L’afflux de migrants, fuyant notamment l’insécurité au Sahel, « a atteint un seuil critique » en Mauritanie, a indiqué lundi le ministre de la Défense. Cette hausse d’arrivées dans le pays africain « entraîne une intensification du flux de migrants irréguliers traversant la Mauritanie » vers les Canaries, qui voient déjà des records de traversées irrégulières cette année...
L’afflux de migrants en Mauritanie inquiète les autorités. Le ministre de la Défense, Hanena Ould Sidi, a affirmé lundi 28 octobre que « le flux de réfugiés sur le territoire mauritanien a atteint un seuil critique ».
Cet exode vers la Mauritanie s’explique par la situation sécuritaire au Sahel qui « continue de se détériorer », a déclaré Hanena Ould Sidi qui recevait à Nouakchott son homologue espagnol Margarita Robles.
La Mauritanie s’est, en effet, illustrée ces dernières années par sa stabilité par rapport au Mali, au Burkina Faso et au Niger, où prospèrent des djihadistes et autres groupes armés.
Fuyant les combats entre l’armée et les groupes terroristes, des dizaines de milliers de Maliens – mais aussi Nigériens et Burkinabés – ont trouvé refuge en Mauritanie ces derniers mois. Entre janvier 2023 et avril 2024, plus de 95 000 nouveaux réfugiés maliens sont arrivés dans le pays, en plus des 105 000 réfugiés précédemment enregistrés, selon le Haut-commissariat des nations unies pour les réfugiés (HCR).
Au total, 275 000 réfugiés et demandeurs d’asile se trouvent actuellement en Mauritanie, d’après les chiffres de l’agence onusienne.
« La détérioration des conditions sécuritaires dans la région entraîne une intensification du flux de migrants irréguliers traversant la Mauritanie vers l’Espagne », a averti le ministre mauritanien de la Défense.
La Mauritanie, située à plus d’un millier de kilomètres des Canaries, est devenue ces derniers mois un point de départ privilégié pour les migrants du Sahel désireux de rejoindre l’Europe.
Sur les plus de 22 000 personnes arrivées dans l’archipel espagnol au cours du premier semestre 2024, 13 000 sont parties des côtes mauritaniennes, contre environ 200 personnes l’année précédente.
Soit une augmentation de 6 000 %.Et avec plus de 9 000 arrivées depuis janvier, les Maliens constituent désormais la nationalité la plus nombreuse parmi les immigrés arrivés de manière irrégulière en Espagne.
Mais ils ne sont pas les seuls. Les Sénégalais, qui fuient une crise économique et un taux de chômage très élevé dans leur pays, tentent aussi de traverser l’Atlantique depuis les côtes mauritaniennes.
Aide financière de l’Espagne et de l’UE
La Mauritanie reçoit depuis des années des fonds de l’Espagne pour contrôler l’immigration vers les îles.
Chaque année, Madrid verse 10 millions d’euros à Nouakchott pour la formation et l’équipement des gardes-côtes.
En échange, le pays s’engage à accueillir sur le sol mauritanien les exilés entrés de manière irrégulière aux Canaries après avoir quitté le pays, et à bloquer les départs des canots.
Début février, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, et le Premier ministre espagnol, Pedro Sanchez, se sont rendus en Mauritanie dans le but de développer leur coopération sur la question migratoire.
À l’issue de cette visite, Bruxelles a débloqué une enveloppe de 200 millions d’euros pour aider la Mauritanie à contrôler les flux de migrants.
Fin août, Pedro Sanchez est retourné à Nouakchott pour signer des « mémorandums d’entente » bilatéraux de « migration circulaire », selon un communiqué de la présidence espagnole.
Il s’agit de mettre en place un cadre pour permettre des entrées régulières sur le sol espagnol en fonction des besoins de main-d’œuvre.
Cette migration contrôlée est censée faire une place particulière aux jeunes et aux femmes.
En retour, la présidence mauritanienne s’était engagée à durcir sa législation contre l’immigration irrégulière.
Source : infomigrants.net