Alors qu’un redressement de la Transition, après une rectification manquée, pointe à l’horizon, à en juger notamment par les rumeurs d’une consultation en cours pour un nouveau chef du gouvernement, le clan Choguel, au détour d’une commémoration des trois ans de la rectification de la Transition, a choisi de briser le silence en annonçant les couleurs par un mémorandum rendu public, vendredi…
Tout en dénonçant des pratiques qu’ils jugent inimaginables pour le Malien lambda – et dont ils refusent d’être les complices – , les proches du PM Choguel prennent leur distance vis-à-vis des recommandations issues du DIM qualifiées de «tendancieuses» au passage.
Le clan Choguel crie par ailleurs à la violation d’un «Pacte d’honneur» jusqu’ici méconnu du public et qui serait passé à Kati, le 24 Mai 2021, entre les ailes civiles et militaires de la Transition. Il dénonce notamment le limogeage et le remplacement de presque tous les ministres du M5-RFP, sans consultation ni proposition du Premier ministre et non moins Président du M5-RFP.
Le mémorandum évoque bien d’autres motifs de frustration, à savoir : l’exclusion du chef du gouvernement du processus de finalisation de la réorganisation territoriale, de la gestion de la crise énergétique, de la campagne référendaire et «du meeting de la honte du 8 juin 2023» ainsi que de la décision de reporter les élections. Ses partisans relèvent, dans la même veine, son absence injustifiable dans le processus de création de l’Alliance des Etats du Sahel (AES), quoiqu’il en a souvent fait un instrument de propagande. Idem pour le
Dialogue Inter-Maliens dont ils désapprouvent les recommandations en rapport avec la prorogation de la durée de la Transition ainsi qu’avec l’élévation de six (6) colonels en grade. En effet, une nouvelle durée de 5 ans de Transition paraît à leurs yeux superflus pour avoir été retenue dans les mêmes proportions par les ANR, tandis qu’un avancement sélectif en grade serait porteur de frustrations au sein des rangs.
À défaut d’une hostilité affichée à la candidature annoncée du Col Assimi Goita à la prochaine présidentielle, les fidèles de Choguel s’opposent farouchement à toute négociation avec les chefs terroristes et anciens groupes indépendantistes.
Au détour de sa rupture avec l’aile militaire de la Transition, les adeptes de la Primature font un clin d’œil opportuniste aux victimes des tueries de 2020 et s’indignent du traitement judiciaire réservé à ce dossier trop longtemps relégué aux oubliettes. Sont dénoncées dans la foulée «les arrestations extrajudiciaires» d’Amara Bathily, «les poursuites et condamnations judiciaires sélectives» dont le cas Abdel Kader Maïga, ainsi que l’impunité accordée aux pourfendeurs du Premier ministre, chef d’institution.
Les amis de Choguel en profitent par ailleurs pour mettre en garde les militaires et prévenir en même temps que la lutte du M5-RFP ne sera pas «galvaudée encore moins trahie pour quelques motifs que ce soit». Tous les signaux convergent en définitive vers un retour imminent à l’opposition aussitôt leur commandant en chef débarqué de la Primature, même si la porte paraît entrouverte à un éventuel compromis.
Les hautes autorités sont en effet exhortées à épargner au processus de la Transition les risques d’une instabilité et à s’interdire toutes démarches susceptibles d’encourager le retour des forces hostiles ou des pratiques contraires au changement.
Sauf que le M5 du PM en disgrâce s’affiche désormais contre la Transition par des griefs à peine moins acerbes que ceux des tendances souvent taxées d’apatrides par ses partisans pour les mêmes dénonciations et récriminations.
S’opère en définitive une convergence logique de perceptions avec courants dites hostiles que Choguel Maïga saura difficilement traduire en jonction des forces et causes communes pour s’être progressivement rendu infréquentable sur la scène politique tout au long de son séjour à la Primature.
C’est pourquoi, l’option du cavalier seul paraît plus plausible au regard de la tendance du mémorandum à créditer le mentor d’une virginité aux yeux de l’opinion, en n’associant sa responsabilité qu’aux aspects du bilan de la Transition qui lui paraissent positifs : refondations du dialogue social, de la gouvernance, de la politique économique nationale, de la politique agro-pastorale, de la citoyenneté, du système électorale, émergence du Maliden Koura, etc.
Amidou Keita
Source : Le Témoin