0 0
Read Time:5 Minute, 9 Second

Depuis les années 2020 la situation politico-sécuritaire des pays du Sahel, en l’occurrence  du  Burkina Faso, Mali, Niger,  devient de plus en plus préoccupante. C’est notamment cette situation qui incita les élites militaires maliennes, burkinabé, nigérienne  à  prendre les rênes  du pouvoir par des Coup  d’Etat. Après ces changements anticonstitutionnels, la CEDEAO infligea une sanction très lourde contre ces pays récalcitrants. Malgré la levée de ses sanctions  de la CEDEAO, les trois pays désormais regroupés au sein de l’AES, ont décidé de quitter  l’organisation sous-régionale. Depuis le torchon ne cesse de brûler entre certains pays (faucons) de  la CEDEAO et ces pays de l’AES.

C’est notamment le cas entre le Benin et le Niger. Ce dernier refusant  de rouvrir ses frontières avec son voisin qui l’a déjà rouvert. Cette tension entre ces deux pays peut-elle être considérée comme  la menace de la guerre froide entre les Grades Puissances  dont l’Afrique serait l’hôte?

La CEDEAO avait  infligé des sanctions politique, économique et diplomatique aux régimes militaires qui  avaient  pris le pouvoir de façon anticonstitutionnelle. Pour punir les acteurs de ce changement anticonstitutionnel, la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’ouest  (CEDAO) avait  envisagé d’intervenir militairement pour déloger le Général Abdourahamane Tiani, auteur du putsch au Niger,  le 26 juillet 2023. Ces actions militaires  envisagées avaient été  soutenues par la France. En outre, Paris et ses alliés occidentaux,  notamment les Américains,  n’avaient pas hésité de suspendre unilatéralement leur coopération militaire, diplomatique, économique avec le Niger.

Exceptés  deux  de ses pays membres Mali et le Burkina) qui ont connu le coup d’Etat auparavant, tous les autres étaient favorables aux sanctions économiques et militaires contre le Niger. Ainsi, ils  ont fermé leur frontière avec le Niger. Les deux pays frontaliers du Niger,  dont le Nigéria qui partage 1 600 Kms  avec son voisin francophone et le Bénin partageant  266 kms avec son historique,  avaient tous fermé leur frontière avec un pays déjà secoué par des crises multidimensionnelles. A l’époque, les autorités nigérianes  et béninoises n’arrêtaient pas de soutenir l’idée de l’envoi  des troupes militaires  pour rétablir le Président Bazoum à son poste.

Un pays qui n’a pas accès à la mer et qui souffrait déjà des problèmes d’insécurité étaient soumis à l’embargo, devrait  aussi subir  les conséquences d’une crise sanitaire. L’embargo laissait la population nigérienne dans le  désarroi jusqu’en février 2024. Par la logique de convergence  politique, le Niger se rapprocha des  autorités maliennes et burkinabé  tout en renforçant, diversifiant sa coopération avec la Fédération de la Russie et de l’Iran pour combler les vides militaires  laissés par la France et Alliés occidentaux  afin de pouvoir lutter efficacement contre le terrorisme international et transfrontalier.

C’est avec le plaidoyer du Togo que  la CEDEAO lèvera  les sanctions contre le Niger tout en exhortant les pays frontaliers d’ouvrir leurs frontières.  A la suite de cette annonce, le Bénin et Nigéria sous consigne de la CEDEAO ont rouvert  leurs frontières. Mais ce ne fut pas le cas du côté  nigérien qui maintient sa frontière fermée avec son voisin, le Bénin. Les autorités nigériennes  évoquent  des raisons  de  Sécurité. (…car sur le territoire du Bénin, il y a des bases françaises et sur  certaines d’entre elles, on entraine des terroristes qui doivent venir déstabiliser le Niger ) et la « Violation des accords bilatéraux entre les deux pays par le Bénin », expliquait, il  y a quelques jour  Ali Mahamane Lamine Zeine, le Premier Ministre du Niger.

Toutefois, le Benin réplique. La fermeture de la frontière a développé un trafic informel qui déstabilise l’administration politico-sociale et mais aussi l’économie béninoise, a déclaré le président Talon le 8 mai 2024. En outre, la fermeture a même fait  flamber  également le prix des denrées alimentaires en provenance du Niger  au Bénin. Il poursuit sa déclaration en affirmant que pour résoudre ces désaccords entre les deux pays frères,  les autorités béninoises tentent depuis un certain temps de normaliser sa relation avec son voisin sur la voie diplomatique. Mais c’est sans succès. Le président a tenu à expliquer que son pays reste favorable aux négociations pour résoudre cette dispute mais dans un cadre formel.

Mais en attendant les autorités béninoises,  pour répondre aux sanctions nigériennes,  ont bloqué le pétrole nigérien malgré les accords formels liant les deux pays sur les transports de cette matière première. Par contre,  les responsables du Niger, restent fermes sur leurs décisions de maintenir leurs frontières  fermées pour des raisons de souveraineté et de sécurité interne, externe du pays.

Ces faits compliquent les relations entre ces deux pays frères qui vécurent ensemble depuis des siècles. Au-delà des changements anticonstitutionnels survenus au Niger en juillet 2023, les nigériens font face à une insécurité qui menace aussi les pays du Golfe du Bénin,  notamment le Bénin.  Lequel a été déjà victime des attaques terroristes. Pour relever ces défis, les pays de l’Afrique Subsaharienne ne doivent-ils pas  développer une coopération militaire mutuelle pour s’assister quotidiennement, développer la sécurité et la surveillance au niveau des frontières, au lieu de continuer d’être les marionnettes des Puissances  étrangères ?

A l’analyse de ces tensions qui engendrent les méfiances entre ces pays frères (qui partagent les mêmes réalités sociopolitiques, culturelles),  l’Afrique de l’Ouest, naguère colonisée, balkanisée  par les puissances coloniales jusqu’en  1954-1960, doit se réveiller. Elle doit éviter que ces tensions ne fassent qu’elle devienne l’hôte  de la Guerre  froide  entre les Grandes Puissances. Or, d’ores et déjà, des pays du Sahel ont choisi de  renforcer leurs  relations militaires  avec  la Fédération Russie, la Chine, l’Iran,  et la Turquie.

De toute façon,  l’Afrique  fait face aux défis de la mondialisation. Elle se trouve être au centre des Relations Internationales,  grâce au  potentiel  de ses ressources énergétiques que par sa position stratégique. Elle est aussi courtisée  par toutes les Grandes Puissances. N’est-il pas alors  temps que les africains se réunissent in fine  pour jouer pleinement leur   rôle sur la scène internationale ?

Boubacar Bani Traoré

Source : Le Pélican

Happy
Happy
0 %
Sad
Sad
0 %
Excited
Excited
0 %
Sleepy
Sleepy
0 %
Angry
Angry
0 %
Surprise
Surprise
0 %
Previous post Dialogue inter-malien : Trois inquiétantes recommandations !
Next post Salon des médias : La 3e édition prévue du 30 mai au 2 juin 2024