Comment Emmanuel Macron, le plus jeune président de la Vème République, a-t-il pu collectionner autant de casseroles depuis sa première élection en 2017 ? Dans Emmanuel au Sahel. Itinéraire d’une défaite, la journaliste Leslie Varenne, spécialiste de l’Afrique, livre un portrait accablant de ce « président qui ne sait pas qu’il ne sait pas » (*)…
À l’image du Petit Poucet semant des cailloux blancs derrière lui, Emmanuel Macron lâche gaffes, bavures, maladresses, et autres initiatives catastrophiques à chacun de ses déplacements en Afrique. On en viendrait presque à se demander s’il ne le ferait pas exprès, étant secrètement animé, pour des raisons obscures, du désir de rendre la France définitivement radioactive sur le continent. Leslie Varenne constate que les autres pays européens ne sont surtout pas prêts à coopérer militairement avec la France. « Paris hors-jeu, le duo Berlin/Rome avance ses pions », souligne-t-elle. Rome a ainsi organisé un grand sommet Afrique/Italie « où le ban et l’arrière-ban des dirigeants africains étaient présents. Un tel événement serait-il encore possible à Paris ? Il est permis d’en douter ».
Promesses non tenues.
Dès l’introduction, cet excellent ouvrage, fort bien documenté, rappelle les propos d’Emmanuel Macron au lendemain de son élection en 2017 : « l’opération Barkhane ne s’arrêtera que le jour où il n’y aura plus de terroristes islamistes dans la région et où la souveraineté pleine et entière des États du Sahel sera restaurée. Pas avant ». Cinq ans après ce discours inaugural, les terroristes islamistes occupaient toujours plus de territoires, « l’opération Barkhane quittait le Mali, dans la foulée elle était sommée de plier bagage au Burkina Faso puis au Niger ». Et la déroute n’est pas terminée : le Sénégal vient d’annoncer qu’il souhaitait, lui aussi, mettre les soldats tricolores à la porte.
Prise de pouvoir anticonstitutionnelle
Alors qu’Emmanuel Macron n’a que le mot « démocratie » à la bouche lorsqu’il foule le sol africain, il n’hésite pas à adouber Mahamat Idriss Déby qui, au lendemain de la mort violente de son père Idriss Déby, se coiffe du titre de président par intérim. Alors que selon la constitution tchadienne, le pouvoir aurait dû être transmis au président de l’Assemblée nationale. Bref, le président français cautionne sans hésitation cette prise de pouvoir anticonstitutionnelle. Accompagné par Jean-Yves Le Drian, ministre des Affaires étrangères, Emmanuel Macron sera le seul chef d’État occidental à assister aux obsèques d’Idriss Déby, qui a cumulé cinq mandat présidentiel consécutif. Juste avant sa disparition, il venait juste d’être brillamment réélu pour un sixième mandat avec… 79,32 % des suffrages.
Mahamat Idriss Déby n’en sera pas pour autant très reconnaissant au locataire de l’Élysée. En janvier 2024, il a été reçu fastueusement par Vladimir Poutine. « Les deux hommes ont devisé autour d’une petite table de salon qui contrastait avec celle de six mètres de long utilisée lors de la rencontre entre Emmanuel Macron et Vladimir Poutine, en février 2022. Cette inégalité de traitement n’a pas manqué d’être largement commentée », écrit la journaliste Leslie Varenne.
Enfin, que penser du choix, par le successeur du général de Gaulle, d’une anglophone, Louise Mushikiwabo, ancienne ministre des Affaires étrangères du Rwanda, pour présider l’Organisation internationale de la francophonie (OIF) ? D’autant que cette nomination n’a pas manqué de fâcher les 95 millions d’habitants francophones de la République démocratique du Congo, « agressés à l’Est de leur pays depuis 1996 par le voisin rwandais ». En refermant Emmanuel au Sahel, le lecteur n’a pas forcément compris si Macron est entouré de bons conseillers qu’il n’écoute pas, de mauvais conseillers, qu’il écoute, ou pas de conseillers du tout.
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Source : Mondafrique