Le Mali, particulièrement notre pays, a aujourd’hui plus besoin de justice que d’aide. Tout comme nous avons besoin de justice que de démocratie: «tenir des élections, n’est pas la preuve d’une démocratie»….
Depuis les années 1972 et 1973, dates de la grande sécheresse, le Mali est l’espace de déploiement le plus important de l’action humanitaire.
Les Organisations non-gouvernementales (ONG) sont installées à demeure dans notre pays. L’aide y est, après l’État, le deuxième employeur. C’est à partir de 1973 que le Mali a basculé dans la mauvaise gouvernance.
L’aide accordée au gouvernement a contribué à cela, un système de gouvernance basé sur le détournement de deniers publics, des malversations financières.
L’action humanitaire d’urgence, conçue pour intervenir dans le cadre de crises graves, est ainsi devenue un partenaire non pas du développement, mais un cadre de détournement de l’aide. Ainsi, la gestion de la grande sécheresse de 1973, s’est soldée par la construction des «villas de la sécheresse».
Tout est parti des détournements des fonds destinés aux populations en cette période de famine.
Notre pays compte parmi les Etats les plus riches de l’Afrique de l’Ouest. Mais, les Maliens ont en commun: la misère. L’extrême pauvreté est la première maladie.
Le système de gouvernance n’a pas changé de 1968 à nos jours. Ce sont les mêmes personnalités qui se passent le pouvoir comme dans une course de relais. C’était de père en fils, maintenant, ce sont les petits fils qui sont aux commandes. Ils se tiennent afin que le pouvoir ne les échappe pas.
La volonté d’accaparement des richesses du pays par quelques hauts personnages est obsessionnelle. Toute activité, tout contrat fait l’objet d’un prélèvement important. Les détournements de biens publics sont continuels.
Dans un tel système, les scandales sont permanents. Nous n’en citerons que quelques-uns parmi les plus honteux: achat de l’avion présidentiel, CMDT (Compagnie malienne pour le développement des textiles), ACI-SA (Agence de Cessions immobilières). De hauts cadres de l’administration publique qui ont utilisé leur prérogative et leur rang pour sortir du Trésor des fonds.
Pendant ce temps, l’État malien continue à s’endetter lourdement, nos dirigeants pendant le même temps font de bonnes Affaires.
L’attention du monde entier est attirée sur le procès de l’achat de l’avion présidentiel (IBK). Plusieurs personnalités des différents régimes se sont substituées à l’État pour devenir des propriétaires fonciers.
Il n’y a pas deux (02) façons d’assurer le pouvoir. Soit juste, il le faut. Vérité et justice sont les deux (02) mamelles de la démocratie.
En cette période de transition, la vérité doit être la pratique quotidienne et responsable par tous et toutes dans le respect des règles établies. Trois (03) dossiers défrayent la chronique (achat de l’avion présidentiel, CMDT, ACI-SA). Les personnes interpellées sont tous de hauts cadres, qui ont fait fi des règles des dépenses publiques.
Dans ces procès, la justice malienne sera mise à rude épreuve pour retrouver ceux qu’on nous a volés des caisses de l’État ces trente (30) dernières années.
Pendant trente (30) ans, on a laissé une catégorie de citoyens organiser l’exploitation des autres. Mais, le problème de la justice, c’est la caution. Le paiement d’une caution, est une prime à l’impunité.
Amy SANOGO
Source : Inter de Bko