée reste sous son contrôle. Un état de fait qui pourrait se révéler propice à la recolonisation voulue par l’extrême droite.
Aucune décision de la CPI «ne m’empêchera de défendre» Israël, dit Nétanyahou.
Le Premier ministre israélien Benjamin Nétanyahou, visé désormais par un mandat d’arrêt de la Cour Pénale internationale, a déclaré ce jeudi soir qu’aucune décision extérieure ne l’empêcherait «de continuer à défendre» son pays «de quelque manière que ce soit». «Aucune décision anti-israélienne scandaleuse ne nous empêchera – et particulièrement pas moi – de continuer à défendre notre pays de quelque manière que ce soit», a-t-il déclaré dans un message vidéo adressé à ses concitoyens. «Nous ne céderons pas à la pression», a-t-il ajouté alors que son pays fait face à de nombreuses critiques internationales sur la façon dont il mène la guerre dans la bande de Gaza, en proie à une situation humanitaire catastrophique.
Le ministre italien des affaires étrangères soutient le mandat de la CPI.
«Nous soutenons la CPI, tout en rappelant que la cour doit avoir un rôle juridique et non un rôle politique», a déclaré ce jeudi le ministre italien des affaires étrangères Antonio Tajani. «Nous évaluerons avec nos alliés la manière de réagir et d’interpréter cette décision», a-t-il poursuivi. Peu après, le ministre de la Défense Guido Crosetto a expliqué à la télévision italienne que la CPI avait «tort» mais que si Nétanyahou et son ancien ministre de la Défense Yoav Gallant «étaient amenés à se rendre en Italie, nous serions dans l’obligation de les arrêter», en vertu du droit international.
Le procureur de la CPI appelle tous les Etats parties à «se conformer» aux mandats d’arrêt.
Karim Khan, procureur de la Cour pénale internationale, appelle les Etats à respecter les trois mandats d’arrêt émis ce jeudi contre Nétanyahou, son ancien ministre de la Défense et le leader du Hamas. «Je lance un appel à tous les États parties pour qu’ils respectent leur engagement à l’égard du Statut de Rome en respectant et en se conformant à ces ordonnances judiciaires», a-t-il déclaré dans un communiqué.
La Turquie salue à son tour la décision de la CPI contre les responsables israéliens.
Pour Ankara, les mandats d’arrêts contre Benyamin Nétanyahou et Yoav Gallant sont une étape «extrêmement importante». Elle permettra «de traduire en justice les responsables israéliens qui ont commis un génocide contre les Palestiniens», souligne Hakan Fidan, ministre turc des Affaires étrangères.
Des frappes israéliennes ont tué ce jeudi des dizaines de personnes à Gaza, 22 dans l’est du Liban.
Tandis que les réactions fusent après l’annonce de la décision de la CPI, les bombes tombent toujours à Gaza et au Liban. Des tirs dans la bande de Gaza ont tué des dizaines de personnes ce jeudi, selon la Défense civile. Dans la vallée libanaise de la Békaa, dans l’est du pays, le ministère de la Santé rapporté d’autres tirs israéliens. Ils ont causé 22 morts. Dans le même temps, le Hezbollah dit avoir mené sept attaques contre des soldats d’Israël vers la frontière.
L’Autorité palestinienne reçoit les mandats d’arrêts contre les responsables israéliens comme «un signe d’espoir».
«L’Etat de Palestine salue la décision de la CPI», rapporte l’agence de presse nationale Wafa. Un «signe d’espoir et de confiance dans le droit international et ses institutions», pour l’Autorité palestinienne. Elle ne fait ici référence qu’aux mandats contre Nétanyahou et son ancien ministre. Et ne fait aucune mention à celui contre Mohammed Deif, chef de la branche armée du Hamas.
L’ex-ministre israélien visé par un arrêt de la CPI dénonce un «dangereux précédent».
