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Washington a fait monter les enchères en proposant de déployer de nouveaux missiles en Allemagne, c’est un geste de l’ex-président qui l’a rendu possible…

La menace atomique : pourquoi Trump porte la responsabilité du fait que le monde est au bord d’une guerre nucléaire 3 août 2024 © Alex Brandon

Par Alexandre Tchekov, spécialiste de la sécurité internationale et du contrôle des armements, chercheur à l’Institut d’études internationales de Moscou (MGIMO).

Ce vendredi 2 août, cinq années se sont écoulées depuis la fin du traité sur les forces nucléaires à portée intermédiaire (FNI) signé par l’Union soviétique et les États-Unis en 1987.

Pendant longtemps, les conséquences de cette mesure ont été éclipsées par d’autres tensions sur la scène internationale : l’attention du public était tournée vers d’autres sujets et il semblait que les problèmes relatifs à «l’après FNI» n’intéressaient que les experts de ce domaine.

Cependant, le cinquième anniversaire est célébré d’une manière vraiment «grandiose».

Les États-Unis ont offert un «cadeau» à la Russie en annonçant leur intention de commencer «les déploiements épisodiques» de leurs missiles terrestres en Allemagne en 2026.

La Russie a pris le problème au sérieux : le président russe Vladimir Poutine a répondu que si ces plans étaient mis en œuvre, Moscou lèverait le moratoire unilatéral sur le déploiement de ses propres missiles à portée intermédiaire.

Le ministère russe des Affaires étrangères n’a pas exclu qu’il puisse s’agir de missiles nucléaires.

Cet «échange de politesses» constitue une nouvelle «crise de missiles» qui pourrait surpasser celle des années 1970 et 1980 qui a finalement conduit à la signature du traité initial.

À l’époque, le déploiement de nouveaux missiles nucléaires en Europe avait entraîné la détérioration des relations soviéto-américaines, atteignant leur point le plus bas depuis la crise des missiles de Cuba de 1962.

La question a été résolue de manière radicale : avec la signature du traité FNI, les États-Unis et l’Union soviétique se sont interdits de posséder des missiles (nucléaire ou non) lancés depuis le sol (sol-sol) et d’une portée de 500 à 5 500 kilomètres. D’un point de vue militaro-stratégique, cette mesure a mis les États-Unis dans une position plus avantageuse.

Premièrement, l’Union soviétique a éliminé deux fois plus de missiles – 1 846 contre 846 pour les États-Unis. Deuxièmement, les missiles aériens et maritimes de même portée – l’instrument clé de la projection de la puissance des États-Unis – n’étaient pas inclus dans le traité.

Les autorités soviétiques ont accepté ces conditions en grande partie pour des raisons politiques : à l’époque, le Kremlin croyait que les relations soviéto-américaines finiraient par atteindre un nouveau niveau, et que les armes ne joueraient plus un rôle clé en matière de sécurité.

Pourtant, l’état d’esprit a progressivement changé et Moscou a de plus en plus critiqué l’accord de 1987.

Poutine a même qualifié le traité de «désarmement unilatéral». Retrait américain du FNI : Moscou, un coupable idéal

La nouvelle Fédération de Russie a également exprimé son inquiétude quant au respect de l’accord par les Américains.

Néanmoins, la rhétorique de Moscou n’a pas dépassé certaines limites : la question de la résiliation de l’accord n’a jamais été abordée au plus haut niveau.

Le vent a commencé à tourner au milieu des années 2010 lorsque les États-Unis se sont inquiétés du fait que, selon leurs informations, la Russie avait violé le traité et testé un missile de croisière lancé depuis le sol et d’une rangée de plus de 500 kilomètres. Plus tard, il a été révélé que le missile en question était le 9M729 qui fait partie du système Iskander.

L’administration du président Donald Trump a désigné le développement de la fusée 9M729 par la Russie comme la raison officielle du lancement du processus de retrait du Traité FNI en février 2019.

Cependant, en réalité, le raisonnement était bien plus complexe.

Presque simultanément à l’apparition de plaintes concernant le respect par la Russie du Traité FNI, une discussion majeure a éclaté aux États-Unis sur le développement des capacités de la Chine. Contrairement à Moscou et à Washington, Pékin n’était pas tenu de respecter le Traité FNI et pouvait donc développer des missiles sol-sol sans violer aucune interdiction internationale.

Au milieu des années 2010, ces armes constituaient la base de l’arsenal de missiles de la Chine ; en 2017, le commandant américain pour la région Indo-Pacifique, l’amiral Harry Harris, estimait qu’«environ 95%» de ces missiles auraient violé le Traité FNI si la Chine l’avait signé.

