Les rumeurs de son départ imminent de la primature avaient fait le tour des salons feutrés, des bureaux, des grins, des ateliers et autres lieux publics, tout au long de la semaine dernière et pourtant il demeure toujours à son poste. Comme un Phoenix, cet oiseau mythique qui renait toujours de ses cendres, le Premier Ministre Choguel K Maiga, puis que c’est de lui qu’il s’agit se maintient à son poste envers et contre tous. Pour combien de temps va-t-il encore résister et se maintenir à son poste ?
Pourquoi le Président de la transition n’arrive-t-il pas à se débarrasser facilement de lui ? Pour rappel la première tentative pour se débarrasser de lui a vraisemblablement eu lieu pendant sa période de convalescence consécutive à sa maladie. Sa longue retraite sanitaire qui lui a tenu à l’écart de son fauteuil a failli lui coûter son poste. Mesurant les conséquences sociopolitiques de l’éviction du PM en état de convalescence, le Président Assimi Goita lui a balancé un vice premier ministre, en l’occurrence le Colonel Abdoulaye Maiga. Ce dernier, jouissant d’un capital-confiance de la part du Président de la transition fait feu de tout bois, se croyant investi de mêmes missions que le Premier ministre coupe l’herbe sous les pieds de Choguel K Maiga. Ce dernier qui aurait dû être tiqué dans son orgueil et son honneur pour rendre le tablier a plutôt fait le choix de s’accrocher en se contentant de la coquille vide. En effet, après avoir échappé de justesse à la relégation, au lieu de renforcer le M5 RFP et de surcroît se rapprocher de la classe politique, il a plutôt continué dans son aventure revancharde, avec des diatribes vexatoires contre le mouvement démocratique en général et les partis politiques en particulier, pensant pouvoir gagner l’estime et la confiance du Président de la transition. Aujourd’hui il est dans le collimateur de son patron qui a l’intention de le remplacer sans coup férir, mais c’était sans compter sur la boulimie du pouvoir du PM, qui a fini par dire un niet catégorique. Ce non qu’il aurait opposé à la demande de démission à lui proposée par le Président de la transition a fini par créer une tension entre les autorités auteures du coup d’Etat qui sont désormais divisées entre pro et anti Choguel. Ce bras de fer va-t-il durer longtemps ?
Pour rappel, après une première tentative infructueuse de l’éjecter de son fauteuil primatorial, le PM a vu ses prérogatives réduites à leur strict minimum. Une deuxième tentative de mettre purement et simplement fin à son bail, en le poussant jusqu’à son dernier retranchement a eu lieu lors du dernier remaniement ministériel où le PM qui a été reconduit de justesse n’a non seulement pas été consulté, mais il a été totalement désarmé car tous ses fidèles lieutenants du M5 RFP ont été débarqués du bateau. Il dénoncera ce revers cinglant près de deux ans après la composition du Gouvernement, dans un mémorandum à polémique. Ce document qui a valu la mise sous mandat de dépôt de son signataire qui se trouve être un proche conseiller du PM, sonne le glas de la lune de miel entre Choguel et Assimi. C’est désormais un bras de fer qui est engagé entre le Président et son premier ministre. La question que l’on est en droit de se poser est celle de savoir pourquoi le Président de la transition tergiverse-t-il à abroger le décret de nomination du Premier ministre ? La réponse est certainement à chercher du côté du Président de la transition qui, mesurant la capacité de nuisance de son PM et faisant face à l’opposition de certains des auteurs du coup d’Etat, réfléchira mille fois avant d’abroger son décret. Le PM, selon son entourage, détiendrait des secrets qu’il serait prêt à dévoiler si l’on venait à se débarrasser de lui, ce qui pourrait affaiblir le Président Assimi Goita. Faux rétorque un proche du Président Assimi Goita. Ce dernier serait à la recherche d’un homme intègre et capable de rassembler les maliens autour des objectifs de la transition. Quant aux partisans du PM, a-t-il martelé, ils peuvent continuer à s’agiter, mais il n y a qu’un seul commandant à bord du Bateau-Mali c’est le Colonel Assimi Goita.
Youssouf Sissoko
Source : L’Alternance