Les autorités algériennes ont procédé à plus de 2 000 refoulements de migrants au Niger entre le 1er et le 12 août, selon l’ONG locale Alarme Phone Sahara. Dépourvus d’eau et de nourriture, ils n’ont d’autre choix que d’attendre dans les camps de transit de l’OIM à Assamaka, poste-frontière situé à 15 kilomètres de l’Algérie, en attendant un éventuel rapatriement dans leur pays d’origine…
Les convois de migrants refoulés d’Algérie vers le Niger sont devenus quotidiens à Assamaka.
Selon l’ONG Alarme Phone Sahara, au cours des douze premiers jours du mois d’août, 2 075 personnes ont été expulsées d’Algérie vers le nord du Niger, à Assamaka.
Ils sont « arrivés bredouilles, épuisés et désorientés dans la ville frontalière nigérienne d’Assamaka », dénonce l’ONG qui rapporte également des violences et des vols commis par la police algérienne sur les migrants.
La première centaine de migrants est arrivée entre le 3 et le 5 août. Le 9 août, les flux se sont intensifiés avec 410 expulsions, dont des femmes et des enfants.
Le 11 août, Alarme phone a comptabilisé 564 expulsions, dont une bonne moitié de Maliens et de Guinéens.
Le dernier convoi recensé date du 12 août, avec cette fois 981 refoulés de nationalité nigérienne.
Le piège d’Assamaka
La plupart des migrants qui traversent le Sahara en direction de l’Algérie espèrent ensuite atteindre la Tunisie pour traverser la Méditerranée en bateau. Mais en réalité, beaucoup d’entre eux sont interceptés et refoulés vers Assamaka, poste-frontière nigérien situé en plein désert, à 15 kilomètres de l’Algérie.
Les dangers de ces expulsions sont immenses. Les exilés sont généralement abandonnés par les Algériens à la tombée de la nuit. Lorsqu’ils sont lâchés, ils sont livrés à eux-mêmes.
Sans eau ni nourriture, ils doivent parcourir 15 kilomètres à pied pour rejoindre le village d’Assamaka. C’est là que se trouve le centre de transit de l’Organisation internationale des migrations (OIM), le bras de l’ONU qui assiste les retours volontaires des migrants vers leur pays d’origine.
Chaque année, de nombreux exilés disparaissent aussi sans laisser de trace dans le Sahara. Ils peuvent se perdre, mourir de déshydratation ou être victimes de groupes mafieux.
Côté nigérien, les centres de transit de l’OIM sont régulièrement débordés par l’afflux de migrants expulsés par l’Algérie.
En mai 2023, plus de 5 000 migrants s’y entassaient dans des conditions déplorables, attendant d’être pris en charge par l’agence onusienne. L’OIM organise des convois de rapatriement à Agadez ou Arlit, et parfois des vols de retour dans les pays d’origine, mais tous n’acceptent pas le retour de leurs ressortissants.
En juin dernier, un Sénégalais refoulé d’Algérie implorait dans une vidéo son gouvernement de les prendre en charge : « Ce sont les Sénégalais qui ont le plus duré ici. Il y a des gars qui ont fait 3,4 à 5 mois ici. Ce n’est pas le cas des Guinéens et Maliens ».
À Assamaka, les migrants sont dépourvus de tous moyens de subsistance, ils ont peu de nourriture, subissent la chaleur harassante du désert (jusqu’à 50 degrés) et les tempêtes de sable, et sont condamnés à boire de l’eau sale qui provoque des maladies comme la dysenterie, la tuberculose ou la gale.
Abdoulaye OUATTARA
ÉchosMédias