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Qu’est-ce qui fait courir les opérateurs économiques vers le thé ? Il y a vraiment lieu de se poser cette question puisque, visiblement, l’importation de thé est l’activité qui marche le mieux dans ce pays, au point que chaque mois de l’année naît avec un nouveau nom de thé proposé à la population. Mais, ils ont raison ceux qui disent qu’abondance ne rime pas toujours avec la qualité.


A voir le rythme auquel la liste de noms de thé s’allonge au Mali, on a l’impression, finalement, que les magasins des producteurs chinois sont vidés par les opérateurs économiques maliens. Eh bien, tant mieux pour les agriculteurs chinois, si l’on sait que la culture du thé nourrit plus de 400 000 familles dans ce pays asiatique !

Mais il y a lieu de se demander ce qui fait courir autant les opérateurs économiques pour que chacun se lance dans l’importation du thé, offrant en partie le même produit sous un nom différent. Nous disons bien en partie car, s’il y a des opérateurs sérieux qui se sont positionnés comme de véritables professionnels de l’importation d’un thé de qualité, le secteur, certainement très rentable, attire de plus en plus des aventuriers qui conditionnent dans des paquets du bric et du broc qu’ils appellent du thé, avec notamment des noms aussi bizarres qui révèlent un amateurisme de mauvais goût.

En effet, le secteur semble juteux parce qu’une calebasse vide n’attire pas les chèvres. Raison pour laquelle, des fonctionnaires, toutes catégories confondues, se sont mués en commerçants importateurs de thé et certains noms renvoient même à l’initiateur de l’opération ou à un de ses parents.


Le nom d’un produit ne se choisit pas par hasard. Il y a tout un processus à respecter en termes d’études marketing.

Mais on voit même des marques qui renvoient à des noms de terroir qui n’ont rien à voir avec le thé et ne peuvent donc, apporter une plus-value marketing. Par contre, il y en a dont les noms ont été bien choisis et en plus, ils allient qualité et notoriété.

C’est à croire aussi que les Maliens se nourrissent essentiellement de thé pour se retrouver avec ce foisonnement de noms de thé vert proposés dans les boutiques. Alors que la qualité n’est pas souvent au rendez-vous car on a l’impression, en regardant la texture de certains thés, d’être face aux déchets des magasins de stockage chinois. Le goût, n’en parlons pas ! Autant ne pas les essayer.

Comme tout produit de consommation, il doit y avoir des normes à faire respecter par les structures en charge du contrôle sanitaire des aliments. Le thé ne doit pas échapper à ces dispositions pour garantir une bonne santé des populations. Que l’Etat s’assume donc pour séparer le bon grain de l’ivraie ! En termes économiques aussi il y a un problème.

Ceux qui ont investi dans l’achat d’outillages de conditionnement sur place importent le thé en vrac, comme de la matière première pour leur unité industrielle et font aussi travailler des unités d’arts graphiques pour les emballages.

Ils créent donc des emplois et contribuent ainsi à l’essor économique. Tout le contraire de ceux qui importent le produit déjà conditionné depuis la Chine et bénéficient pourtant de conditions douces au cordon douanier. Le régime de fiscalité de porte doit être différent puisque l’un est un produit en vrac et l’autre un produit conditionné.

En tout cas, la filière thé est une niche que le ministère de l’Economie et des finances doit exploiter pour une meilleure application de la fiscalité de porte afin un accroissement des ressources budgétaires, mais aussi pour une justice économique afin que les unités de conditionnement sur place puisque prospérer, au contraire de ceux qui, eux, enrichissent beaucoup plus les opérateurs chinois.

Amadou Bamba Niang,  Journaliste et Consultant

Source : Aujourd’hui-Mali

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