Il est clair que dans ce pays le ridicule ne tue plus, c’est la seule description que nous pourrions faire de la situation qui prévaut aujourd’hui au sein du mouvement populaire qui a eu raison du régime d’Ibrahim Boubacar Keïta et que les militaires sont venus parachever.
Au moment où les Maliens savouraient la victoire de la prise de la ville stratégique de Kidal des mains des terroristes et des narco- trafiquants, c’est le moment que ces hommes politiques du Mouvement du 5 Juin-Rassemblement des forces patriotiques (M5-RFP) ont choisi pour faire éclater au grand jour leurs divergences: guerre de positionnement, conflit d’intérêt ou tout simplement question d’amuser seulement la galerie politique ? Allez savoir !
Ce qui est évident, c’est que ce rififi au sein de ce Mouvement du 5 juin 2020 ne semble surprendre aucun observateur averti de la scène politique malienne. En ce sens que dans une organisation politique aussi hétérogène qu’est le M5-RFP avec des intérêts aussi divergents, un agissement de ce genre était prévisible. Seulement ce qui semble étonnant voire inadmissible, c’est quand les responsables politiques d’une telle carrure et d’une telle envergure de la scène politique nationale s’adonnent ainsi au déballage de ce qui, il n’y a pas longtemps, constituait un secret entre eux. Pour qu’elle fin ? Nous ne pourrions y répondre.
Le Premier ministre snobé par les ténors de la classe politique
Une chose est qu’à même sûre, si l’intention des uns est de discréditer les autres pour ternir leur image, ils se tirent tous la balle sous leurs propres pieds. Car, tout acte posé par les uns visant à discréditer les autres ne contribuerait qu’à discréditer toute la classe politique, y compris même ce qui ne sont pas de ce mouvement.
Pour ce qui connaît la mentalité générale du Malien aujourd’hui vis-à-vis des politiques ces agissements à la limite irresponsables, ne feront que renforcer ce sentiment de rejet de la chose politique et des hommes politiques, sentiment qui s’est nourri au sein de nos populations depuis les évènements du 20 août 2019.
Ou pire, si le but inavoué est de se séparer du Premier ministre Dr Choguel Kokalla Maïga pour une raison ou pour une autre, ils se mettraient les doigts à l’œil. Car, si Dr Choguel venait à tomber aujourd’hui, c’est tout le M5-RFP qui en pâtirait puisqu’il n’y aura plus d’homme digne de confiance avec qui les militaires chemineront pour conduire la transition. Comme quoi, on a beau couper les branches d’arbres, on ne touche pas à celle sur laquelle on est endossé.
Il est donc temps pour ces responsables de se ressaisir pour épargner notre population de cette plaisanterie de très mauvais goût. Ces comportements dignes d’un comité de syndicats d’élèves n’honorent ni ces auteurs, ni le peuple malien sur qui toute l’Afrique a les yeux braqués. Au contraire, Ils ne font que faire voler en éclat le peu de crédits qu’ils bénéficient encore auprès de nos populations. Ces responsables du Mouvement du 5 Juin-Rassemblement des forces patriotiques (M5-RFP) doivent savoir que les Maliens ne sont plus prêts à supporter une autre déception de la part des politiques après ce qu’ils ont connu avec l’élection d’Ibrahim Boubacar Keïta en 2013.
L’urgence s’impose donc à eux de faire taire les divergences inutiles, ces querelles de personnes ou de combat pour les postes pour faire face aux préoccupations fondamentales de nos populations à savoir entre autres l’insécurité, la crise énergétique, les problèmes de l’école, le coût de la vie de plus en plus insupportable, le manque d’emplois, la lutte contre la corruption et la délinquance financière, le problème d’accès à une justice juste et équitable, le problème d’accès à un service de santé de qualité et à moindre frais, etc. C’est de là où résident leur salut et leur raison d’exister.
Daouda DOUMBIA
Source : Inter De Bamako