La diplomatie française a rappelé ses multiples alertes sur « l’impératif de respect strict du droit international humanitaire » à Gaza, là où Berlin a estimé que «le gouvernement israélien a le droit et le devoir de protéger et de défendre sa population» contre les agissements du Hamas…
C’est une annonce qui a bousculé le monde géopolitique, lundi. Le procureur de la Cour pénale internationale (CPI) a réclamé des mandats d’arrêt contre le Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahou, et des dirigeants du Hamas pour des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité présumés commis dans la bande de Gaza et en Israël.
En Europe, si la France a apporté son soutien à la Cour, l’Allemagne a regretté cette décision, estimant qu’elle donnait une « impression fausse d’équivalence ».
« La France soutient la Cour pénale internationale, son indépendance, et la lutte contre l’impunité dans toutes les situations », a indiqué le Quai d’Orsay dans la nuit de lundi à mardi. « La France a condamné dès le 7 octobre les massacres antisémites perpétrés par le Hamas. Ce groupe terroriste a revendiqué des attaques barbares dirigées contre des civils, accompagnées d’actes de torture et de violences sexuelles qu’il a lui-même documentés, y compris en les diffusant et en les célébrant », poursuit Paris.
A propos d’Israël, « la France alerte depuis de nombreux mois sur l’impératif de respect strict du droit international humanitaire et notamment sur le caractère inacceptable des pertes civiles dans la bande de Gaza et d’un accès humanitaire insuffisant », ajoute le communiqué. Et de souligner qu’une « solution politique durable » est la « seule » voie pour « rétablir un horizon de paix ».
« Des faits très différents »
Berlin s’est montré de son côté plus réservé sur la décision concernant Israël : « La demande simultanée de mandats d’arrêt contre les dirigeants du Hamas, d’une part, et contre les deux responsables israéliens, d’autre part, a donné l’impression fausse d’équivalence », a indiqué dans un communiqué le ministère allemand des Affaires étrangères, tout en soulignant respecter « l’indépendance » de la CPI.
Berlin ajoute que le tribunal de La Haye « devra évaluer des faits très différents », suite à la requête du procureur : « Les dirigeants du Hamas sont responsables d’un massacre barbare au cours duquel, le 7 octobre, des hommes, des femmes et des enfants ont été sauvagement assassinés, violés et enlevés en Israël. Le Hamas continue de détenir des otages israéliens dans des conditions innommables, d’attaquer Israël à la roquette et d’utiliser la population civile de Gaza comme bouclier humain », expose la diplomatie allemande.
Face à cela, « le gouvernement israélien a le droit et le devoir de protéger et de défendre sa population contre ces agissements », ajoute le ministère, qui ajoute qu’à cet égard « le droit international humanitaire et toutes ses obligations doivent s’appliquer ».
« La Cour devra répondre à un certain nombre de questions difficiles, y compris la question de sa compétence et de la complémentarité des enquêtes des Etats de droit concernés, comme Israël », estime Berlin, Israël n’étant pas Etat partie de la CPI.
« Homicide intentionnel » et « extermination »
Au huitième mois de la guerre dans la bande de Gaza, le procureur de la CPI, Karim Khan, a déclaré lundi avoir réclamé des mandats d’arrêt contre Benyamin Netanyahou et son ministre de la Défense, Yoav Gallant, pour des crimes tels que « le fait d’affamer délibérément des civils », « homicide intentionnel » et « extermination et/ou meurtre » en lien avec l’opération israélienne à Gaza.
Karim Khan a aussi demandé des mandats contre trois hauts dirigeants du Hamas – Ismaïl Haniyeh, Mohammed Deif et Yahya Sinouar – pour notamment « l’extermination », « le viol et d’autres formes de violence sexuelle » et « la prise d’otages en tant que crime de guerre ».
Si Paris soutient la CPI, le président américain, Joe Biden, tout comme l’Allemagne, a défendu Israël face à la justice internationale, jugeant « scandaleuse » la demande de mandats d’arrêt contre des dirigeants israéliens. Son chef de la diplomatie, Antony Blinken, a déclaré que la démarche du magistrat était « une honte ».
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Source : Nouvel Obs
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