Le Président de l’Autorité de protection des données à caractère personnel (APDP), Pr Mamoudou Samassékou et le Président de la Haute Autorité de la Communication (HAC), Gaoussou Coulibaly ont co-présidé une session d’information et de sensibilisation des organes de presse, sur le thème : « les médias et la protection des données à caractère personnels »…
C’était jeudi 7 novembre 2024, à l’hôtel Millenium, en présence du Président de la Maison de la presse, Bandiougou Danté, le Président de l’Association des Professionnels de la presse en ligne, Modibo Fofana; des Commissaires et cadres de l’APDP; ainsi que plusieurs hommes de medias.
Au cours de son allocution, le Président de l’Autorité de Protection des Données à caractère Personnel (APDP), Pr Mamoudou Samassékou a rappelé que l’avènement du numérique a plongé le monde dans une spirale de collecte frénétique et illégale d’informations nominatives, utilisées à des fins aussi obscures que stratégiques. Aucune branche d’activité n’y échappe malheureusement, tant sont alléchants les profits et énormes les enjeux. Selon lui, plusieurs millions d’individus à travers le monde pâtissent de ces violations sans cesse croissantes, sous l’œil complice des multinationales et des entreprises de crimes.
« Aujourd’hui, la protection des données personnelles est un enjeu crucial dans notre société connectée. Les médias jouent un rôle fondamental en matière d’information et de liberté d’expression, mais également de responsabilité dans le respect des droits individuels et de la vie privée des concitoyens », a-t-il annoncé. Et d’ajouter qu’à l’ère des nouvelles technologies où chaque information peut être diffusée en un moment à des milliers de personnes, la frontière entre le droit à l’information et le respect de la vie privée est parfois tenue.
En effet, il a souligné que les dérives peuvent rapidement surgir, mettant en péril les libertés individuelles, la dignité des individus et le fondement même de la confiance dans les médias. Les réseaux sociaux, les sites d’actualité et les plateformes numériques offrent un accès immédiat et quasi illimité à l’information.
Cependant, cette même accessibilité comporte des risques, Car une simple information, mal vérifiée ou sortie de son contexte, peut être amplifiée au point de nuire profondément à la réputation d’une personne ou à la Confidentialité de sa vie privée», a déploré le président de l’APDP.
A cet effet, il ajoutera que les médias, en tant qu’acteurs influents, ont une responsabilité importante. En exposant publiquement des éléments de la vie privée, même involontairement, peuvent mettre en péril non seulement la sécurité des individus, mais également leur liberté de s’exprimer ou de se mouvoir sans crainte d’être surveillés ou jugés.
Aussi, ils doivent s’engager à respecter les principes de transparence, de proportionnalité, et nécessiter. C’est pourquoi, le président de l’APDP dira que son service est conscient que les ganes de presse et les journalistes doivent bénéficier de formations adaptées et des outils vérification et de protection des données doivent être intégrés dans leurs pratiques professionnelles.
Enfin, il a assuré que sa structure sera toujours aux côtés des citoyens pour ensemble bâtir une société numérique qui respecte les libertés indivíduelles et la dignité humaine. Pour sa part, le Président de la Haute Autorité de la Communication (HAC) a invité les participants au respect de l’éthique et de la déontologie, qui régit la corporation.
Il a rappelé une disposition de la constituon malienne qui consacre la sacralité de la personne humaine. A l’en croire, la presse doit être manipulée avec délicatesse, surtout concernant le domaine de la vie privée, les données personnelles ont des règles de gestion. A un certain niveau, il faut que ça soit une ordonnance de justice pour pouvoir accéder à certains documents pour les mettre à la disposition du public», a révélé le Président de la HAC.
Aussi, il dira que sa structure a l’obligation dans son texte de suivre au niveau des médias, la protection de la femme, de l’enfant, des personnes âgées et en situation de handicap physique. «Cette journée de sensibilisation sur la vie privé nous intéresse, parce qu’au-delà d’amener les journalistes à connaître leur limite en matière de livraison de l’information, elle permet également de prendre conscience des risques qui peuvent découler de leurs productions», a conclu le pPrédident Coulibaly.
Au cours de sa présentation, le Sécrétaire général de l’APDP, M. Harounà Keita a mis en lumière l’importance de cette sensibilisation. Il a précisé que les données personnelles comprennent toutes les informations permettant d’identifier directement ou indirectement.
Toutefois, il a détaillé les principales règles à respecter, à savoir: agir dans la transparence; limiter le traitement des données dans le temps; obtenir le consentement de la personne concernée; respecter les droits des individus; assurer la sécurité des données traitées.
Pour lui, seuls les journalistes professionnels peuvent, dans le cadre de leurs publications, utiliser des données personnelles sans consentement, en bénéficiant de dérogations prévues par la loi. Cette exception ne s’applique pas aux journalistes amateurs, web TV et blogueurs, qui sont tenus de respecter strictement les règles de protection des données.
Pour clore sa communication, il a plaidé pour une adaptation de la loi régissant la presse aux évolutions des nouvelles technologies de l’information et de la communication (NTIC), et de souligner l’urgence d’un cadre légal qui intègre les réalités numériques tout en protégeant les droits fondamentaux des citoyens.
Aissetou Cissé
ÉchosMédias