L’Ambassade de la République du Rwanda au Mali avec la communauté rwandaise au Mali, a célébré la commémoration du 30ème anniversaire du génocide perpétré contre les Tutsi au Rwanda en 1994, KWIBWUKA 30. Cela, dans un élan de compassion et de recueillement collectif, sous le thème : « Se souvenir, bâtir, ensemble».
C’était samedi 13 avril 2024, dans la salle des Banquets du CICB, en présence du ministre des Affaires Etrangères et de la Coopération Internationale, Abdoulaye Diop ; l’Ambassadeur de la République du Rwanda au Mali , Jean Pierre KARABARANGA ; Mme Alice Gasarabwe, Présidente de la communauté rwandaise au Mali ; M. Alain Noudehou, Coordinateur humanitaire et Coordinateur résident du Système des Nations Unies au Mali ; M. Fulgurence Zeneth, Chef de mission par intérim de la MISAHEL au Mali ; des Représentants des Corps Diplomatiques accrédités au Mali ; entre autres.
Cette commémoration au Mali du KWIBUKA a été une occasion pour les convives de se souvenir, et d’honnorer les millions de vies en trois mois, en 1994 au Rwanda. Cette année marque les 30 ans du génocide contre les tutsi, un véritable moment de réflexion sur le passé : « car ce génocide reste nos profondes cicatrices sur la conscience de l’humanité» .
Le discours de l’Ambassadeur du Rwanda au Mali, Jean Pierre KARABARANGA a l’allure d’une véritable leçon d’histoire retraçant les moments tragiques du génocide.
Selon lui, il y a trente ans, pendant 100 jours, plus d’un million de tutsi ont été assassinés simplement parce qu’ils étaient nés tutsis. Il a rappelé qu’à partir du 7 avril 1994 les victimes tutsi ont été sauvagement torturées et assassinées dans les conditions les plus horribles.
« Les victimes ont été traquées jusque dans le moindre refuge : dans les églises, les orphelinats, les hôpitaux, les buissons, dans les écoles, partout. Les bébés, les femmes et les vieillards ont été assassinés. Personne n’a été épargné. Ces massacres ont été commis en plein jour : ouvertement et publiquement. Certains Hutus de bonne volonté et courageux qui s’opposaient au gouvernement génocidaire ont également été tués. C’était le chapitre le plus sombre de l’histoire du Rwanda et un des chapitres les plus sombres de l’humanité» , a- t-il déploré.
En effet, chaque année la commémoration continue pendant 100 jours, du 7 avril au 03 juillet à travers le monde. Cette période permet de rendre hommage aux victimes du génocide perpétré contre les Tutsi, de restaurer leur dignité, de comprendre les événements tragiques que le Rwanda a traversé jusqu’à ce Génocide perpétré contre les Tutsi en 1994. Elle permet aussi d’accomplir d’autres actions visant à faire face aux conséquences du génocide perpétré contre les tutsis, tout en luttant pour que le génocide ne se reproduise plus jamais.
Ce « crime des crimes » s’est déroulé en plein jour, ouvertement, publiquement, au vu et au su de tout le monde. Cependant, la communauté internationale qui avait été avisée et alertée des risques de génocide à travers les sonnettes d’alarme tirées par les observateurs et les experts des Nations Unies, est restée indifférente à cette violence horrible. Personne n’est venu en aide au Rwanda pour stopper ce crime des crimes.
A l’en croire, les massacres ont été arrêtés seulement lorsque l’Armée Patriotique Rwandaise, le FPR, sous la direction de Son Excellence Monsieur Paul KAGAME, a pris le contrôle de la capitale Kigali et a vaincu les génocidaires sur le reste du territoire.
Toutefois, il estime que le génocide perpétré contre les Tutsi a montré ce qui peut arriver lorsqu’une idéologie politique extrémiste fondée sur la haine de l’autre est développée, soutenu et mise en œuvre par ceux qui ont en main le pouvoir du pays.
Au-delà de se souvenir des parcours individuels, il dira que cette 30ème commémoration offre au monde l’occasion de réfléchir aux leçons qu’on peut tirer du génocide et à la bataille pour préserver l’intégrité des récits historiques qui s’y rapportent.
Depuis 30 ans il y a eu et il y a toujours un effort concerté pour nier que le Génocide perpétré contre les Tutsi en 1994 au Rwanda a eu lieu.
