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Addis-Abeba, le 10 Octobre 2024

▪ Monsieur le Ministre d’État, représentant le Gouvernement éthiopien ;
▪ Son Excellence Madame Minata Samaté Cessouma, Commissaire à la santé, aux affaires humanitaires et au développement social de l’Union africaine ;
▪ Son Excellence Madame Amy Pope, Directrice générale de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) et Coordonnatrice du Réseau des Nations Unies sur les migrations ;
▪ Son Excellence Claver Gatete, Secrétaire exécutif de la Commission économique pour l’Afrique (CEA) ;
▪ Mesdames et messieurs les représentants des États et des parties prenantes ici présents ;
▪ Mesdames et messieurs Les représentants des communautés économiques régionales ;
▪ Mesdames et Messieurs, en vos rangs, grades et qualités, tout protocole respecté.

En parcourant du regard cette salle, cette salle si pleine, je m’attarde sur certains visages qui me sont devenus familiers sur le chemin tortueux et difficile de la quête d’une migration régulière et ordonnée, d’une migration qui préserve la dignité de nos enfants. Et je sens vibrer en chacun de nous cette inextinguible volonté de «normaliser» et d’humaniser la migration. Je parviens à peine à dissimuler ma joie d’être ici, convaincu que, comme les autres fois, nous ferons bouger les lignes dans le sens de nos objectifs.

En de pareilles situations, on pourrait être tenté de fondre sur le sujet en entrant dans son vif et en s’exonérant du respect du protocole, mais ce serait surtout déroger à nos bonnes vieilles traditions africaines de convivialité et de respect.

Permettez-moi alors de remercier et de rendre hommage aux autorités éthiopiennes pour l’accueil chaleureux réservé à ma délégation et à moi-même. Je les remercie d’autant plus qu’elles ont mis en place les commodités pour la bonne organisation de cette conférence intergouvernementale des Nations-Unies sur le deuxième examen du Pacte Mondial pour les migrations sûres, ordonnées et régulières au niveau africain.
AMASSEGUÉNALO (en Amharique, cela veut dire « Merci beaucoup »).

À travers les autorités éthiopiennes, qu’il me soit permis de remercier les Nations-Unies, l’Union africaine, nos pays respectifs et tous les autres acteurs pour leur engagement dans le cadre de la mise en œuvre du Pacte Mondial pour les migrations.

Le 10 décembre 2018 résonne comme un écho à un autre 10 décembre, l’originel celui-là, le 10 décembre 1948, qui commémore la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme. En adoptant, le 10 décembre 2018 à Marrakech au Maroc, le Pacte Mondial pour les Migrations sûres, ordonnées et régulières, les Nations-Unies rappellent à ceux qui feignent de ne pas le savoir que les MIGRANTS aussi sont des HOMMES et les renvoient à la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme. Il s’agira pour nous d’apporter les réponses appropriées.

Six ans après cette rencontre historique sur la migration, nous voilà réunis pour évaluer sans complaisance le chemin parcouru, les efforts accomplis, les difficultés rencontrées. Les nouvelles perspectives que nous allons nous fixer pour faire des migrations une opportunité doivent nous rappeler que le Pacte Mondial pour les migrations traduit notre commune volonté de gérer efficacement les flux migratoires entre pays d’origine, de transit et de destination des migrants, avec en toile de fond l’impératif de sécurité et des droits humains.
Nous le savons tous, mais il serait utile de le rappeler de temps en temps, la migration africaine concerne en premier lieu le continent, c’est-à-dire nos pays. Nous sommes pays d’origine, pays de transit et pays d’accueil dans 90 % de la migration africaine. Nos enfants ne traversent les mers et les océans que dans 10 % des cas. Le reste du temps, ils traversent les frontières entre États, souvent dans des conditions infrahumaines.

