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Ce modèle que nous pouvons et devons bâtir sera un modèle dans lequel tous les Maliens se retrouvent et se reconnaissent. Trop de Maliens sont morts pour le véritable changement et nous ne devons pas arrêter la quête de celui-ci. Opinion d’un citoyen lambda.

À bien y penser, l’idée diviser les fils d’un même pays en militaires et politiciens voire d’autres catégories ne rime à rien. Ces catégorisations nous viennent surtout de l’extérieur, notamment des influenceurs qui racontent ce qui se passe chez nous avec leur narratif par le biais d’une certaine presse.  Le plus grave est que ces intoxications qui sont loin de coller à notre réalité sont bêtement reprises en relais par des faibles pas toujours conscients des véritables enjeux à moins qu’ils ne s’en fichent pour des intérêts personnels. Les Maliens  ne doivent pas consommer ces narratifs sur nous et nos pays sans analyses préalables.

En Afrique, vous  entendrez ces officines d’intoxication leurs médias de service  parler toujours  de partis d’opposition pour caractériser ceux partis qui n’ont pas gagné les élections. Aux États Unis, on vous parlera seulement de démocrates ou de républicains et chacun de ces mots renvoie à des projets de société et des politiques publiques bien définies. En France, ce sont les concepts de droite et de gauche qui sont utilisés.

Pourquoi n’inventons- nous pas nos propres concepts pour mieux définir les différentes tendances occupant  notre espace politique ? Nous devons apprendre à dire aux autres ce que nous sommes réellement et de façon claire ce que nous voulons. Pourquoi ne pas s’intéresser de plus près aux politiques publiques et autres projets de société miroités par ceux qui se battent pour le pouvoir ?

Cette profondeur d’analyse nous manque dans la plupart des cas pour choisir nos dirigeants et c’est pourquoi des questions superficielles sont débattues le plus souvent. Un militaire au pouvoir est confronté aux mêmes problèmes et aux mêmes réalités que les politiciens contre lesquels une généralisation trop simpliste est faite au risque de provoquer l’amalgame.

C’est surtout en temps de guerre qu’un pays a besoin de bonne gouvernance

La réalité est qu’il y a des bons politiciens et des mauvais politiciens comme dans tous les pays du monde. De la même façon il y a de bons militaires et sérieux et il y en de mauvais aussi. Militaires et ceux qu’on qualifie de politiciens sont tous issus de la même société et ont toujours gouverné ensemble, peu importe que le chef soit militaire ou civil. Leurs catégorisations actuelles n’apportent pour moi aucune valeur ajoutée pour la bonne gouvernance du pays.

Des non militaires  ont bien mené des guerres avec beaucoup de réussite

Ceux qui pensent que les militaires sont les mieux placés pour gouverner le pays actuellement, compte tenu de la situation sécuritaire, doivent apporter des arguments solides pour convaincre car l’histoire du monde est remplie d’exemples de pays dirigés par des non militaires qui ont bien mené des guerres avec beaucoup de réussite. Il pourrait être aussi opposer aux tenants de la thèse militaire qu’aucune corporation seule ne peut bien gérer un pays car l’intérêt général risque d’être rétrogradé au second rang par rapport aux intérêts corporatistes (pour des raisons de survie).

On peut ajouter enfin que c’est surtout en temps de guerre qu’un pays a besoin de bonne gouvernance car les enjeux sont plus difficiles : il faut financer et la guerre et le développement en même temps. Les deux sont nécessaires pour la stabilisation du pays.

Que des hommes politiques au Mali aient mal appliqué les principes et valeurs de la république et de la démocratie ne fait l’objet d’aucun doute. Mais, de grâce, ne jetons pas le bébé avec l’eau de bain ! Trop de Maliens sont morts pour le véritable changement et nous ne devons pas arrêter la quête de celui-ci. Nous devons et pouvons construire notre modèle de démocratie. Un modèle dans lequel tous les Maliens se retrouvent et se reconnaissent.

Opinion d’un citoyen lambda

Harouna Niang

Source : Le Challenger

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