Pour lui, ces négationnistes utilisent diverses tactiques, allant de la remise en question des chiffres des victimes malgré l’absence de preuves pour contredire les chiffres vérifiés, allant jusqu’à même blâmer les victimes d’avoir causé le génocide. Ils créent aussi de fausses équivalences en suggérant qu’un double génocide a eu lieu.
« Ces tactiques ne sont pas nouvelles, elles ont été utilisées par les auteurs et les négationnistes d’autres génocides comme l’Holocauste. Mais si la communauté internationale ne fait pas attention, cette distorsion des faits historiques, amplifiée par les médias sociaux et les outils de l’Intelligence Artificielle (IA) désormais entre les mains des négationnistes, pourrait être déployée dans le monde entier, transformant ainsi la véritable triste histoire du Génocide perpétré contre les Tutsi en versions et discours négationnistes tolérables » , a-t- il estimé.
Il est important de noter que la communauté Internationale est résolue à commémorer le Génocide perpétré contre les Tutsi et lutter contre l’idéologie du génocide et la négation du Génocide perpétré contre les Tutsi en 1994 au Rwanda.
Déjà, certains pays ont reconnu leurs responsabilité accablante et lourde dans le génocide perpétré contre les Tutsis, comme le Président Français Emmanuel MACRON en 2021 au Rwanda, et cette année a reconnu, je cite «la France n’a pas eu la volonté d’arrêter le génocide perpétré contre les Tutsi au Rwanda». Plus tôt dans les années 90 les États Unis et la Belgique ont publiquement demandé pardon au peuple rwandais
En effet dans sa déclaration du 5 Avril 2018, le Conseil de Paix et de Sécurité (CPS) de l’Union Africaine (UA) a décidé que le 07 avril est désormais, journée de l’Union Africaine de commemoration du génocide de 1994, contre les tutsi au Rwanda. Et a aussi invité tous les États membres, qui ne l’ont pas encore fait, à signer et à ratifier tous les instruments africains et internationaux relatifs à la prévention de l’idéologie de la haine, du génocide et des crimes de haine.
Le Conseil de Sécurité des Nations Unies, le 16 Avril 2014, a adopté à l’unanimité la résolution 2150 (2014), dans laquelle, le Conseil de sécurité a confirmé que le génocide de 1994 au Rwanda sera appelé globalement « le Génocide contre les Tutsis » et a condamné sans aucune réserve toute négation du génocide et appelle les États à enquêter sur l’arrestation, la poursuite ou l’extradition et à mettre fin à l’impunité des personnes accusées de génocide qui pourraient résider actuellement dans leurs territoires.
Ensuite, le vendredi, 26 janvier 2018, l’Assemblée générale des Nations Unies a adopté à l’unanimité une décision désignant le 7 avril comme Journée internationale de réflexion sur le génocide de 1994 contre les Tutsis au Rwanda.
Ainsi, l’histoire du Rwanda a façonné l’identité partagée des Rwandais, c’est pourquoi la clarté historique sur le Génocide perpétré contre les Tutsis en 1994 au Rwanda revêt une importance nationale et internationale.
Le Ministre des Affaires Etrangères et de la Coopération Internationale a pour sa part a exprimé sa solidarité envers le peuple rwandais. Une occasion pour lui de saluer sa persévérance, son courage et sa résilience. Il a souligné que, le Mali est naturellement honoré d’avoir participé aux festivités du Kwibuka 30 à Kigali le 7 avril dernier et : « nous avons pu mesurer la dignité du peuple rwandais ainsi que l’engagement indéfectible des autorités rwandaises pour faire en sorte que ceci ne se reproduise plus. Je pense que nous avons été marqués de noter que le Rwandais, avec ou sans aide de la communauté internationale, ne laisseront plus les Rwandais pour morts».
Il a rappelé à la communauté rwandaise résident au Mali que le Mali partage ses douleurs en tant que pays ami et a renouvelé le soutien inestimable du peuple malien au côté du peuple rwandais.
Il est à noter que ce moment d’introspection exprime la détermination du peuple rwandais, en particulier la jeunesse dans le dynamisme et le sens de responsabilité qui façonnent déjà l’avenir du pays. Un peuple déterminé qui a permis au Rwanda de quitter les ténèbres pour la lumière.
Une projection de film de genocde du témoignage du génocide par Mme Donatille Karurenei, un dépôt de bougies en mémoire des victimes, les 30 messages livrés par les jeunes, la signature du livre d’or, les bougies allumées à la mémoire de tous les disparus du génocide rwandais ont marqué les temps forts de la cérémonie.
Aissetou Cissé
ÉchosMédias