Une cérémonie officielle de remise des attributs a sanctionné, lundi dernier au palais présidentiel de Koulouba, la mutation des colonels en généraux. Un air de fin de mission pour certains, qui pourrait aussi annoncer une intrusion dans l’arène politique aux fins de conquérir autrement le fauteuil présidentiel…
L’événement du Palais de Koulouba était riche en couleurs pour cette gradation du leader de la Transition ainsi que de ses autres compagnons tombeurs du régime d’IBK. Il est revenu au porte-étendard de la Transition de recevoir en premier ses galons de Général d’armées des mains du grand chancelier. Le nouveau gradé procédera à son tour au même exercice à l’endroit de ses frères d’armes parmi les Modibo Koné, le patron de la sécurité d’Etat que les rumeurs donnaient grand absent de la cérémonie.
En accédant au grade de général de corps d’armée, les 4 autres colonels de 2020 ont drainé dans leur sillage le gendarme Abdoulaye Maïga, porte-parole du gouvernement, désormais général de division, tandis qu’Assimi GOÏTA devient le 3è officier à porter les 5 étoiles après les anciens présidents Moussa Traoré et Amadou Toumani Touré.
Dans ce contexte de conjoncture et d’une éventuelle course à la présidentielle annoncée pour avril 2025, le locataire de Koulouba est peut-être bien parti pour rempiler, au gré des indications du Dialogue Inter-Maliens qui ont présidé à sa consécration militaire. Ce sont lesdites assises, en effet, qui avaient recommandé l’accession des acteurs du CNSP au grade de Général. Or les mêmes assises avaient également recommandé qu’une candidature d’Assimi GOÏTA soit suscitée sans que l’intéressé soit obligé de se démettre de ses fonctions actuelles comme l’exigent les textes en vigueur. Autrement dit, l’avancement en gradé et l’ambition politique du président de la Transition appartiennent à la même matrice et rien ne justifie l’effectivité de l’un sans l’autre, d’autant que le bénéficiaire du jackpot du DNIM n’a jamais fait mystère de son intention d’en appliquer les recommandations et résolutions.
Nul ne devra être surpris, par conséquent, par une officialisation de la candidature du tout nouveau Général d’Armées, conformément aux résolutions du Dialogue Inter-Maliens, un cadre vraisemblablement hissé au rang de norme juridique à coups de détournement de sa vocation et de ses objectifs initiaux.
Tout bien considéré, l’étape de la gradation des anciens colonels n’est qu’une fenêtre d’accès au dessein sibyllin de faire porter les ambitions politiques par des assises dédiées officiellement à la paix et à la réconciliation entre Maliens.
Sauf que la vague de désapprobations suscitée par le passage spectaculaire de colonel à général prouve à suffisance que le Dialogue Inter-Malien ne jouissait point de la légitimité dont il a abusé pour s’autoriser pareilles d’arrogances, pas plus que les autorités de transition ne jouissent aujourd’hui de la sympathie leur permettant d’abuser de l’indifférence populaire.
I KEÏTA
Source : Le Témoin