La menace atomique : pourquoi Trump porte la responsabilité du fait que le monde est au bord d’une guerre nucléaire 3 août 2024 © Alex Brandon Source: AP L’ancien président Donald Trump, candidat républicain à la présidentielle, s’exprime lors d’une conférence le 27 juillet 2024, à Nashville, Tennessee (photo d’illustration).

Suivez RT en français sur Telegram Washington a fait monter les enchères en proposant de déployer de nouveaux missiles en Allemagne, c’est un geste de l’ex-président qui l’a rendu possible.

Par Alexandre Tchekov, spécialiste de la sécurité internationale et du contrôle des armements, chercheur à l’Institut d’études internationales de Moscou (MGIMO).

Ce vendredi 2 août, cinq années se sont écoulées depuis la fin du traité sur les forces nucléaires à portée intermédiaire (FNI) signé par l’Union soviétique et les États-Unis en 1987.

Pendant longtemps, les conséquences de cette mesure ont été éclipsées par d’autres tensions sur la scène internationale : l’attention du public était tournée vers d’autres sujets et il semblait que les problèmes relatifs à «l’après FNI» n’intéressaient que les experts de ce domaine. Cependant, le cinquième anniversaire est célébré d’une manière vraiment «grandiose».

Les États-Unis ont offert un «cadeau» à la Russie en annonçant leur intention de commencer «les déploiements épisodiques» de leurs missiles terrestres en Allemagne en 2026.

La Russie a pris le problème au sérieux : le président russe Vladimir Poutine a répondu que si ces plans étaient mis en œuvre, Moscou lèverait le moratoire unilatéral sur le déploiement de ses propres missiles à portée intermédiaire. Le ministère russe des Affaires étrangères n’a pas exclu qu’il puisse s’agir de missiles nucléaires.

Cet «échange de politesses» constitue une nouvelle «crise de missiles» qui pourrait surpasser celle des années 1970 et 1980 qui a finalement conduit à la signature du traité initial.

À l’époque, le déploiement de nouveaux missiles nucléaires en Europe avait entraîné la détérioration des relations soviéto-américaines, atteignant leur point le plus bas depuis la crise des missiles de Cuba de 1962.

La question a été résolue de manière radicale : avec la signature du traité FNI, les États-Unis et l’Union soviétique se sont interdits de posséder des missiles (nucléaire ou non) lancés depuis le sol (sol-sol) et d’une portée de 500 à 5 500 kilomètres.

D’un point de vue militaro-stratégique, cette mesure a mis les États-Unis dans une position plus avantageuse. Premièrement, l’Union soviétique a éliminé deux fois plus de missiles – 1 846 contre 846 pour les États-Unis. Deuxièmement, les missiles aériens et maritimes de même portée – l’instrument clé de la projection de la puissance des États-Unis – n’étaient pas inclus dans le traité.

Les autorités soviétiques ont accepté ces conditions en grande partie pour des raisons politiques : à l’époque, le Kremlin croyait que les relations soviéto-américaines finiraient par atteindre un nouveau niveau, et que les armes ne joueraient plus un rôle clé en matière de sécurité.

Pourtant, l’état d’esprit a progressivement changé et Moscou a de plus en plus critiqué l’accord de 1987.

Poutine a même qualifié le traité de «désarmement unilatéral». Retrait américain du FNI : Moscou, un coupable idéal

La nouvelle Fédération de Russie a également exprimé son inquiétude quant au respect de l’accord par les Américains. Néanmoins, la rhétorique de Moscou n’a pas dépassé certaines limites : la question de la résiliation de l’accord n’a jamais été abordée au plus haut niveau. Le vent a commencé à tourner au milieu des années 2010 lorsque les États-Unis se sont inquiétés du fait que, selon leurs informations, la Russie avait violé le traité et testé un missile de croisière lancé depuis le sol et d’une rangée de plus de 500 kilomètres.

Plus tard, il a été révélé que le missile en question était le 9M729 qui fait partie du système Iskander. L’administration du président Donald Trump a désigné le développement de la fusée 9M729 par la Russie comme la raison officielle du lancement du processus de retrait du Traité FNI en février 2019.

Cependant, en réalité, le raisonnement était bien plus complexe. Presque simultanément à l’apparition de plaintes concernant le respect par la Russie du Traité FNI, une discussion majeure a éclaté aux États-Unis sur le développement des capacités de la Chine.

Contrairement à Moscou et à Washington, Pékin n’était pas tenu de respecter le Traité FNI et pouvait donc développer des missiles sol-sol sans violer aucune interdiction internationale.

