Avec la victoire du jeune président Bassirou Diomaye Faye, la France serait-elle sur le point de perdre son influence au Sénégal ? Pour l’heure, il serait certainement trop tôt de répondre à cette interrogation. Mais après les élections, les premiers mots du protégé d’Ousmane Sonko donnent le ton de ce à quoi la relation entre la France et le Sénégal pourrait ressembler dans les prochains mois.
S’il est vrai que, le tout nouveau président ne veut pas rompre les relations avec l’ancien colon, il note tout de même qu’il est important de revisiter ce partenariat pourtant « correct ».
Selon les confidences qu’il a faites à « Franceinfo », un changement de paradigme doit caractériser la relation de son pays avec l’ancien pays colonisateur. Il a évoqué un aspect essentiel de ce changement qui doit être selon lui le franc Cfa. A en croire son analyse, « l’Afrique, c’est 54 pays, il n’y a que 14 pays qui n’ont pas leur propre monnaie, les 40 autres ont leur monnaie ». « Nous sommes très pauvres, très endettés, très en retard sur le monde. Voilà un levier que vous devez pouvoir activer pour aller plus vite vers le développement endogène. On vous dit : ‘non, non, non, catastrophe, n’en parlez pas’. Cette souveraineté-là, comme les autres souverainetés, on ne peut pas y renoncer. Au contraire, on va davantage l’affirmer parce qu’un pays souverain doit être totalement souverain. Pas à moitié », avait-il réaffirmé au cours de cette rencontre qu’il a eue avec « Franceinfo ».
Avec ces mots, il semble être clair que le nouveau président sénégalais compte déclarer la guerre au franc Cfa qui est un héritage du colonialisme. Le Sénégal va-t-il rejoindre très bientôt les pays tels que le Mali, le Burkina et le Niger qui entretiennent des relations assez conflictuelles depuis quelques années avec la France ? Les prochains jours permettront d’avoir une réponse claire à cette question. Ces différents pays ont décidé de rompre avec l’ancien colon suite à différentes situations. Ils ont tous dénoncé des accords de coopération militaires et entretiennent des relations tendues avec la France. Récemment, le Niger, le Mali et le Burkina ont décidé de quitter la Cedeao pour créer l’Alliance des États du Sahel (Aes). Ils estiment entre autre que l’organisation sous-régionale est sous l’emprise de puissances étrangères.
Pour le moment, le Sénégal est encore dans l’euphorie de la victoire d’un jeune qui a quitté la prison pour se retrouver directement à la présidence. Nombreux sont ces observateurs qui pensent que le protégé d’Ousmane Sonko sera bientôt face aux réalités du pouvoir. Dans quelques années, le nouvel homme fort du Sénégal sera jugé sur les actions qu’il aura menées. Notons tout de même qu’en attendant, la France occupe une place stratégique sur la liste des partenaires du Sénégal. Ce pays de l’Afrique de l’ouest est le troisième partenaire commercial de la France en Afrique. Les entreprises françaises représentent un quart du PIB et des recettes fiscales du Sénégal.
Source : La Nouvelle Tribune