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Alors qu’après la guerre froide, la dénucléarisation mondiale semblait être un objectif réaliste, de nos jours, même la non-prolifération des armes atomiques semble plutôt tenir du faux espoir. Le mois dernier, les rapports de diverses ONG confirmaient la hausse des budgets consacrés aux armes nucléaires, parmi les pays qui en possèdent…

Or, il est de plus en plus crédible qu’un dixième pays dans le monde décide de se doter de l’arme ultime.
Ce pays, c’est la Corée du Sud. La question du nucléaire militaire y fait débat depuis des années, et revient à chaque provocation du voisin du Nord. Selon un nouveau sondage du think tank Korea Institute for National Unification, 66% des répondants seraient “favorables” ou “très favorables” à une arme atomique sud-coréenne. C’est un record, et c’est aussi 6% de plus que la même enquête effectuée l’année dernière.


Le facteur Trump


Depuis l’annonce d’un retrait des forces américaines de Corée du Sud en 1970, la question revient régulièrement, alors que Séoul n’a jamais signé d’accord de paix avec Pyongyang. La United States Forces Korea, qui totalise près de 30.000 soldats, existe finalement toujours. Mais la question nucléaire est véritablement revenue sur le devant de la scène en 1991, quand Washington a annoncé le retrait des missiles américains encore présents dans des bases à l’étranger.

C’est le programme nucléaire nord-coréen qui, à chaque nouvel essai, a fait progressivement basculer l’opinion. Et le dernier clou dans le cercueil des traités de dénucléarisation de la péninsule – que le Nord ne respecte d’évidence plus du tout – s’appelle Donald Trump.

Dès le début de son premier mandat, le président Trump avait marqué son hostilité au maintien de forces américaines à l’étranger. Et s’il a remis l’engagement des USA au sein de l’OTAN En question, il a voulu aussi revenir sur les déploiements en Asie, dont celui des – trop couteux, selon lui – boucliers antimissiles. Le journaliste américain Bob Woodward, dans son livre “Peur: Trump à la Maison-Blanche” publié en 2018, revient longuement sur cette véritable obsession de Trump. Et sur les manœuvres de ses conseillers de l’époque, qui tentaient de lui expliquer que ce retrait américain du Sud pouvait aussi être pris comme un signe d’attaque imminente par le Nord.

Selon le Financial Times, il y a une corrélation bien nette entre le soutien à un programme nucléaire sud-coréen et la peur d’un retour de Trump à la Maison Blanche. Alors que cette éventualité semble de plus en plus réaliste, les répondants au sondage sont 11% de plus que l’année dernière à considérer l’arme nucléaire préférable aux engagements américains.

Une opinion publique qui bascule
Et la Corée du Sud a les moyens de se lancer dans un programme nucléaire militaire. Elle fait juste partie des pays qui, jusqu’à présent, ont décidé de se réfréner. Mais cela pourrait très vite changer. Han Duck-soo, l’actuel Premier ministre du pays, a encore assuré le mois dernier que ce choix n’était pas à l’ordre du jour. Mais le maire de Séoul, Oh Se-hoon, défend, lui, ardemment l’option atomique, et il est présumé candidat à la présidentielle de 2027, rappelle le quotidien britannique.

“Les armes nucléaires ne peuvent être contrées que par des armes nucléaires” insistait encore récemment Oh Se-hoon. “S’appuyer uniquement sur la coopération entre la Corée du Sud et les États-Unis sous le parapluie nucléaire américain pose d’importantes limites à notre sécurité.”

“Assistance mutuelle” entre Moscou et Pyongyang


Le contexte mondial nourrit ce sentiment de crainte pour la sécurité du pays. Non seulement Trump pourrait revenir à la Maison Blanche, mais les Sud-Coréens assistent aussi au rapprochement entre la Corée du Nord et la Russie de Vladimir Poutine. Pyongyang et Moscou sont maintenant unis par un traité qui comprend une clause “d’assistance mutuelle”. Ce qui, de facto, crée des garanties de sécurité pour une Corée du Nord qui a inscrit dans sa constitution son statut d’État doté de l’arme nucléaire. Car une attaque préventive contre son programme pourrait signifier une entrée en guerre de la Russie.

Le club nucléaire compte pour l’instant cinq pays, selon le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (États-Unis, Russie, Royaume-Uni, France, Chine). Une liste à laquelle s’ajoutent trois autres, qui ont reconnu avoir des ogives, mais n’ont pas signé le traité: Inde, Pakistan et Corée du Nord. Il faut encore compter Israël, qui n’a jamais reconnu officiellement en posséder. À ces neuf pays pourrait donc se joindre un dixième, et si on a longtemps cru que ce serait l’Iran, la Corée du Sud pourrait bien reprendre une place dans la course.

……..7sur7


Source : 7sur7

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