Au milieu des années 2010, ces armes constituaient la base de l’arsenal de missiles de la Chine ; en 2017, le commandant américain pour la région Indo-Pacifique, l’amiral Harry Harris, estimait qu’«environ 95%» de ces missiles auraient violé le Traité FNI si la Chine l’avait signé.

En conséquence, les Américains ont commencé à considérer les capacités de Pékin comme un point clé ayant une incidence sur l’équilibre des forces dans la région Asie-Pacifique.

Les missiles sol-sol chinois DF-21D et DF-26 ont été surnommés aux États-Unis «tueur des porte-avions» et «tueur de Guam». Alors même que le Traité FNI était encore en vigueur, de nombreux experts américains ont suggéré qu’il était nécessaire de s’en retirer, ou du moins de revoir ses conditions, afin que les États-Unis puissent développer et déployer leurs propres systèmes de missiles sol-sol dans la région pour faire contrepoids à la Chine.

Il est important de souligner brièvement les avantages des missiles sol-sol par rapport à leurs homologues air-sol et mer-sol. Tout d’abord, les missiles sol-sol peuvent être maintenus à un niveau d’alerte au combat plus élevé. Alors que les avions et les navires ont besoin de temps pour acheminer leurs missiles dans les zones de lancement, les systèmes sol-sol sont situés près de leurs sites de lancement et peuvent donc être utilisés dans un délai très court.

Avec ces projectiles, il n’est pas non plus nécessaire de surmonter les capacités antiaériennes et anti-navires de l’ennemi pour effectuer un lancement. Parmi les autres avantages, citons la réduction de la dépendance à l’égard des infrastructures, une puissance de feu élevée garantie par un rechargement rapide et une pérennité accrue grâce à la capacité de dispersion des missiles.

Bien qu’ils n’aient pas la mobilité des systèmes air-sol et mer-sol, les missiles sol-sol peuvent être un outil efficace pour empêcher l’ennemi de prendre le contrôle sur le champ de bataille.

Le missile, un outil politique Aux États-Unis, ce point de vue était partagé même par des hauts gradés de l’armée qui ne souhaitaient pas se retirer du traité FNI. En 2017, le général Paul Selva, à l’époque vice-président d’état-major des armées, avait déclaré «qu’il n’y avait aucune exigence militaire que nous ne puissions satisfaire actuellement dans le cadre de notre participation au traité FNI.»

Cependant, il a indiqué que «les systèmes lancés depuis le sol augmenteraient à la fois la flexibilité opérationnelle et l’ampleur de nos capacités de frappe à portée intermédiaire.» Le désir d’obtenir une telle «flexibilité» et une telle «ampleur» qui pourraient être utiles contre la Russie et la Chine, ainsi que contre des puissances plus petites comme l’Iran ou la Corée du Nord, a constitué le principal argument en faveur du retrait.

Outre les avantages militaires, les missiles sol-sol ont également une valeur symbolique. Contrairement aux missiles lancés par voie aérienne ou maritime, les missiles sol-sol soulignent la présence militaire permanente du pays qui les a mis en place et sa détermination à protéger ses alliés régionaux.

Cela signifie que les actions américaines visent également à rallier leurs alliés autour de l’objectif d’endiguer la Chine et la Russie. Toutefois, ce «mécanisme militaro-symbolique» n’est pas une science exacte et pourrait ne pas donner les résultats escomptés par Washington.

Il ne faut pas oublier que la Russie et la Chine sont toutes deux capables de contrebalancer les nouvelles capacités américaines dans le domaine des missiles par des contre-mesures.

Les capacités de la Russie sont particulièrement étendues : à la différence de la Chine, elle peut menacer le territoire américain avec des missiles de portée intermédiaire déployés dans ses propres régions du nord-est. L’avis des alliés des États-Unis doit également être pris en compte.

Certains experts allemands ont déjà critiqué la décision de déployer des missiles américains, soulignant qu’elle avait été prise sans discussions publiques préalables au niveau national et qu’elle pourrait se retourner contre l’Allemagne. Il est possible que de nouveaux développements suscitent de plus en plus de critiques tant en Europe qu’en Asie.

En fin de compte, les conséquences des déploiements de missiles américains varieront en fonction de l’aspect militaire ou symbolique qui occupera au premier plan.

Si les États-Unis se limitent à déployer un petit nombre de missiles pour symboliser leur «présence sur le terrain», il y a une chance d’empêcher une nouvelle course aux armements à un stade précoce.

En revanche, si des centaines de missiles sont déployés afin d’assurer la domination opérationnelle totale de Washington, il existe un risque d’escalade sans précédent, qu’il est, bien sûr, préférable d’éviter.

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Source : RT en français

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