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La propagande officielle et l’absence de diagnostic indépendant font qu’il est bien difficile d’établir un bilan des quatre années qui ont suivi la chute du dernier président élu. L’avenir n’en est que plus flou…


Les putschistes sahéliens appréciant particulièrement le troisième trimestre de l’année, les militaires maliens viennent de fêter le quatrième anniversaire du renversement d’Ibrahim Boubacar Keïta, le 18 août 2020, après les célébrations des douze premiers mois au pouvoir du général nigérien Abdourahamane Tiani, le 26 juillet dernier, et juste avant la commémoration du 30 septembre 2022, date d’accession du capitaine Ibrahim Traoré sur le trône burkinabè.

Peut-être en prévision d’un anniversaire forcément propice aux bilans, le gouvernement malien a tenu à lever, le 10 juillet dernier, la suspension des activités des partis politiques et des activités à caractère politique des associations.

Pourtant, la critique libre reprend difficilement du poil de la bête, comme le regrette le reggaeman ivoirien Tiken Jah Fakoly dont le Mali est la deuxième patrie.
Même légèrement translucide ou lézardée de quelques paroles intrépides, la chape de plomb d’une propagande toute révolutionnaire rend difficile un bilan chirurgical des quatre années écoulées.

Le travail d’enquête de la presse et des organisations spécialisées est largement gêné aux entournures.

Bilan sécuritaire et économique nébuleux
À Bamako, des membres du Conseil national de transition (CNT), comme Nouhoum Sarr, affirment, évasifs, que « la quasi-totalité du territoire national est désormais sous le contrôle de l’État » et que la « respectabilité » du Mali « n’est plus à démontrer sur la scène internationale ».

Après la reprise des hostilités avec les rebelles indépendantistes, et en dépit de la reconquête glorifiée de la ville de Kidal, il est difficile d’affirmer que la pacification est au beau fixe.

Difficile également d’établir un bilan indépendant de l’opération française Barkhane, de la Mission intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (Minusma) ou encore de la coopération avec la Russie.

Sur le plan économique, le régime, même confiant, est conscient du poids de la dette intérieure, de la frilosité des investisseurs, de la fragilité de l’alimentation électrique et des inquiétudes liées au coût de la vie. La Banque mondiale prédit d’ailleurs, à l’issue de l’année 2024, un ralentissement de la croissance malienne et une augmentation de l’extrême pauvreté.
Une transition qui n’en est plus une
La plus indubitable des constatations est qu’il est désormais incongru de parler de « transition », la durée du régime d’exception malien ayant aujourd’hui excédé le plus court des mandats démocratiques, celui des États-Unis. Non seulement aucun processus électoral n’est formellement sur les rails, mais un flou certain a entouré, le 26 mars dernier, la fin théorique d’une transition dont le terme avait déjà été réaménagé en mai 2021, puis en mars 2022.
Le désir d’entretenir un certain trompe-l’œil républicain conduit certains « griots » du régime à justifier l’élasticité du calendrier électoral par des éléments de langage bien rodés.
Selon eux, aucun scrutin ne pourrait se tenir sans rétablissement de la sécurité – quand bien même un référendum constitutionnel a eu lieu en 2023. La junte est allée jusqu’à évoquer une conjuration impérialiste internationale qui aurait permis un sursaut jihadiste.
Complotisme ?
Un cacique du régime malien, le colonel Abdoulaye Maïga, a promis « de nouvelles preuves devant le Conseil de sécurité de l’ONU, accusant la France d’avoir fourni des armes de guerre et des renseignements à des groupes terroristes ». Promesse déjà formulée il y a… deux ans.

Source : Jeune Afrique

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