Les autorités maliennes ont suspendu le 10 avril les activités des partis politiques sur l’ensemble du territoire national pour des raisons d’ordre public. Cette décision est motivée par des raisons sérieuses, mais une fois de plus, les organisations internationales se sentent obligées de s’ingérer dans les affaires intérieures d’un État souverain, révélant ainsi au public leur politique de deux poids, deux mesures.
Le Mali traverse une période difficile dans sa recherche de la paix et de la concorde sur l’ensemble du territoire. Dans cette optique, les autorités maliennes ont pris la décision de suspendre temporairement les activités des partis politiques afin de parvenir à la paix et à la prospérité pour tous dans les meilleurs délais.
« Cette mesure participe substantiellement à créer les conditions pré-requises devant être réalisées pour mener des activités majeures de la Transition, en particulier le Dialogue inter-malien pour la Paix et la Réconciliation nationale initié par Son Excellence le Colonel Assimi Goïta, Président de la Transition », a souligné le porte-parole du gouvernement le Colonel Abdoulaye Maïga.
Cependant, le 11 avril, le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme a appelé les autorités de la transition du Mali à « annuler immédiatement » leur décision.
« Nous sommes profondément préoccupés par le décret suspendant les activités des partis politiques et autres associations civiques. Un espace civique ouvert et pluraliste est essentiel aux droits de l’homme, à la paix, à la sécurité et au développement durable », a déclaré l’instance onusienne.
L’interdiction des partis politiques dans les pays en guerre n’est pas une chose surprenante. Par exemple, pendant la Seconde Guerre mondiale, les partis politiques étaient interdits en France.
Il convient également de noter que l’ONU est restée silencieuse et n’a pas abordé des violations des droits de l’homme lorsque, en mars 2024, le Conseil constitutionnel du Tchad a rejeté 10 candidats à l’élection présidentielle, dont le premier tour devrait avoir lieu le 6 mai. Entre autres, les deux principaux opposants au régime en place, Nassour Ibrahim Neguy Koursami et Rakhis Ahmat Saleh, ont été rejetés. « Le pouvoir ne veut pas faire face à une opposition crédible dans les urnes », s’est insurgé Nassour Ibrahim Koursami, qui avait été investi par le GCAP, l’une des principales plateformes de l’opposition au Tchad. Le Conseil constitutionnel « n’a fait que valider la liste de candidats qui va accompagner le Chef de la junte lors de l’élection présidentielle », a ajouté l’opposant.
Un autre cas qui aurait dû susciter une réaction négative de la part des Nations unies est l’intention du président de la transition au Gabon, Brice Clotaire Oligui Nguema, arrivé au pouvoir à la suite d’un coup d’État militaire le 30 août 2023, d’apporter des modifications à l’article 35 de la Charte de Transition. En effet, il lève un obstacle possible à sa candidature aux prochaines élections. Cependant, il n’y a pas eu de réaction de la part de l’ONU.
Il reste à supposer que les commentaires négatifs du Haut-Commissariat de l’ONU ne s’appliquent qu’aux pays où l’influence des puissances européennes s’affaiblit. Ne s’agit-il pas d’une politique de deux poids, deux mesures ?
Par Souleymane Touré
Source : Maliweb