CEREMONIE D’OUVERTURE DE LA PHASE NATIONALE DU DIALOGUE INTER-MALIENS POUR LA PAIX ET LA RECONCILATION NATIONALE
Discours de Monsieur Ousmane Issoufi MAIGA,
Président du Comité de Pilotage du Dialogue Inter-maliens pour la Paix et la Réconciliation Nationale
CICB, le lundi 06 mai 2024
Excellence Monsieur le Président de la Transition, Chef de l’Etat ;
Excellence Monsieur Dioncounda TRAORE, ancien Chef de l’Etat,
Monsieur le Premier ministre, Chef du Gouvernement ;
Honorable Président du Conseil National de Transition ;
Messieurs les Présidents des Institutions de la République ;
Mesdames, Messieurs les Membres du Gouvernement ;
Honorables Membres du Conseil National de Transition ;
Monsieur le Ministre Secrétaire général de la Présidence de la République ;
Messieurs les anciens Premiers ministres ;
Mesdames, Messieurs les Chefs des Missions diplomatiques et Consulaires
Mesdames, Messieurs les Représentants des Organisations Internationales accréditées au Mali ;
Mesdames, Messieurs les Représentants des Autorités Administratives et Indépendantes ;
Mesdames, Messieurs les membres du Cabinet du Président de la Transition ;
Mesdames, Messieurs les Représentants des Autorités Administratives et Indépendantes ;
Mesdames, Messieurs les membres du Cabinet du Président de la Transition ;
Mesdames, Messieurs les Membres du Cabinet du Premier ministre ;
Monsieur le Gouverneur du District de Bamako ;
Madame et Messieurs les Gouverneurs de Régions ;
Monsieur le Chef d’Etat-Major général des Armées ;
Messieurs les Chefs d’Etats majors ;
Mesdames, Messieurs les Directeurs des Services centraux des Forces Armées et de Sécurité ;
Monsieur le Président de la Délégation Spéciale de la Mairie du District de Bamako ;
Madame le Maire de la Commune III ;
Monsieur le Vice-président du Comité de pilotage Inter-Maliens pour la Paix et la Réconciliation nationale ;
Mesdames, Messieurs les Membres du Comité de Pilotage du Dialogue Inter-Maliens pour la Paix et la Réconciliation nationale ;
Mesdames, Messieurs les Délégués des Régions, du District de Bamako et des Maliens établis à l’extérieur ;
Mesdames, Messieurs les Représentants des camps de Réfugiés en Mauritanie, au Burkina Faso et au Niger ;
Mesdames, Messieurs les Représentants des Autorités et Légitimités Traditionnelles ;
Mesdames, Messieurs les responsables des associations professionnelles et patronales de la Presse ;
Mesdames, Messieurs les Représentants des Communicateurs traditionnels ;
Honorables invités ;
Mesdames, Messieurs, en vos rangs, grades et qualités, tout protocole observé.
Louange à Allah, Seigneur de la création et de l’univers, le très Miséricordieux, Celui qui nous permet ce matin de nous retrouver, dans la paix des cœurs et des esprits, pour la cause commune, pour notre Nation : le Mali.
Monsieur le Président, vous nous avez mis en mission et comme nous le savons tous, l’homme propose Dieu Dispose. Comme toute aventure humaine, le vœu commun est de commencer ensemble et de finir ensemble. Et notre créateur est le seul qui sait ce qui adviendra.
Ce matin, deux membres que vous avez nommés au tout début ne sont pas avec nous, rappelés à Lui par notre Créateur. Je veux citer Mme Nana SANGARE, présidente de la CAFO et le ministre Adama SAMASSEKOU, porte-parole du Comité de Pilotage, qui nous ont quittés aux premières heures du processus.
En leur mémoire et à la mémoire de toutes les victimes civiles et militaires de la barbarie terroriste, je vous prie d’observer une minute de prière et de compassion :
Qu’Allah Soubahana waatala leur accorde son pardon et son paradis. Amina !
Par la même occasion nous souhaitons prompt rétablissement aux blessés et aux malades.
Excellence Monsieur le Président de la Transition,
Honorables invités,
Mesdames, Messieurs,
Puisse le Tout puissant, comme depuis le début, nous inspirer, nous guider, nous protéger, nous bénir et bénir ces instants présents, instants de vie et d’histoire pour le Mali.
Oui, instants de vie, car c’est de notre vie qu’il s’agit, notre vie de Malien, au quotidien, en famille comme en communauté, en ville comme en campagne, à l’intérieur comme à l’extérieur du Mali.
