Vladimir Poutine, le maître du Kremlin, au pouvoir depuis près d’un quart de siècle, a été réélu à la présidentielle dimanche avec plus de 87 % des suffrages. Des résultats dignes d’un plébiscite. De quoi, selon Vladimir Poutine, créer les conditions d’une « consolidation politique interne », deux ans après le début de l’assaut contre l’Ukraine et de l’adoption de sanctions sans précédent par les Occidentaux.
Vladimir Poutine a été réélu pour six années supplémentaires à la tête du Kremlin selon les résultats partiels d’une présidentielle sans opposition. Après un quart de siècle au pouvoir, il a récolté plus de 87 % des suffrages après dépouillement de 98 % des bureaux de vote, selon l’agence officielle russe Ria Novosti citant la commission électorale. Il s’agit de son meilleur résultat.
« Je tiens à vous remercier tous, ainsi que tous les citoyens du pays, pour votre soutien et votre confiance », a-t-il lancé devant son équipe de campagne, avant de promettre que la Russie tiendra tête à tous ses adversaires. Et d’ajouter : « Peu importe qui veut nous intimider ou à quel point, peu importe qui veut nous écraser ou à quel point, notre volonté ou notre conscience. Personne n’a jamais réussi à faire quelque chose de semblable dans l’histoire. Cela n’a pas fonctionné aujourd’hui et ne fonctionnera pas à l’avenir », a-t-il lancé.
Dans son discours, Vladimir Poutine, qui pourra se représenter après ce nouveau mandat pour se maintenir potentiellement au pouvoir jusqu’en 2036, est revenu sur la guerre en Ukraine en saluant les soldats combattants qui « risquent leur vie » pour « protéger les territoires historiques de la Russie ». Il a estimé que les forces russes, à l’offensive depuis la prise d’Avdiivka mi-février face à une armée ukrainienne en manque d’hommes et de munitions, avaient « entièrement l’initiative » sur le front.
Les soldats français « vont revenir dans des cercueils »
Le chef du Kremlin s’en est aussi pris à l’OTAN et plus précisément à la France dans une conférence de presse ayant suivi l’élection, laissant planer la possibilité d’un élargissement de la guerre. « Il est clair pour tout le monde que ce conflit entre la Russie et l’Otan ne sera qu’un pas vers une troisième guerre mondiale à grande échelle. Je ne pense pas que cela intéresse qui que ce soit », a-t-il lancé, déclarant que des « militaires de l’Otan sont présents en Ukraine, nous le savons (…) ils se font tuer et en grand nombre ».
Après des déclarations du président de la République Emmanuel Macron, ouvrant la voie à l’envoi possible de troupes en Ukraine, Vladimir Poutine a adressé un message à la France « qui ne fait qu’aggraver le conflit ». Il souhaite « qu’elle fasse plutôt quelque chose pour trouver des solutions pacifiques. La France pourrait jouer ce rôle, tout n’est pas encore perdu. »
Le vice-président de la Douma Piotr Tolstoï s’est, lui, fait beaucoup plus direct et menaçant. « Mon propre avis, ma propre volonté, c’est de continuer jusqu’à la frontière polonaise », a-t-il lancé sur BFMTV dimanche soir. « Le problème c’est que vous sentez que vous êtes en train de perdre cette guerre et vous êtes ne panique en cherchant une solution, a-t-il déclaré, quand (les soldats, NDLR) vont revenir dans des cercueils couverts par le (drapeau, NDLR) tricolore, je ne crois pas que les Français seront contents ».
« Un homme ivre de pouvoir »
Cette élection avec un scrutin de trois jours, de vendredi à dimanche, a été marquée par des bombardements ukrainiens meurtriers et des incursions de combattants armés se disant être des Russes pro-Ukraine dans des régions russes frontalières. Des actions de protestation dans les bureaux de vote ont également eu lieu.
De son côté, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a estimé que Vladimir Poutine, âgé de 71 ans, était un homme « ivre de pouvoir » qui voulait « régner éternellement ». Le chef de la diplomatie britannique David Cameron a, lui, déploré l’absence d’élections « libres et équitables » en Russie. Les États-Unis ont aussi critiqué la tenue du scrutin dans les territoires ukrainiens occupés par Moscou.
En Russie, les autorités n’ont pas laissé de place aux contradicteurs du pouvoir : les trois autres candidats sélectionnés étaient tous dans la ligne du Kremlin, qu’il s’agisse de l’Ukraine ou de la répression qui a culminé avec la mort d’Alexeï Navalny dans une prison de l’Arctique en février. Vladimir Poutine a assuré, lundi, que le décès de son principal détracteur était un « événement triste » et qu’il avait été favorable à l’idée de l’échanger avec les Occidentaux. « Il n’y avait qu’une condition : que nous l’échangions pour qu’il ne revienne pas », a-t-il lancé.
………….Le Parisien
Source : Le Parisien