0 0
Read Time:6 Minute, 29 Second

La direction de la Pharmacie et du Médicament (DPM) a émis une note d’information le 8 octobre dernier, dans laquelle elle prévient sur les dangers de certains produits aphrodisiaques désignés ‘’naturels’’. D’où sa décision d’interdire de les importer, de vendre ou de consommer. Ces produits sont au nombre de 14 dont la plupart sont connus et prisés au marché local. Ainsi, cette  décision a été bien accueillie par l’Ordre des Pharmaciens du Mali que par les médecins,  eu égard à leurs méfaits sur la santé…

Sous nos tropiques, la virilité était devenue synonyme de la consommation des produits aphrodisiaques par les hommes, jeunes comme vieux. Ce faisant, le commerce le plus prolifique autant dans les marchés que sur les réseaux sociaux était relatif à celui des produits aphrodisiaques dits « naturels ». Rien qu’à lire leurs dénominations sur des étiquettes soigneusement illustrés par des images obscènes l’on pouvait déduire la publicité mensongère qui les caractérisait. Au Mali, la Direction de la Pharmacie et du Médicament (DPM) a désormais pris le taureau par les cornes en interdisant 14 de ces produits aphrodisiaques dits « naturels ». A savoir : KTM (Moringa The Menthe)=Kabako The Moringa, boite de 100 ; Vitamax -(E1) Double Shot (Energy honey) 20g x  10 sachets ; Vitatamax-(E2) Double Shot (energy coffee) 20g x10 sachets boite de 20g ; 7ème Ciel pot de 200g ; Vitamax-(E4) Double Shot/ energy honey Women’s ; Le Roi- Jus Chaima en bouteille de 33 CI ; La Paix Congnon-Mousso Yako ; ATTOTE Original ; 4 Air Cola Excellent-homme bouteille de 100 ml ; Cyclone- pour homme 15 mn chrono bouteille de 35 CI ; Vitamax-(E3) Double Shot energy coffee women’s-boite de 20g ; Bio Herbs Royal king Honey-Sachet de 30g ; Tcheya Daga (N’Teda, fini les Angoisses-Fourou Soutoura, bouteille de 250 ml et Waraba Kolé Séré (100% Naturel, Médicament Original, Boisson ATTOTE Mixte).



Des produits naturels qui contiennent des substances chimiques

En effet, la DPM dans sa note d’information atteste que le Laboratoire national de la Santé (LNS), dans le cadre de la protection de la santé des populations, a procédé à des investigations sur des échantillons de produits étiquetés ‘’Aphrodisiaques 100% naturels’’ en vente libre sur le marché. A cet effet, les résultats ont mis en évidence la présence de ‘’Sildénafil et de Tadalafil’’ dans les échantillons analysés, puis, que l’ajout de ces principes actifs dans les produits étiquetés 100% naturels constitue une adultération. Toujours dans cette annonce, la DPM a rappelé que la ‘’Sildénafil et le Tadalafil’’ sont des substances qui ne doivent être délivrés que sur prescription médicale dans le traitement des troubles de dysfonctionnement érectile. Qu’elles peuvent être à l’origine d’effets secondaires de types cardiovasculaires tels que les Accidents Vasculaires Cérébraux (AVC), les infarctus du myocarde notamment chez les patients hypertendus.

«De ce qui précède, la DPM invite la population à s’abstenir d’importer, de vente ou de consommer ces produits adultérés. Elle invite les détenteurs de stock à procéder au retrait desdits produits en vue de leur destruction »  souligne cet avis.

La méconnaissance des revendeurs sur le danger de leurs produits vendus et son interdiction par les autorités compétentes

Suite à cette décision de la DPM, on a été à la rencontre des revendeurs de ces produits aphrodisiaques. La plupart d’entre eux affirment de ne pas être au courant des dangers desdits produits à la santé et son interdiction désormais au Mali. Selon Aly Tangara, vendeur de ces produits depuis plus de 20 ans : « Si l’Etat a pris la décision de les proscrire du marché, on ne peut que se conformer à cela car on est derrière nos autorités ».

