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La richesse du sous-sol malien n’est plus à démontrer. Cela va des indices du pétrole au lithium, en passant par l’or, des indices de diamant, du fer, de l’uranium, de la bauxite, du phosphate, du titane, du chrome…

La liste est loin d’être exhaustive. Le hic, c’est que leur exploitation ne semble par trop profiter au pays qui a encore toutes les peines du monde à se hisser dans le gotha des pays émergents. Ce que beaucoup d’observateurs expliquent par la non-maîtrise de la chaîne de valeur de l’industrie minière qui contribue à la production minière.

«Le Mali est un pays riche en ressources minérales». Telle est une conviction partagée par les intervenants au colloque organisé les 3 et 4 juillet 2023 par le Centre d’études et de réflexion au Mali (CERM). Un potentiel qui lui vaut d’être assez courtisé aujourd’hui par les plus grands investisseurs du secteur minier mondial. Ce n’est en effet qu’un secret de polichinelle  que le sous-sol malien présente une richesse assez diversifiée  avec notamment certaines des substances les plus rares. Il présente également des réserves très importantes (lithium, fer, or…) et il ressort des statistiques qu’environ 1/3 des substances (calcaires, fer, manganèse, or…) ont été mis en exploitation pour l’essentiel par des capitaux étrangers.




Dans le même ordre, parmi les substances non mises en exploitation figurent des minéraux rares et stratégiques (lithium, titane, chrome, etc.). Malheureusement, malgré ce potentiel, notre pays peine à maximiser les bénéfices de ses ressources naturelles. Ce qui s’est traduit par la perception collective selon laquelle «l’or du Mali ne brille pas pour les Maliens». Et pourtant, à la différence d’autres pays dont la production est en déclin, celle du pays affiche une légère tendance à la hausse. Le problème voir le handicap, selon les participants au colloque, c’est au niveau de l’exploitation et de la gestion des ressources que celle-ci génère.

Sur la problématique des revenus issus des ressources minières, le constat de nombreux acteurs du secteur est que les industries extractives au Mali sont dominées par l’intervention des grandes sociétés multinationales dont la présence fait beaucoup de débat surtout en cette période de transition. Dominant largement le secteur, celles-ci sont aujourd’hui au nombre de 15 dans le secteur avec comme part pour le Mali 20 % du capital de chacune d’elles. A l’exception de la mine d’or de Sadiola dans laquelle les parts du Mali sont évaluées à 18 %. En 2022, les activités minières ont rapporté 761,0141 milliards de F Cfa de recettes budgétaires, soit plus de 38 % des recettes.

Le produit des taxes est réparti entre la commune (60 %), le cercle (25 %) et la région (15 %). Il représente plus des ¾ du budget des communes bénéficiaires. Cette contribution, bien qu’importante reste aux yeux de beaucoup de spécialistes, est «insuffisante» au regard du potentiel du pays. D’où la nécessité d’un changement de paradigme pour intégrer et prendre en compte les réponses à un certain nombre de défis pour asseoir une exploitation responsable dans un partenariat équilibré et soucieux des intérêts en présence.

La nécessité de mieux maîtriser la chaîne des valeurs pour tirer le maximum de profits du secteur

La transition énergétique, le développement du contenu local, la gouvernance, la protection de l’environnement, le partage équitable des revenus au profit des communautés à la base restent les plus grands défis pour le secteur minier au Mali. Lors de leurs présentations au colloque, des experts ont souligné que les revenus générés par les activités minières doivent observer trois finalités pour le Mali. Ainsi, à leur avis, l’or qui brille pour le Mali doit impacter la vie des Maliens ; l’activité minière doit offrir une réelle opportunité de développement et de renforcement des capacités humaines (communautés, fournisseurs…) ; l’activité doit préserver l’environnement et prévoir la réhabilitation des sites miniers à la fin de leur exploitation.

Bien qu’en pratique le concept du développement local soit source d’interprétations diverses, il est certain que le principal enjeu de l’industrie minière au Mali est la maîtrise de la chaîne de valeur contribuant à la production minière. Autrement dit, il est permis d’affirmer que la maîtrise du contenu peut à coup sûr, contribuer à faire en sorte que l’or brille plus pour tous les Maliens. Telle est en tout cas la conviction des experts avisés du secteur. Heureusement que, pensent certains observateurs, beaucoup de ces paramètres de rentabilité de l’exploitation de nos richesses minières sont pris en compte dans le nouveau code minier.

Celui-ci est en effet riche de nombreuses avancées comme la possibilité pour le pays de percevoir les dividendes en nature ; de participer à hauteur de 35 % (dont 5% pour les privés maliens) aux actions des sociétés minières. Aussi, un mode de calcul a-t-il été introduit dans ce nouveau code en tenant compte des anciens travaux effectués par l’État et des exonérations octroyées en phase de recherche. De même, les conventions d’établissement et les titres miniers sont désormais signés par les ministres sectoriels et approuvés par décret pris en conseil des ministres. Il y a aussi la suppression des exonérations de produits pétroliers en phase d’exploitation.

Le document indique également qu’il y a deux conventions d’établissement. Il s’agit d’une convention pour la phase de recherche d’une durée totale de neuf ans, y compris les deux renouvellements, et d’une convention pour la phase d’exploitation pour une durée de douze ans, dont deux ans pour la phase de construction de la mine. Le vrai défi, c’est maintenant l’application stricte et sans complaisance de toutes ces dispositions visant à permettre au Mali de tirer le meilleur profit de l’exploitation de ses richesses minières pour le bien-être des populations et l’émergence socio-économique du pays !

Moussa Bolly

Source : Le Matin

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