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Alors que le monde entier célèbre la Journée mondiale de l’Afrique, la question de savoir ce qui empêche encore son émancipation persiste...

La Journée de l’Afrique a été créée le 25 mai 1963 sous l’égide de l’Organisation de l’unité africaine (OUA) pour rendre hommage à la diversité des cultures, de l’histoire et des luttes collectives de l’Afrique contre le colonialisme, l’impérialisme et l’esclavage.

Elle est célébrée non seulement par les Africains en Afrique, mais aussi parmi la diaspora. En effet, cette journée est l’occasion de réfléchir aux acquis, aux enjeux, aux insuffisances et aux perspectives de l’Afrique.

Pourtant, c’est une fête dont la population africaine est à peine informée, car elle est exclue du système de gouvernance à cause de l’élitisme omniprésent.

Ce dédain envers le peuple fait partie de l’héritage colonial. La Journée de l’Afrique n’est donc reconnue que par quelques États membres de l’Union africaine (UA) qui a succédé à l’OUA.

Les Africains se dénigrent eux-mêmes inconsciemment Il est impératif que les Africains s’affirment en permanence. Depuis quelques années, je constate que les célébrations de la Journée de l’Afrique au sein des établissements d’enseignement de certains pays africains se réduisent à la présentation de danses, de cuisines et de tenues traditionnelles, notamment de dashiki.

Cela s’accompagne également de l’expression d’un nationalisme étroit par des levées de drapeaux. Cette vision romantique de l’Afrique et de ses cultures est profondément simpliste et évoque le sectarisme.

Le drapeau, symbole du nationalisme et du militarisme, devient donc axiomatiquement source de division et de destruction, car il symbolise des frontières coloniales vides de sens pour lesquelles les Africains se chamaillent. Ainsi, les Africains se dénigrent inconsciemment et délibérément et font progresser le stratagème colonial consistant à diviser pour régner.

Ils luttent pour leur authenticité au milieu d’un mimétisme omniprésent. Par conséquent, la Journée de l’Afrique, au lieu d’être une occasion pour le continent de s’affirmer, met en avant ses insécurités et ses angoisses. Il s’agit donc d’une bizarrerie !

L’Afrique, en quête d’une véritable libération 26 mai 2024 Source: AFP (Image d’illustration). Suivez RT en français sur Telegram Alors que le monde entier célèbre la Journée mondiale de l’Afrique, la question de savoir ce qui empêche encore son émancipation persiste. Cet article a été initialement publié sur RT International par Westen K. Shilaho, spécialiste en relations internationales et chercheur à l’université du Witwatersrand, Johannesbourg.

La Journée de l’Afrique a été créée le 25 mai 1963 sous l’égide de l’Organisation de l’unité africaine (OUA) pour rendre hommage à la diversité des cultures, de l’histoire et des luttes collectives de l’Afrique contre le colonialisme, l’impérialisme et l’esclavage.

Elle est célébrée non seulement par les Africains en Afrique, mais aussi parmi la diaspora. En effet, cette journée est l’occasion de réfléchir aux acquis, aux enjeux, aux insuffisances et aux perspectives de l’Afrique.

Pourtant, c’est une fête dont la population africaine est à peine informée, car elle est exclue du système de gouvernance à cause de l’élitisme omniprésent.

Ce dédain envers le peuple fait partie de l’héritage colonial. La Journée de l’Afrique n’est donc reconnue que par quelques États membres de l’Union africaine (UA) qui a succédé à l’OUA.

Les Africains se dénigrent eux-mêmes inconsciemment Il est impératif que les Africains s’affirment en permanence. Depuis quelques années, je constate que les célébrations de la Journée de l’Afrique au sein des établissements d’enseignement de certains pays africains se réduisent à la présentation de danses, de cuisines et de tenues traditionnelles, notamment de dashiki.

Cela s’accompagne également de l’expression d’un nationalisme étroit par des levées de drapeaux. Cette vision romantique de l’Afrique et de ses cultures est profondément simpliste et évoque le sectarisme.

Le drapeau, symbole du nationalisme et du militarisme, devient donc axiomatiquement source de division et de destruction, car il symbolise des frontières coloniales vides de sens pour lesquelles les Africains se chamaillent. Ainsi, les Africains se dénigrent inconsciemment et délibérément et font progresser le stratagème colonial consistant à diviser pour régner.

Ils luttent pour leur authenticité au milieu d’un mimétisme omniprésent. Par conséquent, la Journée de l’Afrique, au lieu d’être une occasion pour le continent de s’affirmer, met en avant ses insécurités et ses angoisses. Il s’agit donc d’une bizarrerie !

