Pourquoi les États-Unis défendent-ils l’Ukraine avec autant de vigueur et de milliards de dollars, alors que les deux pays n’entretenaient pas de rapports particulièrement étroits avant le mouvement de contestation de la place Maïdan, à Kiev, en 2013-2014? L’avis du journaliste et géopoliticien français Renaud Girard dans les colonnes du Figaro…
Washington multiplie les enveloppes de milliards de dollars à destination de Kiev depuis le début de l’invasion russe et, malgré quelques écueils politiques ponctuels, notamment en raison de l’opposition républicaine (majoritaire) au Sénat, force est de constater que l’engagement américain aux côtés de l’Ukraine reste total plus de deux ans après le lancement de “l’opération spéciale” dans l’est. Le soutien était d’ailleurs déjà clair dès les premières manifestations hostiles au président Viktor Ianoukovytch quand ce dernier avait refusé, sous pressions russes, de signer l’accord d’association entre l’Ukraine et l’Union européenne, en novembre 2013.
Sommet pour la paix… sans la Russie
Ces 15 et 16 juin s’est tenu en Suisse, à Bürgenstock, un premier sommet pour la paix qui a réuni plus de 90 pays mais marqué par l’absence de la Russie et de la Chine. Et si la majorité des États présents ont insisté sur le “dialogue entre toutes les parties” et le “respect de l’intégrité territoriale de l’Ukraine”, la conférence n’a pas débouché sur des résultats très encourageants. L’Inde, l’Arabie saoudite et les Émirats, partenaires économiques de la Russie, n’ont d’ailleurs pas soutenu la déclaration finale.
Poutine fixe ses conditions préalables
Juste avant le sommet, Vladimir Poutine avait posé ses propres conditions préalables à d’éventuelles négociations avec l’Ukraine: que les troupes ukrainiennes commencent par se retirer des régions de Donetsk, Lougansk, Kherson et Zaporijjia, revendiquées par Moscou, et que Kiev renonce à adhérer à l’Otan. Volodymyr Zelensky a rapidement rejeté ces conditions inacceptables et “l’ultimatum” à la “Hitler” du président russe. Le Kremlin a menacé de “durcir” ses critères en cas de refus.
“Défendre la démocratie?” Pas seulement…
Le journaliste et géopoliticien français Renaud Girard rappelle que les États-Unis ont déjà fourni à l’Ukraine “l’équivalent du plan Marshall” (en “dollars constants”), aide financière accordée à l’Europe par Washington à l’issue de la Seconde Guerre mondiale pour reconstruire un continent en ruines. Mais pourquoi l’Amérique soutient-elle à ce point l’Ukraine? Pas uniquement pour “défendre la démocratie”, rappelle l’expert, mais plutôt pour “empêcher l’émergence” d’autres puissances régionales “en Europe et en Asie, souligne-t-il en relayant l’analyse de Ronald O’Rourke publiée dans la revue “Questions internationales” (avril-mai 2024), destinée aux membres du Congrès américain.
“Défendre leurs intérêts” en Europe
Si les États-Unis ne sont plus l’hyperpuissance des années 1990, ils comptent bien, grâce à leur budget militaire pharaonique et sans égal, défendre leur leadership mondial face à l’ascension des “empires rivaux”, commente Renaud Girard, soit la Russie et la Chine, en priorité. L’invasion russe de l’Ukraine a ainsi offert aux Américains l’opportunité d’élargir l’Otan mais aussi de « bloquer la résurrection d’un Empire russe, susceptible de les concurrencer sur le continent européen”, conclut-il.
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Source : 7sur7