New Delhi peut rester partenaire de Washington dans certains domaines, mais ne craint pas de montrer son désaccord à l’Occident si nécessaire, estime Timour Fomenko...
Après que l’Inde a conclu un accord avec l’Iran sur le port de Chabahar, les États-Unis ont riposté, en menaçant New Delhi de sanctions.
Cela a mis en évidence une éventuelle divergence géopolitique croissante entre les deux pays au cours des dernières années, même si les États-Unis ont promu l’Inde au niveau de partenaire stratégique essentiel vis-à-vis de la Chine.
Depuis 2017, les États-Unis ont fait de l’Inde l’un de leurs principaux partenaires. Ils sont même allés jusqu’à rebaptiser toute une région en « Indopacifique », voyant en New Delhi un atout stratégique clé dans leur longue quête visant à contenir la poussée de la Chine.
Ainsi, l’Inde a été saluée pour son engagement en faveur de la démocratie, son potentiel en tant que nouveau géant économique et industriel, et elle a été intégrée à un groupe connu sous le nom de QUAD aux côtés de l’Australie et du Japon. New Delhi était heureux de capitaliser sur ces ouvertures stratégiques pour favoriser sa propre ascension économique et politique en tant que grande puissance.
Alors que les relations entre l’Occident et la Chine se sont aigries, le Premier ministre Narendra Modi a compris que le temps de l’Inde était venu. New Delhi de plus en plus éloigné des objectifs américains ?
Mais tout d’un coup cet optimisme retrouvé à l’égard de l’Inde a fondu, malgré l’engagement économique croissant de l’Occident envers le pays.
New Delhi semble de plus en plus éloigné des objectifs américains au point même que le QUAD a récemment été marginalisé au profit d’un nouveau groupe baptisé le Squad, avec la participation des Philippines pro-américaines de Ferdinand Marcos Jr. prenant la place de l’Inde. C’est comme si les États-Unis pensaient que Manille ferait plus que New Delhi pour coopérer sur des objectifs anti-chinois, par exemple en organisant des exercices militaires conjoints.
Ainsi, vu de près, l’Inde semble sombrer dans un isolement relatif. Que s’est-il passé ? Tout d’abord, l’Inde mène une politique étrangère indépendante et strictement intéressée. Elle pourrait être disposée à se rapprocher des États-Unis pour son propre profit, mais cela n’en fait pas un « allié ».
Les États-Unis peuvent soumettre beaucoup de pays à leurs objectifs de politique étrangère, comme la Grande-Bretagne, les pays baltes ou les Philippines, mais l’Inde ne s’y joint que si elle le juge nécessaire.
Il est absurde d’affirmer que New Delhi fait partie d’une cause idéologique pour « la démocratie et la liberté », et ses dirigeants n’ont jamais envisagé une telle coopération de cette manière, malgré leurs revendications à l’égard de la Chine.
L’Inde n’est pas en faveur du monde unipolaire avec les États-Unis à sa tête, comme le feraient la Grande-Bretagne ou l’Australie. Au contraire, elle cherche à devenir une puissance à part entière dans un monde multipolaire.
L’Inde en désaccord avec l’Occident si nécessaire Ce faisant, l’Inde entre de manière active en désaccord avec les États-Unis et leurs alliés lorsque cela est nécessaire.
Au cours des deux dernières années, ces points de désaccord entre New Delhi et l’Occident se sont multipliés en raison des changements inévitables du climat international qui ont attisé les conflits géopolitiques.
L’Inde est intéressée à équilibrer la montée en puissance de la Chine, car elle reconnaît qu’elle pourrait bénéficier économiquement de la réorganisation des chaînes d’approvisionnement et de production.
Toutefois, lorsque la politique étrangère menée par les États-Unis tente d’écraser toute la multipolarité à son propre profit, cela devient un problème stratégique pour l’Inde, en créant une divergence d’objectifs entre les deux nations. La guerre en Ukraine en est un exemple éloquent.
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Source : RT en français