Dans un rapport publié ce 13 septembre, la Cour des comptes dresse un bilan sévère du Service national universel (SNU) qu’avait voulu Emmanuel Macron, épinglant les difficultés d’organisation et l’échec en matière de «mixité sociale comme d’engagement»…
Ce rapport de 67 pages de la Cour des comptes semble enterrer le Service national universel (SNU), un dispositif à destination des jeunes voulu par Emmanuel Macron.
Cinq ans après son lancement, ce service civique que le président voulait rendre obligatoire n’a pas répondu aux objectifs fixés aux yeux des sages de la rue Cambon. Dans leur rapport, publié ce 13 septembre, ceux-ci dénoncent un coût «largement sous-estimé» et une gouvernance dont «la dimension interministérielle demeure à construire».
Les auteurs du rapport font état d’un coût «total de 3,5 à 5 milliards d’euros» par an et cela «sans compter les coûts d’investissement à venir dans les centres d’hébergement, les éventuels surcoûts liés au changement d’échelle et les coûts portés par les autres financeurs publics».
Des coûts élevés, jugent les magistrats, au regard du «contexte de restriction budgétaire». Ceux-ci soulignent que pour la seule année 2022, lorsque le dispositif était en expérimentation, «le coût par jeune» s’est élevé «à un minimum de 2 900 euros».
Outre l’aspect financier de l’opération, la Cour des comptes épingle également des problèmes d’ordre pratique liés à «l’évolution prévisible du public accueilli lors des séjours de cohésion», posant «de surcroît la question de l’adaptation du niveau d’encadrement».
Exclusions pour «agressions », «coûts sous-estimés» : un rapport au vitriol
Le rapport évoque des objectifs de mixité sociale «non atteints» et explique qu’une «généralisation impliquera […] une part accrue de jeunes réticents à participer» au SNU.
La Cour mentionne notamment 33 exclusions de volontaires pour «motif d’agressions» en 2023, ainsi qu’un taux de désistement de 28%.
Les sages concluent leur rapport en faisant valoir leur inquiétude quant à l’avenir de ce dispositif, notamment de sa «généralisation à toute une classe d’âge, soit 850 000 jeunes environ, avec obligation».
Pour l’institution, «cette perspective soulève des questions d’ordre juridique et opérationnel importantes, notamment pour l’hébergement et l’encadrement».
La Cour recommande la mise en place d’une «assise juridique au dispositif», de «programmer et planifier l’évolution des moyens» ainsi que de «structurer une filière métier afin de permettre de répondre, tant en nombre qu’en qualité, aux besoins en personnels de direction et d’encadrement des centres accueillant les séjours de cohésion».
«Aberrant», «coûteux» : les gauches étrillent un projet raté «SNU : un dispositif coûteux, aux objectifs et à la trajectoire mal définis. Ce n’est pas La France insoumise qui le dit, mais la Cour des comptes», a réagi sur X (ex-Twitter) le député insoumis Arnaud Saint-Martin.
Ce dernier a appelé à «supprimer ce gouffre financier aux relents conservateurs, comme le prévoit le programme du NFP».
Même son de cloche du côté de la porte-parole de Lutte ouvrière, Nathalie Artaud : «3,5 à 5 milliards d’euros par an pour dresser des jeunes, leur apprendre à marcher au pas et se mettre au garde-à-vous devant le drapeau BBR !» La responsable trotskiste juge cela «aberrant alors qu’il manque des moyens dans l’éducation».
Sur les réseaux sociaux, des professeurs y vont aussi de leur critique sur le coût de l’opération. «Avec l’argent du SNU, j’aimerais bien emmener mes élèves en voyage pédagogique. La meilleure cohésion du monde», estime ainsi une professeure de lycée.
À droite, le sénateur Les Républicains (LR) Cédric Perrin estime lui que la Cour des comptes «confirme les craintes de la commission des affaires étrangères et défense du Sénat exprimées depuis le début : un coût exorbitant pour un effet non défini».
«La France n’a pas les moyens de gaspiller 5 milliards par an pour ce dispositif inefficace», ajoute-t-il. Lors de l’annonce de ce dispositif, les oppositions s’y étaient déjà opposées à droite comme à gauche – et plus particulièrement du côté de La France insoumise.
Les Insoumis étaient largement monté au créneau, notamment par la voix de leur jeune député Louis Boyard qui s’était montré très engagé contre le projet, dénonçant un gouvernement qui «veut mettre au pas la jeunesse».
La députée Rassemblement national (RN) Caroline Parmentier avait également interrogé la ministre déléguée en commission à l’Assemblée en juillet 2023 sur «les difficultés rencontrées cette année par une jeune candidate pour intégrer le SNU», témoignant des difficultés techniques de la mise en œuvre de ce dispositif qui était une promesse de campagne d’Emmanuel Macron.
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Source : RT en français