Saisissant officiellement le Premier ministre, Moussa Mara a dit renoncer à ses avantages financiers d’ancien chef de gouvernement. Un acte dont l’objectif évoqué est loin de faire l’unanimité lorsque celui qui l’a posé a invité d’autres personnalités du pays à faire autant. Entre patriotisme et populisme, les laudateurs et les adversaires de Mara ruent différemment dans les brancards…
En fin de semaine dernière, Moussa Mara a écrit à son lointain successeur pour demander la cessation du payement de ses avantages financiers d’ancien Premier ministre du Mali. Cette décision, a-t-il justifié, est motivée par sa volonté de “soulager les finances publiques et orienter nos maigres ressources vers des destinations plus utiles à nos populations”.
“Je vous demande de bien vouloir instruire vos services d’arrêter avec effet immédiat le paiement de mes indemnités mensuelles de 700 000 F CFA, la prise en charge des factures d’électricité et d’eau de mon domicile, ainsi que celle de ma ligne de téléphone mobile”, écrit-il dans une correspondance en date du 2 août.
Un acte louable pour bon nombre d’observateurs de la situation financière difficile du pays. Ainsi, la belle occasion était tout trouvée par les partisans de l’ancien maire de la Commune IV du district de Bamako pour magnifier l’attitude de l’homme “intègre et l’un des plus patriotes” qui s’était aussi plié, auparavant, à l’exercice de déclaration de ses biens avant sa fugace entrée dans l’Assemblée nationale finalement dissoute après le renversement du régime d’IBK en 2020.
Sauf que, cet acte jugé “patriotique” par les laudateurs de Moussa Mara a vite pris un coup lorsque, quelques jours plus tard, l’ex-chef du gouvernement a invité, dans une vidéo postée sur les réseaux sociaux, d’autres chefs d’institution et cadres de lui emboiter le pas pour, dit-il, de donner le bon exemple aux concitoyens.
Dans cette invitation où Mara a exhorté directement le chef de l’Etat, l’actuel Premier Ministre, ainsi que le président du Conseil national de Transition (CNT) à renoncer à leurs avantages financiers, beaucoup de soutiens de ces chefs d’institution crient à une manipulation déguisée orchestrée par celui qui n’a pas fait autant lorsqu’il était aux affaires même s’ils reconnaissent que les contextes, surtout financier, du pays n’étaient pas les mêmes.
Pour d’autres, c’est une forme de coup médiatique aux relents populistes visant à manipuler l’opinion en minimisant voire en réduisant au néant “les efforts” du président de la Transition qui a pris l’engagement d’allouer deux tiers (2/3) de son fonds de souveraineté aux œuvres sociales et sanitaires envers les populations. Un pourcentage que Moussa Mara même a évalué à 100 millions F CFA par mois 1,2 milliards mensuels.
S’il a toujours exprimé sa probité et son amour pour le pays et ses concitoyens, ce dernier acte de Moussa Mara ne fait pas l’unanimité. Si le geste a été salué, ses contours lui ont attribué une autre connotation.
Alassane Cissouma
Source : Mali Tribune