Pour Hamady Ballo, vendeur de ces médicaments, ces produits viennent de la Côte d’Ivoire et d’autres pays. A ses dires, il n’a jamais reçu de plainte d’un de ses clients suite à la consommation de ces médicaments. De notre passage, il a manifesté également de cesser la vente de ces  produits après cette décision de la DPM. « Je n’étais au courant de rien. Nous ne sommes pas là pour rendre malade nos clients, au contraire… » rassure-t-il. Abondant dans le même sens, Samba Traoré qui a fait de son métier le commerce de ces produits, a signifié y mettre terme pour ne pas aller à l’encontre de la décision de son pays. « Mon objectif n’est pas d’amener mes clients à contracter certaines maladies conduisant à l’AVC et autres. Je ne savais pas cette décision de nos Autorités. Donc, je ne vais plus vendre ces produits aphrodisiaques » a exprimé M. Traoré.

Une bonne et noble décision selon les médecins et les pharmaciens

Selon Dr Sissoko Idrissa, Urologue au CHU de Kati c’est avec beaucoup de soulagement qu’ils accueillent cette note de la DPM dans la mesure où plusieurs produits à large consommation par le public sont considérés à tort comme des produits naturels. « Nous sommes heureux que le Laboratoire national puisse détecter des substances réservés à la prescription médicale. En effet, les substances mises en causes, à l’occurrence la ‘’Sildenafil’’ et le ‘’Tadalafil’’ sont des inhibiteurs de la phosphodiesterase de type 5, qui intervient dans le mécanisme de l’érection » a détaillé Dr Sissoko. Avant de préciser que cela n’est pas sans conséquence notamment avec des effets cardio-vasculaires et que ces médicaments doivent être uniquement prescrits par les Médecins. Que généralement pour la prescription, une analyse approfondie est faite singulièrement sur le plan cardiaque puisque les effets sont surtout cardiaques par la survenue d’événements cardio-vasculaires (Arrêt cardiaque, AVC,…). « Chez certains patients, on interdit carrément la prescription de ces médicaments » a-t-il prévenu.

A ses dires, il existe beaucoup de substances aphrodisiaques naturelles sans qu’il y ait un mélange avec des produits chimiques. Cependant, il précise que l’utilisation occasionnelle de substance aphrodisiaque n’a pas de problème en soit en dehors des contre-indications, par contre que c’est la prise répétée qui crée l’accoutumance qui jouera un effet néfaste sur la santé sexuelle. « Nous appelons à la vigilance des organismes de régulations (DPM) et de la population contre la prolifération de ces produits qui se vendent même sur les réseaux sociaux » a sollicité l’urologue.

Aliou Maïga, laborantin et co-gérant de la Pharmacie du 26 Mars a jugé bonne et responsable cette décision de la DPM d’autant plus que beaucoup de personnes mettent leur vie en danger en prenant des produits dont ils ignorent la composition. Il soutient que ces produits ne sont pas prescrits par des spécialistes et qui sont d’ailleurs déconseillés.

Quant au Président de l’Ordre des Pharmaciens du Mali, Dr Alou Badra Wade, il a exprimé son soutien à la prise de cette décision qui atteste que ces produits contenant des matières chimiques  ont des conséquences néfastes pour certaines catégories de personnes.

Ainsi, que l’Ordre des Pharmaciens va s’impliquer pour la mise en œuvre de la décision vu qu’ils sont déjà en train de mettre en place une politique pour le retrait de ces médicaments de la circulation pour l’intérêt et pour la sauvegarde de la santé des populations. Comme message, il a signalé que ce soit les médicaments ou les aliments, qu’il faut tous les mettre au contrôle de qualité… « L’Ordre des Pharmaciens prévient toute la population de faire attention à ces produits, de ne pas les utiliser…» a émis comme message Dr Wade.

Comme dit l’adage : « Un Homme avertit, en vaut deux ». De ce fait, la balle est dans le camp des utilisateurs de ces produits pour sauvegarder leur bien-être au lieu de détériorer leur santé pour quelques minutes de plaisir en galop de cheval.

Mariam Sissoko

Source : Le Sursaut

Happy
Happy
0 %
Sad
Sad
0 %
Excited
Excited
0 %
Sleepy
Sleepy
0 %
Angry
Angry
0 %
Surprise
Surprise
0 %
Previous post Secteur numérique malien : la politique nationale pour le développement de l’économie numérique validée
Next post Koulouba/Le Président de la Transition reçoit le nouvel Archevêque de Bamako pour une rencontre de prise de contact