Le Premier ministre, Dr Choguel K Maïga, avait convié, jeudi, les responsables de partis politiques et regroupements de partis politiques à une rencontre au Centre international de conférence de Bamako. Plusieurs d’entre eux, qui affirment n’avoir pas reçu une notification officielle, ont décidé tout simplement de boycotter la cérémonie rendant ainsi au chef du gouvernement la monnaie de sa pièce.
La rencontre entre le Premier ministre, Dr Choguel K Maïga, et la classe politique n’a pas mobilisé les ténors de la classe politique. Plusieurs partis politiques comme le RPM, l’URD, l’Adema, l’ASMA, l’EPM, pour ne citer que ceux-ci, qui ne sont pas des moindres sur l’échiquier politique national, ont jugé nécessaire de ne pas répondre à l’invitation du chef du gouvernement. Ce qui isole un peu plus encore le chef du gouvernement.
C’est un cinglant revers et camouflet pour le Premier ministre, qui entendait se remettre en selle en s’affichant aux côtés des formations politiques après une semaine tumultueuse pour lui où il avait été fortement malmené par « ses amis » du M5-RFP, jugent plusieurs observateurs de la scène politique.
L’accusant de manipulation et d’avoir semé les germes de la division au sein du mouvement de contestation à la base du double coup d’Etat de 2020 et 2021, Me Mountaga Tall, Oumarou Diarra, Jeamille Bittar et autres l’ont dépouillé de son statut de président du comité stratégique. L’on se souvient que les mêmes accusations avaient été formulées par d’autres avant Me Tall et compagnie. Ce contre quoi l’ancien porte-parole du gouvernement sous IBK et ses proches se défendaient.
Selon plusieurs ténors de la classe politique, contactés par Le Wagadu, les invitations n’ont pas été faites dans les règles de l’art. « C’est sur les réseaux sociaux que nous avons appris la tenue de la rencontre » affirment-ils, dénonçant au passage un manque de respect et un mépris du Premier ministre envers la classe politique.
« Dès lors que nous considérons que nous n’avions pas été invités, nous ne pouvons pas participer à la rencontre » commente un cadre politique qui rappelle que les partis politiques ont toujours été conviés à des rencontres à travers des invitations dûment déposées à leur siège. D’autres indiquent que c’est la veille, dans la soirée, qu’ils ont reçu des SMS les invitant à participer à la rencontre. Ce qui est contraire à toutes les règles de bienséance.
Une rencontre inutile
Hors micro, nos interlocuteurs estiment que la rencontre avec Choguel K. Maïga, qui demeure aujourd’hui très affaibli pour diverses raisons, n’est plus nécessaire la jugeant même inutile. « Le Premier ministre a dit que tout va bien dans le pays et qu’il peut à la limite s’en passer de la classe politique », allume un ponte de la classe politique, sous le couvert de l’anonymat.
Plus sérieusement, « c’est le président de la Transition que nous voulons rencontrer afin d’échanger de vive voix avec lui sur les principales préoccupations de la vie de la Nation et non le chef du gouvernement », glissent plusieurs d’entre eux.
C’est une façon pour la classe politique de rappeler que le Premier ministre n’est qu’un faire-valoir et de le narguer davantage. Entendez par là que Choguel K. Maïga n’a aucun pouvoir de décision. « C’est une perte de temps d’échanger avec lui », souffle l’un d’eux. Le manque d’autorité du Premier ministre a été révélé au cours de la semaine lors d’une conférence de presse par un de ses proches, Abdoul Kader Maïga. C’est peut-être la raison pour laquelle, les principaux responsables du M5-RFP n’ont pas répondu à l’invitation du Premier ministre.
Aussi, en boudant la rencontre, la classe politique a rendu au président du Mouvement Patriotique pour le Renouveau (MPR) la monnaie de sa pièce. Lui qui, depuis sa nomination à la tête du gouvernement, n’avait affiché que « du mépris et du dédain envers la classe politique en l’accusant de tous les péchés d’Israël », analysent plusieurs observateurs de la scène politique.
À titre de rappel, la demande d’audience déposée depuis août 2021 par le Cadre d’échange des partis et regroupements politiques pour une transition réussie à la primature est jusqu’ici restée lettre morte.
Si les Modibo Sidibé, Moussa Mara, Tiébilé Dramé, Koniba Sidibé, Bocary Tréta, Abdel Kader Konaté dit Empé, Housseini Amion Guindo et autres Jeamille Buttar n’ont pas voulu participer à la rencontre, il faut tout de même souligner la présence de Sallikou Sanogo de EDR, Amadou Abdoulaye Sy de la COFOP et Youba Bah de l’Adp-Mali, pour ne citer que ceux-ci.
Abdrahamane SISSOKO
Source : Le Wagadu