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Dans un moment crucial comme la tenue du dialogue inter-malien pour la paix et la réconciliation nationale, les gouvernants, surtout au plus haut niveau, se doivent de tenir des discours et d’adopter des comportements qui vont dans le sens de la consolidation de l’unité nationale et de la cohésion. Et pourtant, c’est ce moment qu’a choisi le Premier ministre, Dr Choguel Kokalla Maïga, pour sortir un livre dont le contenu a rallumé le feu du déchirement entre les fils et filles du pays…


Au moment où le Président de la transition, Colonel Assimi Goïta se bat pour que les maliens soient unis pour surmonter les difficultés et progresser (se conférer à son discours à l’ouverture de la phase nationale du Dialogue inter-malien), son Premier ministre se permet de publier un livre qui désunit les maliens.

Titré « Le Mali,…ma vie », l’ouvrage, depuis sa sortie, suscite désolation et réactions de personnalités qui démentent les chapitres les concernant.


Le rédacteur attitré du livre, Pr Issiaka Ahmadou Singaré, retrace le parcours académique et professionnel de l’auteur. Dans ce parcours professionnel plutôt politique, Dr Choguel Kokalla Maïga parle de ses relations avec les chefs d’État, du Général Moussa Traoré au Colonel Assimi Goïta. Dans son brûlot, l’enfant de Tabango relate des faits qui ont été démentis par les personnes concernées.

Parmi celles-ci, le cas de Dr Soumana Sacko, ancien Premier ministre de la transition de 1991 et ministre des Finances et du Commerce sous le régime militaro-civil de Général Moussa Traoré, qui s’insurge contre les passages du livre qui le concernent. Il l’a fait savoir à travers une publication de rétablissement des faits.

C’est le cas aussi su jeune loup en politique actuellement membre du Conseil national de transition (CNT), Nouhou Sarr. En plus, des proches du Président Amadou Toumani Touré (ATT) regardent les propos de Choguel quant à ses  relations avec le soldat de la démocratie.

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« Ce monsieur raconte du n’importe quoi, des mensonges fabriqués de toutes pièces »
Tels sont les propos du Dr Soumama Sacko par rapport aux parties du livres qui lui sont consacrées. Il dément la version selon laquelle il est parti voir le Président Moussa Traoré pour lui proposer ses services.

Au contraire, c’est le Général Moussa Traoré qui, à travers son Directeur de cabinet Dr N’Golo Traoré, l’a appelé dans son bureau à la Maison du Peuple le mercredi, 18 février 1987 vers 14h, soutient-il.

Et d’ajouter que c’est après une présentation sur la corruption du régime et la nécessité du réarmement moral  du peuple que Moussa Traoré concluait qu’il a besoins de ses services comme Ministre des Finances et du Commerce dans le gouvernement  qu’il s’apprête à remanier.

A cette proposition, l’ancien Premier ministre de la transition de 1991 dit avoir posé des conditions qui ont été acceptées par le Président. Pour l’Histoire, au mois de juin 1987, après un long échange plutôt tendu entre le Président Moussa Traoré et lui, il affirme avoir immédiatement demandé au Secrétaire Général de la Présidence de lui programmer une audience avec le Président. Ce qui fut accordé dès le lendemain.

Ce jour-là, il dit être entré dans le Bureau présidentiel avec sa lettre de démission en poche.

Auparavant, l’enfant de Nyamina soutient qu’il était venu vérifier si le Président restait toujours sur la ligne des 3 conditions qu’il avait posées le 18 février 1987.

Ses réponses lui ayant donné satisfaction, il  n’a donc pas eu à sortir sa lettre de démission. Donc, son séjour à la tête du ministère des Finances et du Commerce n’a été que de 6 mois et quelques jours, et non 2 ans comme le prétend l’inamovible président du Mouvement patriotique pour le renouveau (MPR).


Dr Sako ne s’arrête pas seulement à cet « épisode » du livre le concernant. Il recadre Choguel par rapport à des propos qu’ils auraient tenus ainsi qu’à la date de la tenue de ces propos. Il s’agissait du forum organisé par l’Adéma-Pasj le 25 mai 1992 et non le 2 avril comme prétend l’enfant de Tabango.