Tenir la deuxième conférence d’évaluation du Pacte Mondial pour les Migrations sûres ici à Addis-Abeba, au siège de l’Union africaine, constitue une formidable opportunité de centrer la réflexion sur nous en premier. L’Union africaine dispose de textes que d’aucuns qualifient de progressistes en la matière. Faisons en sorte que nos frontières ne fassent pas peur. Faisons en sorte que nos frontières ne soient pas considérées comme de simples postes livrés aux forces de sécurité. Il nous incombe de gérer autrement nos frontières, en une sorte de cogestion faisant une place de choix à nos potentialités, à nos capacités et à nos fraternités. Les spectacles de compatriotes africains subissant les pires sévices en terre africaine ne nous honorent pas et ne favorisent pas nos plaidoyers.
Balayons souvent devant nos portes et dans nos cours avant de jeter la pierre à ceux qui, de l’autre côté des océans, démontrent une inhumanité cruelle à l’endroit de nos enfants. Pensant certainement se sauver sans nous, je leur rappelle avec plaisir cette phrase d’un de nos leaders politiques :  «La terre est l’héritage commun de tous. Nul ne se sauvera sans les autres ! Nul ne se sauvera sans l’Afrique».

Le Pacte mondial dont la mise en œuvre nous engage résolument rappelle que les questions migratoires constituent à l’heure actuelle l’une des préoccupations majeures de la gouvernance mondiale. Le Pacte Mondial est une opportunité pour optimiser les avantages de la migration, mais aussi pour contenir ses effets pervers.

▪ Mesdames et Messieurs ;
▪ Distingués participants ;
Mon pays, le Mali, est un champion du Pacte Mondial pour les migrations sûres, ordonnées et régulières.
Non seulement nous avons organisé plusieurs ateliers d’appropriation du Pacte, mais la République du Mali s’est dotée d’un plan d’actions national pour sa mise en œuvre. C’est ainsi qu’en 2021, le Mali a présenté son premier rapport de mise en œuvre du Pacte Mondial pour les migrations sûres, ordonnées et régulières. Et en 2022, son deuxième rapport, avec la participation de l’ensemble des parties prenantes au niveau national, a été validé.
La mise en œuvre du plan d’action national du Pacte nous a permis d’atteindre des résultats notoires tels :
✓ la mise à jour du document de la politique nationale de migration en vue de l’aligner sur les objectifs du Pacte Mondial pour les migrations sûres, ordonnées et régulières et les Objectifs du Développement Durable (ODD) ;
✓ l’assistance à plus de 50 000 migrants en situation de détresse de 2018 à nos jours ;
✓ la création d’un observatoire national des migrations pour la production de données migratoires fiables en vue d’une meilleure planification de nos interventions dans le domaine de la migration ;
✓ le renforcement du dialogue et du soutien aux initiatives de la diaspora ;
✓ la création de centres d’accueil, d’information et d’orientation des migrants dans les zones frontalières ;
✓ la création de cadres régionaux de concertation sur la migration dans les régions de forte migration ;
✓ la création d’un cadre national de réintégration des migrants ;
✓ l’appui à la réintégration de plus de 30 000 migrants de retour de 2019 à nos jours ;
✓ le renforcement des actions de prévention de la migration irrégulière auprès des communautés locales ;
✓ le renforcement de la coopération internationale sur les questions migratoires avec une participation accrue aux grands cadres de dialogues internationaux sur la migration tels que le dialogue ouest-africain sur la migration et le développement, le dialogue euro-africain sur la migration et le développement appelé Processus de Rabat, le Processus de La Valette sur la migration et le Pacte Mondial pour les migrations sûres, ordonnées et régulières ;

✓ la signature de deux memoranda d’entente de coopération en matière de gestion des politiques migratoires avec le Maroc en 2019 et avec la République de la Guinée ;
✓ la réalisation de plusieurs études pour améliorer l’état des connaissances sur les migrations ;
✓ etc.