Depuis plus d’une décennie, la vie du Malien est suspendue à une interrogation récurrente : de quoi sera fait demain ? Cette question se nourrit de la crise multidimensionnelle que nous vivons, faite de tensions socio-politiques permanentes, d’attaques armées contre les civils et les militaires, de la barbarie terroriste devenue une hydre dans le Sahel, de la gouvernance institutionnelle fragilisée, de difficultés économiques tous azimuts et de la vacuité de plus en plus remarquable du panier de la ménagère. La somme de tout cela se déteint inexorablement sur notre sécurité, sur notre cohésion sociale, sur la paix dans notre pays.
Ces instants de vie alternent entre espoir et angoisse chez nos compatriotes qui voient très vite la joie du jour changer en crainte le lendemain. Fort heureusement, des résultats édifiants sont venus les apaiser et réinstaller l’espoir. Nous pouvons ici parler entre autres et non des moindres : du retour de nos Forces armées et de sécurité ainsi que de l’Administration dans la Région de Kidal qui a donné la preuve à la Nation entière que la patience et la résilience sont les deux battants de la porte du possible.
Et le possible est malien, l’impossible n’est pas malien.
Ce retour de notre Armée et de l’Administration à Kidal est un signal de renouveau, une étoile dans un ciel nuageux, un instant d’histoire.
Excellence Monsieur le Président de la Transition, j’ai dit également « instant d’histoire » car notre histoire a enregistré, très récemment, une nouvelle page glorieuse qui inspire plus d’un Malien à rêver d’un avenir radieux et paisible.
Et pour que cet avenir radieux et paisible soit rendu possible pour les Maliens et les Maliennes, il faut construire la paix dans nos matériaux propres, puisant dans notre terre légendaire, dans nos us et coutumes, dans notre tradition et notre culture.
C’est cela que vous avez compris à travers cet autre instant de vie et d’histoire dont nous sommes acteurs et témoins, ici et maintenant : le DIALOGUE INTER-MALIENS POUR LA PAIX ET LA RECONCILIATION NATIONALE auquel vous avez convié toutes les Maliennes et tous les Maliens. Gloire à Dieu, nous y sommes, comme depuis le début, quand vous l’annonciez dans votre message du nouvel an, à la Nation, le 31 décembre 2023 ou encore quand vous installiez le Comité de Pilotage le 05 février 2024 au Palais de Koulouba.
Excellence Monsieur le Président de la Transition, Chef de l’Etat,
Honorables invités,
Mesdames, messieurs,
Depuis ces deux dates mémorables, et plus précisément depuis le 05 février 2024, date d’installation du Comité de Pilotage, nous pouvons oser le pari, qu’il ne s’est plus passé un seul jour où, dans une famille, dans un grin, dans un quartier, dans un village ou une ville, dans une Ambassade ou un Consulat, dans un journal, sur une radio ou une télévision, que le Dialogue inter-Malien n’ait été évoqué.
Cela, à cause de la clarté et de la précision de l’objectif général du Dialogue Inter-Maliens : contribuer à la restauration de la paix et à la cohésion sociale, à travers une réconciliation durable sans interférence étrangère. La finalité est de permettre au Peuple malien de renouer avec les mécanismes endogènes de prévention, de règlement et de gestion des conflits, en vue de trouver des solutions consensuelles aux problèmes qui assaillent le Mali.
05 février – 06 mai : trois mois de train, de voiture, de bateau, de pirogue, d’avion, de moto, de vélo, à dos de chameau, de cheval, à dos d’âne, tous empruntés par le Dialogue Inter-Maliens pour embarquer les Maliennes et les Maliens pour la destination finale de la Paix et de la Réconciliation nationale entre eux, pour leur Nation et pour les générations futures. Atterrissage, amerrissage, mouillage ou entrée en gare : nous sommes heureux de vivre ensemble, ici, aujourd’hui et maintenant, la cérémonie d’ouverture de la phase nationale, étape ultime de synthèse et d’affinement des solutions proposées par nos compatriotes.
Et comme vous l’avez instruit, le Comité de Pilotage, tout le long du processus, a usé de tous les moyens mis à sa disposition, de tous les mécanismes et stratégies endogènes pour faire de cette initiative présidentielle un processus inclusif.
L’inclusivité a été la trame du travail en profondeur du Comité de Pilotage. Cette inclusivité a été voulue en premier lieu par vous- même, Monsieur le Président de la Transition, à travers la composition du Comité de Pilotage qui reflète la richesse socio-culturelle et socioprofessionnelle de notre pays, à travers les hommes et les femmes de qualité dont l’expertise, l’expérience, la sagesse ont permis de conduire un processus solide et de faire un travail de haute qualité.
Cette inclusivité s’est démontrée lors de l’Atelier national de validation des Termes de Référence, ténu du 26 au 29 février 2024 au CICB, avec la participation de l’ensemble des Gouverneurs et des représentants des dix-neuf (19) régions et du District de Bamako ainsi que les Délégués de Maliens établis à l’extérieur, venus de trente (30) pays à grande concentration. Le document final vous a été remis lors d’une cérémonie solennelle le lundi 04 mars 2024 au Palais de Koulouba.
