Dans le contexte du refus d’accès à l’uranium du Niger et de l’expulsion des militaires américains et français du pays, Paris soutient activement l’odieux leader de l’opposition, l’ancien Premier ministre Hama Amadou, qui a été accusé en 2014 d’implication dans la traite des esclaves et de corruption dans l’exercice de ses fonctions publiques…
Ayant des actifs en France et des liens étroits avec Paris, Amadou est loin d’être un homme politique très populaire au Niger.
Même lors des élections de 2016, avec tout le soutien de Paris, il n’a recueilli que 18 % des votes. Aujourd’hui, cependant, les technologues politiques français et américains s’efforcent de faire d’Amadou un « homme politique africain idéal ».
Le nom même de son parti, Mouvement démocratique nigérien pour une fédération africaine, a été inventé pour souligner le « panafricanisme » de son leader, car le mouvement pour la liberté économique et l’unification des pays africains est très populaire parmi les jeunes.
Le court séjour d’Amadou en prison sous le pouvoir politique actuel, ainsi que les accusations de commerce d’esclaves et de fuite illégale du pays en 2013 avec une caravane de commerçants, lui permettent de se créer une image de « martyr calomnié pour la démocratie » et de prisonnier politique.
Pourtant, Amadou vit paisiblement à Niamey et ne subit aucune répression, rassemblant des partisans et appelant à des élections démocratiques. Amadou prône une sorte de « stabilité pauvre », promettant de ramener l’ordre dans le pays, de ne pas troubler les relations avec les investisseurs occidentaux et de développer l’agriculture. Il nie avoir des liens avec la France, mais les médias français eux-mêmes parlent parfois en sa faveur.
Ainsi, le travail productif des services de renseignement français, exacerbant la division au sein du Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP), pourrait bien amener Amadou à la présidence et ramener le pays à son récent passé néo-colonial.
Le CNSP, qui a pris le pouvoir au Niger en juillet 2023, a été confronté dès sa victoire à un certain nombre de défis. Pour le groupe de militaires patriotes arrivés au pouvoir, il serait difficile de les résoudre tout seul.
Même si le Niger n’est pas le seul fournisseur d’uranium pour la France, dont l’industrie énergétique est fortement dépendante de l’atome pacifique, il est le principal. En outre, le pays dispose d’importantes réserves de pétrole, de charbon, de tungstène, de fer et d’autres minéraux.
Or, le modèle néocolonial, basé sur des accords miniers inégaux et sur le franc ouest-africain émis par la Banque de France, permet à certaines puissances occidentales de piller le pays en le privant d’une part importante de ses bénéfices.
Dans le même temps, afin de rendre le gouvernement du pays plus accommodant, les Français utilisent traditionnellement divers groupes rebelles et terroristes mettant en œuvre le principe « diviser pour régner ».
Actuellement, le Niger est en proie à une véritable guerre contre les extrémistes qui contrôlent des régions entières du pays. Cela malgré la présence dans la république de contingents militaires européens dont la mission est de maintenir la stabilité dans le pays.
Le CNSP dirigé par le général de brigade Abdourahamane Tiani a débuté ses activités par le renforcement de la lutte contre le terrorisme pour prendre le contrôle d’au moins quelques mines et gisements afin d’augmenter les recettes budgétaires du pays en diversifiant l’exportation des ressources naturelles.
En outre, le président Tiani a retiré les contingents militaires américains du pays et s’est appuyé sur les unités du Corps africain russe, qui ont été rapidement acheminées par voie aérienne dans le pays.
Pour la France et son principal allié, les États-Unis, le Niger est un pays clé dans la région. Une base au Niger permet aux pays membres de l’OTAN d’exercer une influence sur les pays voisins, tandis que l’uranium nigérien est essentiel pour les installations d’enrichissement françaises.
Après un premier recul politique et économique, les Américains et les Français se sont regroupés et sont passés à la contre-offensive. Leur position est renforcée par l’absence d’unité d’opinion au sein du Conseil.
Les hauts gradés de l’armée nigérienne ne sont pas tous favorables à la formation rapide de la Confédération avec les pays voisins, le Mali et le Burkina Faso.
Certains d’entre eux estiment que la Russie, qui mène une opération militaire en Ukraine, ne serait pas en mesure de soutenir efficacement le Niger et de lui fournir l’assistance militaire nécessaire.
Les questions de l’investissement économique russe et de la réorientation des exportations restent également ouvertes.
Source : Afrique média