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Même si elle ne s’est pas totalement enlisée, la transition politique malienne n’avance plus comme on l’aurait souhaité. Trois ans après la rectification amorcée le 24 mai 2021, la dernière ligne droite a du mal à se dessiner à cause des enjeux et surtout de la divergence des intérêts. Les vieilles habitudes commencent naturellement à refaire surface faisant craindre à un retour à la case-départ à la première occasion qui se présente. Nous devons pourtant comprendre chacun et tous que la réussite ou l’échec du processus enclenché engage aussi bien notre responsabilité personnelle que collective…


Une génération plus que jamais interpellée et qui répondra inexorablement au tribunal de l’histoire sur la gestion des défis affrontés pour soigner le grand malade qu’est le Mali ! Telle est la nôtre. Nous avons eu la chance ou la malchance de nous retrouver au devant de la scène à un moment crucial de l’histoire de notre nation. Qu’on soit responsable ou non de ce qui arrive à notre pays, notre responsabilité est aujourd’hui engagée. Et cela quelle que soit la posture adoptée (acteur actif ou passif).
Comme le rappelle si bien un jeune leader politique de la commune I du district de Bamako, nous avons tous intérêt à « faire de la transition une vraie opportunité pour corriger les erreurs passées…» ! Des erreurs souvent liées aux querelles d’égos, à la haine des uns à l’égard des autres. Un vrai challenge, comme le dit un autre jeune leader, «autant la réussite de la transition est un souhait ardent, autant son échec demeure une aubaine pour d’autres ». Autrement dit, nous ne sommes pas sortis de l’ornière parce qu’incapable de tirer les enseignements du passé et de nous comporter en fonction des leçons apprises.

La transition fonce droit sur un mur d’incompréhension au risque de rendre stérile l’éprouvante résilience du peuple. Les vieilles habitudes commencent à refaire surface faisant craindre à un retour à la case-départ à la première occasion. Censés donner l’exemple et montrer la voie, les décideurs actuels ne semblent pas avoir réellement compris les enjeux de leur position actuelle pour inspirer leurs concitoyens. Ce qui donne l’impression que le changement espéré à l’issue des réformes de la refondation commence à paraître au citoyen lambda comme un autre leurre. Ils sont nombreux à craindre que cette impression du leurre l’emporte sur une réelle volonté de changer en offrant au pays une vraie opportunité de développement !
Ce qui se comprend aisément car quand l’effet du sacrifice consenti tarde à se manifester, le doute commence à s’installer. Pis, on commence à croire que ceux qui doivent montrer la voie à suivre ne veulent pas trimer comme le Malien lambda. L’affaire des primes et des indemnités des membres du Conseil national de la transition (CNT) a malheureusement conforté cette impression.
Il revient maintenant à ceux qui sont aux commandes de faire en sorte que cela (doute) reste juste une impression isolée, qu’elle ne se généralise pas au point de compromettre l’immense espoir que fait planer l’avènement du Mali Kura ! Il faut non seulement maintenir cet espoir, mais aussi donner des gages pour consolider la confiance que la majorité des Maliens a toujours placée aux autorités actuelles. Ce qui sera difficile quand certaines forces vives se sentiront toujours flouées. «N’est-il pas temps de se détromper en pensant que nous sommes dans une transition ? Après 4 ans sans prouver une volonté de transférer la gouvernance, il faudra bien se mettre à l’évidence», réagissait par exemple un acteur politique à la publication de notre jeune leader politique de la commune I.
Nous sommes parfaitement d’accord avec le Conseil de paix et de sécurité (CPS) de l’Union africaine (UA) quand il rappelle que «l’expiration de la 2e période de transition exigeait de larges consultations préalables en vue d’un consensus pour organiser les élections». C’est une erreur de penser que le Dialogue inter-malien a comblé ce besoin de se rassembler pour décider de l’avenir immédiat d’autant plus que des acteurs non moins importants se sont sentis exclus du processus. Et les recommandations d’ordre politique du DMI ne sont pas sans équivoques.
Notre impression est que nous fonçons un mur d’incompréhension bâti par la volonté de défendre des intérêts particuliers dans les différents camps.  En effet, comme le dit notre jeune leader politique, «la transition perdure parce que nous ne sommes pas encore ensemble». Il est pourtant clair qu’il ne saurait avoir de mur infranchissable si tout le monde est réellement préoccupé par l’intérêt général, l’avenir de la nation, le sort des générations futures de Maliens.
Notre élu communal, malgré sa jeunesse, est un exemple type du citoyen dont le Mali Kura a ce besoin pour se réaliser. Il incarne en effet les valeurs essentielles que chaque Malien doit cultiver pour non seulement sortir de l’impasse actuelle, mais aussi pour permettre au pays d’envisager un avenir serein. Sans céder aux compromissions, ce symbole de la génération consciente est prêt à toutes les concessions et à tous les sacrifices quand il s’agit de créer les conditions de l’union sacrée pour relever le Mali. Il sait mettre son pays au-dessus de toutes les autres considérations, de tous les autres intérêts.
C’est ce sacrifice que tout citoyen réellement préoccupé par le sort de sa patrie doit accepter. Prendre conscience de cela doit nous obliger à faire de la nation notre seule et unique priorité du moment. Certes des divergences peuvent naître de la seule manière dont les uns et les autres veulent procéder pour le bonheur du peuple. Mais, si telle est une volonté réelle et sincère, elles (divergences) finiront pas s’estomper en ouvrant une voie consensuelle pour y parvenir.
Visiblement, les contradictions sont profondes et se nourrissent du manque de cohérence de certains acteurs beaucoup plus soumis à leur ego et oubliant que c’est de «notre Mali» qu’il s’agit avant tout. Face à la responsabilité historique à laquelle personne ne peut se dérober, nous devons mettre les egos en sourdine. Et cela d’autant plus que, comme notre élu, nous sommes convaincus que «si nous nous mettons tous ensemble avec en tête que seul le collectif est le socle de chaque individu, nous réussirons à coup sûr» à mener cette transition à bon port et plus tôt qu’on ne le pense.
Avançons donc le regard fixé sur une échéance commune dans le seul intérêt du pays. Faisons donc fi de tout le reste pour le moment !
Moussa Bolly
Source : Le Matin

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