L’inclusivité du Dialogue Inter-Maliens s’est intensifiée avec la campagne d’information et d’échanges que nous avons menée à l’endroit des Institutions de la République, des familles des anciens Chefs d’Etat, des anciens Premiers ministres et, de manière exhaustive et massive, à l’endroit des Forces vives ci- après :
Les Autorités administratives et indépendantes ;
Les Autorités et Légitimités traditionnelles ;
Les organisations confessionnelles ;
Les syndicats ;
Les partis politiques ;
Les associations et organisations patronales de la Presse ;
Les organisations de la Société civile ;
Les associations et organisations de jeunes et de femmes ;
Les organisations socio-professionnelles ;
Les universités, les grandes écoles et Instituts dans toutes leurs composantes ;
Les communicateurs traditionnels ;
La presse nationale dans toute sa diversité.
Dans nos Termes de Référence, nous avons retenu plusieurs niveaux pour la ténue du Dialogue en vue de lui imprimer une inclusivité à hauteur de souhait. C’est ainsi que nos compatriotes ont participé massivement, et souvent au-delà des quotas fixés :
Au niveau communal du 13 au 15 avril ;
Au niveau régional du 20 au 22 avril ;
Au niveau des Ambassades et Consulats du 20 au 22 avril ;
Au niveau des universités à Bamako et Ségou les 19, 20 et 22 avril ;
Enfin le niveau national du 06 au 10 mai et dont nous vivons les premiers instants ici et ensemble.
Excellence Monsieur le Président de la Transition, Chef de l’Etat,
S’agissant toujours de l’inclusivité, au Comité de Pilotage, nous avons fait d’un de vos vœux notre bréviaire, à savoir qu’aucun Malien ne soit exclu de ce Dialogue et laissé au bord de la route.
C’est cela qui nous a inspirés à faire de la communauté universitaire malienne la 21è région du Dialogue Inter-Maliens pour la Paix et la Réconciliation nationale.
Cette originalité s’est illustrée à travers la ténue de conférences dans les Universités de Bamako et Ségou les vendredi 19, samedi 20 et lundi 22 avril 2024.
Dans la même lancée de l’inclusivité, il a été jugé nécessaire de faire participer aux Commissions thématiques un (01) Représentant de chacune des Institutions de la République, un (01) Représentant par Autorité administrative indépendante, quatre (04) Représentants des Centrales syndicales de Travailleurs, un (01) Représentant du Patronat, et une forte représentation des Universités, Grandes écoles et Instituts avec la présence de cinq (05) Recteurs, afin que tous s’imprègnent des résultats des débats en vue d’apporter leur part de réflexions pour un Dialogue participatif, inclusif et direct.
Le Dialogue s’est déroulé dans 763 communes dont 69 délocalisées pour des raisons diverses, dans les 19 régions et le District de Bamako, dans 48 Ambassades et Consulats et cela sans incident.
Du débat général à ces différents niveaux, des consultations des Forces vives de la Nation, des Institutions de la République, des anciens Chefs d’Etat et leurs épouses, des anciens Premiers ministres, au sein de nos universités, de nos propres constats dans quelques centres à Bamako et Koulikoro visités, des rapports de nos délégués dans les régions et dans treize pays à concentration de Maliens établis à l’extérieur, de tout ce qui été vu, dit et entendu, ce grand agora nous enseigne une constante : les Maliens ont envie de parler, de se parler et de parler des problèmes qui assaillent leur Nation.
Les Maliens sont conscients des enjeux du moment, veulent un apaisement général, veulent en finir avec les conflits fratricides récurrents, voire chroniques, ont envie de se réconcilier, d’être remis au travail et de construire un pays de tous les possibles.
Des Communes aux Régions en passant par les Ambassades et Consulats, au niveau universitaire, les participants au Dialogue Inter-Maliens se sont penchés sur les problèmes d’ordre local et se sont exprimés sur les sujets d’ordre national. Tout a été dit, tout a été noté et consigné dans les rapports réceptionnés par une Commission de centralisation au sein du Comité de Pilotage et reversés aux commissions thématiques pour traitement et synthétisation, afin de mettre à la disposition des délégués à la Phase nationale des documents cohérents et consolidés. Les travaux suivront la même méthodologie autour des cinq axes thématiques retenus depuis le début :
Paix, Réconciliation nationale et Cohésion sociale ;
Questions politiques et institutionnelles ;
Economie et Développement durable ;
Aspects sécuritaires et Défense du territoire ;
Géopolitique et Environnement international.