Ce jour-là, il soutient avoir dit que « alors qu’il est indéniable que le Mali avait gagné la guerre de 1974 contre ce pays frère et voisin, le fait que le Président Moussa Traoré ait rétrogradé le Chef d’Etat-Major Général de l’Armée au grade de Colonel (en fait, il a fallu l’intervention de M’Bouillé pour éviter que le Général Sangaré ne soit rétrogradé comme soldat de 2ème classe) avant de le rayer des effectifs de l’Armée n’était pas le symbole d’une Armée ayant gagné une guerre » et non  » le Mali avait perdu la guerre de 1985 contre le Burkina Faso « .

Par rapport au procès contre les anciens dignitaires du régime, Dr Sako a affirmé que c »est plutôt sur son insistance auprès du Président de la transition que le principe de l’organisation des deux procès (crimes de sang et crimes économiques) équitables et publics a été acceptée.

Grande déception d’autres acteurs politiques.

Parmi ces acteurs, il y a le bouillant Nouhoum Sarr, membre du Conseil National de Transition. Pour ce leader politique, Choguel est le  » Recteur de l’université de mensonge et de la désinformation ». Il va plus loin, dans sa publication largement partagée sur les réseaux sociaux, en affirmant que le Premier ministre de la transition actuelle brille par son mépris pour la vérité et qu’il tisse des récits.

Et d’ajouter qu’il semble que tout le Mali le reconnaisse désormais comme un maître du mensonge raffiné. Il conclut que les écrits de Choguel sont des inepties.

Quant à Yaya Sangaré, Secrétaire général du parti Adéma-Pasj, il traite, lui aussi dans une publication sur les réseaux sociaux, le livre de Choguel de machin dans lequel frémissements et rancœurs sont mêlées, ouvrant la voie à ses derniers combats contre la démocratie dont il a pourtant largement profité sous les différents régimes qui lui ont, de bonne foi, ouvert les bras.

L’ancien député et ancien ministre des maliens de l’extérieur soutient que le Président du MPR déroule son jeu favori : le mensonge, l’affabulation, la manipulation.

Et de renchérir qu’en somme, une autobiographie à travers laquelle Choguel révèle sa vraie personnalité : un caméléon doublé d’un farouche fanfaron…
Pour Yaya Sangaré, Choguel est un psychopathe hyper agité et dépressif.

L’ancien ministre va plus loin en affirmant que : » Il (Choguel) use tant et si bien de l’autosatisfaction et de la forfanterie qu’il ne ressent aucune gêne à se citer à loisir, croyant, à tort, ne jamais lasser ni décevoir quiconque. Sans me lancer dans un jugement de valeur qui amoindrirait mon propos, je dirais que la lecture de ce document me laisse croire à la prestation d’un illuminé victime de sa propre fatuité ».

Cette réaction du responsable de l’Adéma-Pasj n’est pas la dernière des réactions. Il y a celle d’un cadre du PDES (Parti pour le développement économique et social), le parti politique qui se réclame de l’ancien président feu ATT.

Ce cadre, sans se nommer et à travers une publication, s’inscrit en faux contre ce que l’auteur du livre relate par rapport à ses relations avec ATT.  « En s’en prenant au Président ATT, je pense qu’il (Choguel) se renie lui-même » dit-il dans sa publication. Selon ce cadre, le départ de Choguel du Gouvernement en 2007 semble être le vrai problème avec ATT.

 » Si ATT l’avait répudié comme il semble le dire, il n’allait pas le placer à l’AMRTP, une institution spécialisée, chargée de réguler le secteur stratégique, porteur et rentable des télécommunications.

Une structure qui gère des fonds importants, où Choguel a fait recruter beaucoup de ses proches, dont j’en connais, puisque j’ai des amis, promotionnaires et autres connaissances du quartier » argue-t-il.

Les réactions sont nombreuses tant du milieu politique qu’associatif. Il en est de même pour les simples citoyens. C’est pour dire que le livre de Dr Choguel désunit plus qu’il n’unit les maliens.

Le peuple n’a pas besoin d’outils qui le fissure surtout venant d’un gouvernant en poste. C’est ce qui a fait dire Niankoro Samaké dit Yeah, président fondateur du parti pour l’action civique et artistique (PACP), à travers une longue publication sur sa page Facebook, que Choguel doit démissionner de son poste de Premier ministre.  » Le rôle du Premier Ministre est de consolider l’unité nationale et de renforcer la confiance du public dans la capacité du gouvernement à stabiliser et à développer le pays » dit-il.


Arouna Traoré


Source : Le Nouveau Réveil

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