Après avoir été destitué de la Présidence du comité stratégique du M5 RFP, le Premier Ministre Choguel Kokalla Maiga, dans sa tentative de rebondir pour balayer d’un revers de main cette humiliation que ses camarades lui ont fait subir, a voulu se tourner vers la classe politique pour se faire une nouvelle santé, en feignant d’oublier qu’il avait non seulement jeté en pâture cette même classe politique, mais aussi et surtout l’avait vilipendée, dénigrée, voir calomniée.
Le Premier ministre Choguel Kokalla Maiga, dos au mur, car abandonné par les siens, désormais affaibli politiquement semble perdre toute légitimité. En effet, c’est dans un communiqué radiodiffusé et sur les réseaux sociaux qu’il avait convié les présidents des partis ou regroupements politiques en une rencontre au Centre International des Conférences de Bamako, CICB.
Cette rencontre que beaucoup avaient considéré comme un test grandeur nature pour jauger la popularité du PM a finalement été un fiasco et l’expose désormais à toutes les situations inconfortables.
Le PM va-t-il tirer les leçons de son échec, à non seulement rassembler la classe politique autour de la transition, mais aussi et surtout à être à la hauteur de la fonction qu’il occupe, pour rendre le tablier ?
Le Président de la Transition continuera-t-il à le maintenir contre vents et marais paralysant ainsi l’administration ?
Quelles pourraient être les conséquences de son maintien à la tête du gouvernement ?
Comme une réponse du berger à la bergère, la classe politique, dans une quasi unanimité, a décliné l’invitation du Premier ministre, une façon claire de lui retourner l’ascenseur. Ce deuxième revers, après celui que sa propre famille politique, à savoir le M5 RFP lui avait fait subir, affaiblirait pour ne pas dire consacrerait sa mort politique certaine, car on pourrait affirmer sans risque de se tromper que ses jours sont désormais comptés à la tête du gouvernement. Le Premier ministre Choguel Kokalla Maiga a semé le vent et il est en train de récolter la tempête. Qui ne se rappelle pas de ses diatribes vexatoires contre le Mouvement démocratique, de ses réquisitoires sans concessions contre les hommes politiques de ces trente dernières années, alors même qu’il partage ce bilan à plus de 80% pour avoir été de 2002 à 2018, dans tous les gouvernements. Ministre de l’industrie et du commerce sous Amadou Toumani Touré, ATT, ensuite ministre de la Communication porte-parole du Gouvernement sous IBK, après avoir précédemment géré la très juteuse Autorité Malienne de Régulation des Télécommunications, et des Postes, AMRTP. Partout où il est passé, il a trainé des bruits de casserole financiers, ce qui lui a même valu de remboursements d’argent indûment empoché, en tout cas si l’on en croit aux déclarations faites par Me Mountaga Tall, lors d’une conférence de presse. La question qui est sur toutes les lèvres est celle de savoir si le PM n’avait réellement pas oublié d’avoir humilié la classe politique avant de la convier en une rencontre précipitée, sans ordre du jour, dans le seul dessein de se faire une nouvelle santé politique et très certainement continuer à occuper le fauteuil primatorial. Il semble taper à la mauvaise porte car aucun parti significatif n’a répondu à son invitation. Certains l’ont même ignoré.
Après ce double revers, rien ne va plus pour le premier ministre Choguel K Maiga. Pour rappel il a été d’abord pris à partie par ses camarades du M5 RFP, avant que ces derniers ne décident de le destituer de la tête du Comité stratégique, pensant rebondir après cette amère couleuvre qu’il a avalée, le PM a subi une autre humiliation, cette fois-ci de la part de la classe politique qui a décliné son invitation à une rencontre qu’elle a jugé inopportune, sans objet et initiée à dessein par le Premier Ministre pour rebondir et se faire une nouvelle santé politique.
Le PM va-t-il tirer les leçons de son échec, à non seulement rassembler la classe politique autour de la transition, mais aussi et surtout à être à la hauteur de la fonction qu’il occupe pour rendre le tablier ?
La coupe est assez pleine pour celui qui s’est érigé en rempart pour, dit-il protéger les militaires contre les « politiciens ». Choguel K Maiga puis que c’est de lui qu‘il s’agit a atteint toutes ses limites. En effet affaiblit politiquement et même physiquement, pour sortir avec le peu d’honneur qui lui reste encore, il doit tirer toutes les leçons de ses échecs et rendre le tablier pour sortir par la grande porte de l’histoire. En s’entêtant à se maintenir à son poste contre vents et marais il court le risque d’être débarqué de la façon la plus humiliante. Choguel n’étant plus maître de son destin, il est sur une chaise éjectable. Son sort est désormais entre les mains du Président de la Transition, celui-là même qui a signé son décret de nomination.
Le Président de la Transition continuera-t-il à le maintenir contre vents et marais ? Quelles pourraient être les conséquences de son maintien à la tête du gouvernement ?
Le Premier Ministre ayant perdu tous ses soutiens politiques, il est désormais comme un lion édenté et sans griffe donc incapable de mordre ou de griffer, il est alors facilement domptable. Le Président de la transition a désormais toutes les cartes en mains pour opérer le changement qui sied aujourd’hui pour la bonne marche d’une transition clopinant et sans boussole. Il doit retirer sa confiance à celui qui n’a plus de base politique donc qui n’est plus très utile à la transition. En tous les cas en voulant garder contre vents et marais le PM, le Président de la transition aurait volontairement fait le choix de maintenir le statu quo ante aux conséquences incommensurables pour le pays. Le plutôt serait le mieux afin d’avancer et de sortir de cette interminable transition qui tire le pays vers le bas.
Youssouf Sissoko
Source : L’Alternance