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Investi officiellement le mardi 2 avril, le président Bassirou Diomaye Faye a aussitôt nommé Ousmane Sonko Premier ministre. Ce duo qui n’a jamais fait mystère de ses ambitions souverainistes et panafricanistes passera-t-il à l’acte conformément au programme du Pastef ? Si certains analystes voient déjà la rupture dans  les  relations  franco-sénégalaises,  d’autres  soutiennent  le contraire, estimant que ces aspirations souverainistes n’étaient que des slogans de campagne. A en croire ces derniers, l’économie sénégalaise est, depuis l’indépendance en 1960, étroitement liée à celle de l’ancienne  puissance coloniale.

Mais concrètement, quel rôle économique (donc politique)  Paris peut-il encore espérer  des nouvelles autorités de Dakar, alors que les secteurs : emplois, pétrole, infrastructures demeurent sous la domination des grandes compagnies françaises ?

S’il s’avère difficile pour le nouveau gouvernement de rompre totalement avec la France, il est aussi  évident que l’avenir  de la coopération économique entre les deux Etats, sera plus problématique que  jamais. Beaucoup d’indicateurs peuvent  l’attester. L’ancienne puissance coloniale demeure  le premier partenaire économique et le premier investisseur au Sénégal avec 17% des stocks d’IDE en 2021, mais elle  voit son poids relatif  décliner  progressivement (66% du stock d’IDE en 2015).  Car  Dakar s’ouvre  depuis plus d’une décennie à de nouveaux investisseurs, venus notamment du Golfe, de la Chine et de la Turquie… Cette dynamique devrait certainement se poursuivre si l’on s’en tient au projet de société du Pastef. Et le Sénégal serait de moins en moins dépendant de la France.

Bassirou Diomaye Faye, ayant promis de changer le système,  a, au lendemain de son investiture,  demandé  à son Premier ministre Ousmane Sonko de faire un vaste état des lieux de la situation économique et financière afin d’élaborer un plan d’action, de “procéder à une revue générale des programmes et projets”, de dresser “la situation générale des finances publiques”, de la coopération internationale et des partenariats public-privé. Ce plan d’action sera finalisé avant  la fin de ce mois d’avril, avec un agenda précis de réalisation des objectifs fixés”, suivant le programme du Pastef. Sans oublier que le nouveau Chef de l’Etat  a aussi donné pour instruction d’”engager, sans délai, avec le secteur privé (national notamment), la mise en œuvre d’une politique hardie de relance de l’économie nationale”. A l’analyse, il est indéniable que beaucoup de choses vont changer dans les relations franco-sénégalaises.

D’ores et déjà, les nouveaux locataires du Palais de la République, ont affiché leur volonté de mettre fin à certaines pratiques entre le Sénégal et la France. Des mesures drastiques concernant les entreprises hexagonales et occidentales devraient tomber dans les jours à venir. On évolue vers un changement de paradigme aux niveaux politique et économique.

Gaoussou Madani Traoré

Source : Le Challenger

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