Le Mali est confronté, depuis quelques temps, à une crise énergétique sans précédent. Les coupures de courant quotidiennes dans différentes régions du pays et dans la capitale peuvent durer de 10 à 14 heures, ralentissant les activités et affectant la vie quotidienne de la population. Face au problème, les autorités ont fait de très bonnes annonces suscitant l’espoir chez les populations.
Des annonces qui pour le moment, n’ont pas été suivies d’effets salvateurs.
En effet, depuis le mois de février 2023, le Mali est plongé dans cette crise énergétique qui ne fait que s’amplifier. L’impact de cette crise énergétique sur les Maliens va au-delà des seuls besoins de ménages. Elle se fait de plus en plus ressentir dans le fonctionnement du tissu économique à travers des entreprises qui ne résistent plus à la paralysie. On en dénombre, selon nos sources, pas moins d’un millier ayant officiellement déclaré faillite, suite aux arrêts provoqués par le manque d’électricité. Les marchés, lorsqu’ils existent encore, sont impossibles à exécuter pour certaines, tandis que d’autres n’arrivent tout simplement pas à produire. La disette de revenus inspire ainsi à nombre d’entreprises la déclaration de faillite en vue de se soustraire aux obligations de contribution dictées par leur existence formelle : patente, déclaration de TVA, etc.
Autant de manques à gagner pour l’Etat dont les ressources proviennent quasi exclusivement des impôts et de la fiscalité aux portes. Il va sans dire aussi des pertes d’emplois inhérentes à l’arrêt des activités entrepreneuriales ainsi que de leur conséquence sur la subsistance de nombreux ménages et familles.
Face à cette inquiétante crise, les autorités n’ont cessé de multiplier des efforts qui, malheureusement, ne sont pas arrivés à bout de la crise. De belles annonces ont été communiquées, mais jusqu’à présent la crise perdure.
De belles annonces sans impact positif
Tout a commencé en octobre 2023 lorsque la toute nouvelle ministre de l’énergie et de l’eau a affirmé le détournement de 59 citernes de carburant destinées à alimenter les groupes électrogènes qui produisent de l’électricité. C’était au cours du journal TV de la télévision nationale. Dans son explication, Mme Bintou Camara a ramené tout le problème de la crise à la mauvaise gestion du carburant. La patronne du département de l’énergie avait même indiqué que des poursuites judiciaires seront engagées contre les agents qui détournent le carburant. Dans la même veine, elle a annoncé l’arrivée imminente d’un nombre très important de carburant, plus précisément du fuel. Avant de terminer, elle a annoncé que son département et la société EDM-SA travaillent d’arrache-pied pour que tout puisse rentrer, dans les plus brefs délais, dans l’ordre. A ce jour, les citernes n’ont été ni retrouvées, leurs voleurs ni arrêtés. D’ailleurs, depuis cette apparition télévisée, la ministre n’a plus été revue pour parler de la suite de cette affaire.
En Novembre 2023, à l’issue de leur participation au sommet Russe-Afrique sur l’énergie, les autorités ont annoncé en pompe la signature d’un accord avec la partie russe pour la construction de 04 centrales nucléaires civiles. Depuis, silence radio. En janvier 2024, lors d’une rencontre de présentation de vœux avec le M5-RFP, le Premier ministre affirmait sans ambages que le Président de la transition, Colonel Assimi Goïta, lui a « donné des assurances que dans un avenir proche » le problème d’électricité sera « un lointain souvenir » pour les maliens. En février 2024, il y a plusieurs sorties publiques annonçant l’arrivée de dons de plusieurs millions de litres de carburants en provenance de la Russie et du Niger. Et on prédisait zéro délestage au mois de Ramadan. Ce n’est pas tout, en mars 2024, des membres du CNT, en l’occurrence le Président de la commission Énergie, affirmaient que durant le mois de ramadan, il y aura une fourniture à hauteur de 80% au moins à 100% par jour en électricité. Dans le même mois, le Directeur Général de la société EDM-SA a tenu un point de presse au cours duquel il a annoncé la publication prochaine d’un programme par le biais de la télévision nationale qui stipule une fourniture d’électricité de 12 heures par jour. Mais en réalité, c’est plutôt 05 heures et au plus 08 heures par jour. La toute dernière belle annonce en pompe a été la signature d’un contrat de fourniture de 150millions de litres de carburant entre le Niger et le Mali. D’après les termes de ce contrat, le litre de gasoil sera vendu exceptionnellement à 328 F CFA.
A regarder de près la non-réalisation de toutes ces belles annonces, les populations pourraient penser que les autorités et la société EDM-SA ont fait un grand bluff.
Youssouf Konaré
Source : Le Nouveau Réveil