En outre, dans le cadre de la mise en œuvre d’importants instruments adoptés par l’Union africaine, je signale que mon pays, le Mali est l’un des huit (8), premiers pays à avoir ratifié le traité instituant la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAF), en 2019, aussi parmi les quatre (4) pays qui ont ratifié le Protocole relatif à la libre circulation des personnes sur le continent également en 2019. En partenariat avec l’Union africaine, nous avons créé et opérationnalisé le Centre Africain d’Étude et de Recherche sur la Migration (CAREM), dont le siège est à Bamako.

Les 23 objectifs du Pacte sont en parfaite cohérence avec les orientations stratégiques de la Politique Nationale de Migration (PONAM).

▪ Mesdames et Messieurs ;
▪ Distingués participants ;
En dépit de ces résultats tangibles, il y a lieu de reconnaître que des défis demeurent dans le champ de la migration, auxquels nous n’avons pas d’autre choix que de répondre avec détermination. Comme quoi la tâche est de tous les instants, ne jamais reculer et ne jamais baisser les bras.
Dans le contexte actuel, il nous faut avancer. Poursuivre l’engagement, renforcer les actions de protection, gérer de manière concertée et humanitaire la migration, telle est la boussole.

Qu’il me soit permis de formuler quelques recommandations lors de cet examen du Pacte Mondial pour les migrations au niveau continental, où se réalise l’essentiel des flux migratoires. Il s’agit de :

➢ travailler ensemble pour répondre aux causes profondes de la migration, notamment la prise en charge de la problématique de l’emploi des jeunes ;
➢ protéger les migrants indépendamment de leur statut migratoire, avec tolérance et solidarité ;
➢ promouvoir l’échange d’informations entre pays voisins dans le cadre de la lutte contre les réseaux de passeurs qui opèrent à travers des réseaux transnationaux ;
➢ prendre en compte les effets du changement climatique sur les dynamiques migratoires et proposer des réponses appropriées ;
➢ renforcer la résilience des communautés locales à travers la mise en œuvre de projets communautaires qui intègrent les migrants de retour et les jeunes candidats potentiels à la migration irrégulière ;
➢ renforcer la coopération régionale et internationale sur les enjeux migratoires ;
➢ accompagner les États membres à se doter de politiques et stratégies migratoires à la hauteur des défis actuels ;
➢ prendre des mesures concrètes en vue de créer un environnement propice dans le cadre de la promotion de l’investissement productif de la diaspora dans les pays d’origine.

Le Mali, par ma voix, réaffirme son adhésion totale aux engagements contenus dans le Pacte Mondial en vue d’une meilleure gouvernance de la migration, gage de stabilité et de développement harmonieux dans les pays d’origine, de transit et d’accueil.

Je termine mon intervention par ces propos du Pape François qui nous interpellent tous, je cite : « À l’ère des satellites et des drones, il y a des hommes, des femmes et des enfants migrants que personne ne doit voir. Seul Dieu les voit et entend leur cri. Ne tombons pas dans le piège de nous replier sur nous-mêmes, indifférents à la nécessité de nos frères et préoccupés seulement par nos propres intérêts. C’est précisément dans notre capacité à nous ouvrir aux autres que la vie devient féconde, que les sociétés retrouvent la paix et que les personnes regagnent leur pleine dignité », fin de citation.

Je vous remercie de votre aimable attention.



𝐌𝐨𝐬𝐬𝐚 𝐀𝐆 𝐀𝐓𝐓𝐀𝐇𝐄𝐑,
𝑴𝒊𝒏𝒊𝒔𝒕𝒓𝒆 𝒅𝒆𝒔 𝑴𝒂𝒍𝒊𝒆𝒏𝒔 𝑬𝒕𝒂𝒃𝒍𝒊𝒔 à 𝒍’𝑬𝒙𝒕é𝒓𝒊𝒆𝒖𝒓 𝒆𝒕 𝒅𝒆 𝒍’𝑰𝒏𝒕𝒆𝒈𝒓𝒂𝒕𝒊𝒐𝒏 𝑨𝒇𝒓𝒊𝒄𝒂𝒊𝒏𝒆

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