Enfin, dans notre stratégie de communication, nous avons mis en place, avec l’appui de l’AGETIC, des plateformes numériques non seulement à vocation d’information mais aussi et surtout d’opportunité de participation citoyenne, à travers un questionnaire exhaustif sur les cinq thématiques. A la date du 02 mai 2024, cette plateforme, en l’espace d’un mois, a reçu la visite de plus de 121 mille internautes avec des contributions et recommandations fortes.
Nous avons également reçu les contributions écrites de départements ministériels, des institutions de la République, d’Autorités administratives indépendantes, de la Fédération malienne des Associations de Personnes vivant avec un handicap (FEMAPH), de nombreuses associations de la Société civile, des Associations et organisations féminines, d’associations de jeunes, de nombreux chercheurs, du Centre culturel Korè avec sa campagne intitulée « peindre la paix » et la création d’ une symphonie pour la paix et dont nous avons pu mesurer, il y a quelques instants, au début de la présente cérémonie, la qualité de la production, à travers les jeunes artistes talentueux. Cette musique du terroir se nourrit de nos valeurs, elles-mêmes posées sur le socle de la paix entre tous les enfants de la cité et entre toutes nos communautés.
Toutes ces contributions sont versées dans les documents finaux de travail, au cours de cette phase nationale du Dialogue Inter-Maliens.
Pour nous, aucune recommandation n’est mauvaise quand elle vient d’un Malien ou d’une Malienne. Le bon sens de l’ensemble des délégués, leur connaissance du vécu quotidien de leurs concitoyens, des réalités endogènes de nos terroirs les guideront à prendre les recommandations les plus pertinentes, les résolutions les plus significatives en lien avec notre objectif global et nos objectifs spécifiques, dans le sens de la construction d’une paix durable et d’une réconciliation nationale forte.
D’ores et déjà nous pouvons nous réjouir du réel engouement et du grand intérêt de nos compatriotes pour le processus du Dialogue Inter-Maliens pour la paix et la réconciliation nationale.
Pour ces étapes accomplies et décrites plus haut, permettez-moi de saluer l’engagement patriotique, citoyen et professionnel des Gouverneurs de régions et du District de Bamako, les Préfets de cercles, les Sous-préfets d’Arrondissement,
Ambassadeurs, Consuls généraux et honoraires, les Présidents des Conseils de base des Maliens établis à l’extérieur, les maires, les Recteurs d’université, des membres du Comité de Pilotage et dont l’action concertée et coordonnée a permis d’arriver à cette étape ultime.
Excellence Monsieur le Président de la Transition, Chef de l’Etat,
Honorables invités,
Mesdames, messieurs,
La phase nationale du Dialogue Inter-Maliens qui démarre ce matin regroupe les membres du Comité de Pilotage, les Délégués venus des Régions, du District de Bamako, des pays d’accueil des communautés maliennes établies à l’extérieur, de nos universités, des institutions de la République, de l’ensemble nos forces vives. Ensemble, les participants passeront en revue les conclusions et recommandations issues des phases précédentes, à l’intérieur du pays comme dans les Ambassades et Consulats.
Au cours des cinq jours d’échanges, de débats directs et francs nous aurons à cœur de fabriquer les briques de la Maison de la Paix que les Maliens veulent construire ensemble. Nous devons aussi réussir le bitume de la Route de la Réconciliation nationale que les Maliens veulent emprunter ensemble.
C’est pourquoi, chers collègues nous devons nous rappeler la confiance du Président de la Transition, Chef de l’Etat, la mission à nous assignée, les objectifs et les résultats attendus du Dialogue Inter-Maliens pour la Paix et la Réconciliation nationale.
Nous nous devons de travailler, du 06 au 10 mai 2024, pour sortir des recommandations et des résolutions fortes dont la mise en œuvre donnera des résultats dans les court, moyen et long termes.
C’est cela qui fera l’originalité de notre processus pour lequel nous ne nous lasserons jamais assez de saluer l’adhésion forte et massive de nos compatriotes.
Toutes les conclusions, recommandations et résolutions issues de la somme des riches rapports des phases précédentes, à l’intérieur comme à l’extérieur, seront consignées dans un Rapport final et qui sera remis solennellement au Président de la Transition, initiateur du Dialogue Inter-Maliens.
Pour notre part, ensemble, nous tâcherons d’être à la hauteur des attentes et surtout de l’énorme espoir que le Dialogue Inter-Maliens suscite chez nos compatriotes.
Ces attentes et ce grand espoir sont la source nourricière du processus du DIALOGUE INTER-MALIENS POUR LA PAIX ET LA RECONCILIATION NATIONALE.
Vive le Dialogue Inter-Maliens !
Vive la Paix et la Réconciliation nationale !
Vive le Mali Eternel !
Je vous remercie !