Yoav Gallant s’est exprimé depuis son compte X, après l’annonce de la décision de la Cour pénale internationale du mandat d’arrêt à son encontre. Arguments similaires à ceux de Nétanyahou, même si l’ancien ministre de la Défense, limogé en novembre, ne va pas jusqu’aux accusations d’antisémitisme. Ainsi considère-t-il que cette décision «crée un dangereux précédent contre le droit à se défendre soi-même et à mener une guerre morale, et elle encourage le terrorisme meurtrier».
«La voix des victimes est entendue», salue une représentante de familles israéliennes.
Pour les familles des 300 victimes de l’attaque du 7 octobre, la décision de la CPI contre le chef de la branche armée du Hamas, Mohammed Deif, est une reconnaissance bienvenue de leur souffrance. «Ce mandat d’arrêt […] est extrêmement important. Cela signifie que la voix de ces victimes est entendue», a déclaré Yael Vias Gvirsman, représentante de ces familles. À noter que Yael Vias Gvirsman est également une avocate qui représente des victimes à la CPI. Concernant les mandats visant les deux responsables israéliens, elle reconnaît que les sentiments de ses clients sont plus «mitigés». «Il y a un certain choc […] la meilleure chose à faire est de faire face à la réalité.»
«Nétanyahou est officiellement un homme recherché», insiste Amnesty International.
Après les trois mandats émis par la CPI contre les dirigeants israéliens et du Hamas, l’ONG enjoint les Etats membres de la juridiction à «tout faire» pour que «ces individus comparaissent devant les juges indépendants et impartiaux de la CPI». «Nétanyahou est officiellement un homme recherché», souligne la secrétaire générale d’Amnesty international.
Les mandats d’arrêts de la CPI «ignorent le droit légitime d’Israël à se défendre» s’indigne le président argentin.
L’Argentine alignée sur la position américaine, contre la décision de la Cour pénale internationale. Dans un communiqué, le président Javier Milei estime que ces mandats d’arrêts contre Benyamin Nétanyahou et son ancien ministre «ignorent le droit légitime d’Israël à se défendre face aux attaques constantes d’organisations terroristes […] Criminaliser la défense légitime d’une nation tout en omettant ces atrocités est un acte qui fausse l’esprit de la justice internationale.»
Washington «rejette catégoriquement» les mandats d’arrêts contre les responsables israéliens.
Outre-Atlantique, la décision de la CPI à l’encontre de son allié israélien ne passe pas. «Les Etats-Unis rejettent catégoriquement la décision de la Cour (pénale internationale) d’émettre des mandats d’arrêt contre de hauts responsables israéliens», a réagi un porte-parole du Conseil de sécurité national de la Maison Blanche. Pour Washington, la juridiction internationale chargée de juger les personnes accusées notamment de crimes de guerre «n’est pas compétente juridiquement dans cette affaire. Nous restons profondément préoccupés par l’empressement du procureur à réclamer des mandats d’arrêt et par les erreurs troublantes dans le processus qui a mené à cette décision.»
Pour l’UE, les mandats d’arrêts de la CPI doivent être appliqués.
La position de la diplomatie européenne est on ne peut plus claire sur les trois mandats émis par la juridiction chargée de juger les crimes de guerre. «La décision de la cour doit être respectée et appliquée», a déclaré Josep Borell, chef de la diplomatie européenne, en conférence de presse. «Ce n’est pas une décision politique, a-t-il balayé, alors que le Premier ministre israélien s’insurge contre une décision qu’il qualifie d’antisémite, jusqu’à en appeler à l’Affaire Dreyfus. «C’est une décision d’une cour, d’une cour de justice, d’une cour de justice internationale», a encore insisté le diplomate européen.
L’Irlande respecte le rôle de la Cour Pénale Internationale, assure son Premier ministre.
Les charges de la CPI «ne pourraient pas être plus sérieuses», reconnaît le chef du gouvernement irlandais, Simon Harris. Il qualifie l’émission de ces mandats d’arrêts d’«étape extrêmement importante». Son pays respecte le rôle de la Cour, insiste encore le Premier ministre, qui appelle toute personne en mesure de l’aider à accomplir son travail à le faire «de toute urgence».