Lire aussi Burkina Faso : une feuille de route signée avec Rosatom pour développer le nucléaire civil Dans l’esprit de la Journée de l’Afrique, l’OUA a été le fer de lance de la libération du colonialisme et de la domination d’une minorité blanche (apartheid) en Afrique du Sud. Mais à la suite de la transition démocratique de l’Afrique du Sud en 1994, l’OUA s’est effectivement essoufflée. Malgré la noblesse de sa cause et de son mandat, elle est devenue étroite et obsolète.

Il était nécessaire de reconsidérer les efforts d’intégration régionale en Afrique, ce qui explique le fondement de l’Union africaine (UA) en 2002, pour remédier aux échecs inhérents de l’OUA et pour répondre à l’évolution de l’ordre mondial qui a suivi le triomphalisme occidental. Les inefficacités persistantes de l’OUA ont été cimentées dans sa charte par la doctrine de non-ingérence qui rendait la souveraineté absolue. Elle interdisait à l’OUA et à ses États membres d’interférer dans les affaires intérieures d’autres pays.

Par conséquent, les tyrans commettaient en toute impunité des violations flagrantes des droits de l’homme. Par exemple, Idi Amin, qui présidait à la répression de l’État en Ouganda, a dirigé l’OUA en 1975, et l’Ouganda faisait partie de la Commission des droits de l’homme des Nations Unies de 1977 jusqu’à 1979. Cela illustre la dépravation qui a envahi l’OUA, ainsi que le manque permanent d’engagement de l’UA et de la communauté internationale en matière des droits de l’homme.

En revanche, dans la charte de l’UA, la doctrine jugée rétrograde de non-ingérence a été remplacée par celle de non-indifférence qui permet d’intervenir en cas de violations flagrantes des droits de l’homme, telles que les crimes de guerre, les crimes contre l’humanité et le génocide.

Cela signifie que la souveraineté a été redéfinie comme une responsabilité. Cependant, les dirigeants africains sont toujours réticents à dénoncer leurs pairs qui commettent des atrocités à l’égard de leur peuple.

Cette redéfinition de la souveraineté a été motivée par l’inaction au cours du génocide au Rwanda de 1994 et des atrocités commises dans les Balkans à peu près à la même période. Au Rwanda, près d’un million de personnes ont été massacrées en 100 jours, sous les yeux de l’Afrique et du reste du monde qui sont restés les bras croisés.

Par conséquent, le principe de « responsabilité de protéger » est devenu un élément de la gestion des conflits, même si son application est entravée par la géopolitique, le manque de volonté politique et l’hypocrisie.

Au niveau international, la responsabilité de protéger suscite des accusations de renversement du régime lorsqu’elle est appliquée de manière unilatérale, comme ce fut le cas de l’Irak en 2003 lorsque les États-Unis l’ont envahi pour renverser Saddam Hussein.

L’invasion de la Libye en 2011 par l’Organisation du traité de l’Atlantique nord (OTAN), approuvée par le Conseil de sécurité des Nations unies et revêtant un caractère multilatéral, a évincé Mouammar Kadhafi qui a été tué par la suite.

Défi éducatif La Journée de l’Afrique est aussi l’occasion de réfléchir à l’éducation et la formation en Afrique.

Selon le site internet de l’UA, le thème de l’année 2024 est « Éduquer un Africain digne du XXIe siècle : construire des systèmes éducatifs résilients pour un accès accru à un apprentissage inclusif, tout au long de la vie, de qualité et pertinent en Afrique ».

Le thème est opportun, mais aussi aberrant. On ne soulignera jamais assez le rôle clé de l’éducation dans la prospérité et la position de l’Afrique. Je me demande, toutefois, ce que le XXIe siècle a de si spécial qui pourrait excuser l’absence d’investissements dans la formation de masse pour garantir l’inclusion et la cohésion sociale ?

La formation d’un prétendu Africain digne du XXIe siècle aurait dû débuter peu après l’indépendance.

L’éducation doit être assurée en continu et non pas banalisée comme un sujet à la mode. L’éducation de qualité et inclusive a été négligée, alors que les élites africaines parlent avec désinvolture du développement accéléré et de progrès technologique dans le cadre de l’Agenda 2063.

En savoir plus sur RT en français: https://francais.rt.com/opinions/111307-afrique-quete-d-veritable-liberation

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Source : RT en français

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