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Au moment où les débats sont centrés sur la décision de suspension des activités des partis politiques et des associations à caractère politique, le Maire de la région de Sikasso, ancien cadre de l’ADEMA-PASJ, Kalfa Sanogo, a décidé de lancer un pavé dans la mare politique nationale. Il a dépeint en noir le tableau des 30 ans de pratique démocratique, avant de conclure en ces termes : «J’ai honte pour les politiciens maliens. J’ai honte pour le Mouvement Démocratique. »
Durant tout le weekend, cette note attribuée à l’actuel Maire de Sikasso a suscité des réactions sur les réseaux sociaux. Ce, entre ceux qui soutiennent la décision de la transition à mettre entre parenthèses les activités des partis et activités politiques jusqu’à nouvel ordre et ceux qui s’y opposent. Pourquoi, l’élu Kalfa Sanogo, ancien PDG de la CMDT et homme politique très respecté par les récents dirigeants du pays a choisi de faire cette sortie maintenant ? Il sera-t-il démenti par un protagoniste, ancien camarade politique ?
Telles sont entre autres questions posées par les uns et les autres. En attendant, nous vous livrons en intégralité ladite note ci-dessous.

« Désolé de le dire mais la classe politique actuelle s’est dévoyée de longue date et je n’ai eu cesse de le dénoncer et par écrit depuis 1993 à l’organe dirigeant de mon parti l’ADEMA et au Président Alpha Oumar Konaré. La majorité de mes camarades de lutte dans la clandestinité sous Moussa Traoré ont trahi les idéaux pour lesquels nous nous battions. Tous les maux dont on parle aujourd’hui, nous les avons amplifiés quand nous sommes arrivés au pouvoir en 1992. Comme se plaisait à dire mon camarade et ami Ousmane Sy, nous avons démocratisé la corruption. C’est nous qui avons affaibli l’armée. Je suis encore amer et dubitatif sur notre pratique de la démocratie avec des élections bâclées et souvent truquées avec le fichier électoral galvaudé en1997 par Madiassa Maguiraga, la crise qui a vu naître le COPPO la même année avec l’arrestation et l’emprisonnement de tous les leaders de ces partis politiques Me Mountaga Tall, Almamy Sylla, Choguel, etc. La scandaleuse candidature du Général ATT en 2022 qui n’avait jamais démissionné de l’armée malienne comme l’exigeait le code électoral sans compter sa tout aussi scandaleuse élection avec l’implication personnelle du président Alpha à l’époque au vu et au su de tout le monde. Comme je l’ai dit, j’ai décrié tout ça par écrit en son temps et j’en ai gardé copies pour l’histoire. Le  népotisme, la gabegie, les marchés, etc ne datent pas d’aujourd’hui. On a vite oublié la grave crise énergétique de 1999 qui nous a fait importer des turbines à gaz de l’Allemagne à l’époque.
Je peux faire un livre sur les 30 ans passés en démocratie à la malienne avec près de 300 partis pour une population de 22 millions de personnes. Les massacres de Ogossagou, Sobane da etc sous IBK sans compter le sous armement de  défense à l’époque. En tant qu’acteur de la lutte pour la démocratie, j’ai déchanté dès le 26 mars 91 au matin quand nous nous sommes retrouvés devant la Bourse du travail. Je l’ai dit immédiatement à 3 de mes compagnons avant de quitter de suite les lieux ; ils sont encore vivants et peuvent le témoigner: Boubacar Monzon Traoré, Alpha Sow et Abdoul Aziz Diallo. Je leur ai dit séance tenante que nous avons échoué et que notre lutte a été infiltrée et récupérée par la France. Bref, je ne suis pas pressé de voir les jeunes colonels remettre les choses à  ceux que je crois connaître suffisamment.
J’ai honte pour les politiciens maliens. J’ai honte pour le Mouvement Démocratique ».
Diawara
Source : Le Sursaut

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