Pour Human Rights Watch, la décision de la CPI rappelle que ces dirigeants ne sont pas «hors d’atteinte de la loi».
La principale ONG de défense des droits de l’homme soutient l’émission des trois mandats d’arrêts émis par la Cour pénale internationale. Ils «rompent avec l’idée selon laquelle certains individus sont hors d’atteinte de la loi», souligne Balkees Jarrah, directrice adjointe de la division justice internationale à Human Rights Watch. Elle rappelle les «tentatives flagrantes d’entraver le travail de la Cour» et insiste sur l’importance de lui permettre de «remplir efficacement son mandat», ce qui «dépendra de la volonté des gouvernements à soutenir la justice.»
Pour Marine Tondelier, «stopper l’horreur exige aussi une action diplomatique forte».
Au tour de la cheffe des écolos de saluer la décision de la CPI de lancer des mandats d’arrêts contre le chef du gouvernement israélien et le leader du Hamas. «Stopper l’horreur exige aussi une action diplomatique forte, défend Marine Tondelier sur Blue Sky. À Gaza comme ailleurs, la justice internationale doit s’exercer contre l’impunité.»
Embarras au Quai d’Orsay.
Une question «juridiquement complexe». Interrogé sur les trois mandats d’arrêts émis par la Cour pénale internationale, en particulier à l’encontre du dirigeant israélien, le porte-parole du ministère des Affaires étrangères s’est montré peu loquace. Tout en rappelant que la France se conformera aux statuts de la Cour, Christophe Lemoine a refusé de dire si la France arrêterait Benyamin Nétanyahou s’il se rendait sur le sol français. «C’est un point qui est juridiquement complexe, donc je ne vais pas le commenter aujourd’hui», a-t-il éludé.
Le Hamas salue une «étape importante vers la justice».
Le mouvement islamiste affiche sa satisfaction après l’émission par Cour pénale internationale de mandats d’arrêt contre le Premier ministre israélien, Benjamin Nétanyahou, et son ex-ministre de la Défense, Yoav Gallant. «Il s’agit d’une étape importante vers la justice, qui peut permettre aux victimes d’obtenir réparation, mais elle reste modeste et symbolique si elle n’est pas pleinement soutenue par tous les pays du monde», souligne Bassem Naïm, membre du bureau politique du Hamas. Il n’a pas mentionné par l’autre mandat d’arrêt annoncé par la CPI, cette fois contre Mohammed Deif, le chef de la branche armée du mouvement palestinien.
Le soutien d’un proche de Donald Trump à Nétanyahou.
Mike Waltz, récemment nommé au poste clé de conseiller à la sécurité nationale par le président élu des Etats-Unis, a publié un message sur X (ex-Twitter) en défense au chef du gouvernement de l’Etat hébreu. «La CPI n’a aucune crédibilité et ces allégations ont été réfutées par le gouvernement américain», a-t-il dénoncé. L’élu de Floride, présenté par Trump comme «expert des menaces posées par la Chine, la Russie, l’Iran et le terrorisme mondial», a également pris pour cible la justice internationale : «Israël a défendu son peuple et ses frontières en toute légalité contre les terroristes génocidaires. Attendez-vous à une réponse ferme au parti pris antisémite de la CPI et de l’ONU en janvier».
Benyamin Nétanyahou s’en prend à la CPI.
Face aux mandats d’arrêts lancés par la Cour pénale internationale, le Premier ministre israélien a violemment contre-attaqué ce jeudi en début d’après-midi. «Israël rejette avec dégoût les actions absurdes et mensongères lancées contre lui par la CPI», a déclaré son bureau dans un communiqué, jugeant ces décisions «antisémites», ajoutant que l’Etat hébreu ne «céderait pas à la pression» pour défendre ses citoyens.
Source : Libération