Le Sénégal est entré ce 9 mars en campagne, un sprint de deux semaines visant à sortir d’un mois de crise et choisir un cinquième président, pour une élection indécise comme jamais.
Les Sénégalais étaient censés voter le 25 février. Le président Macky Sall a causé une commotion nationale en reportant le 3 février le scrutin, juste avant l’ouverture de la campagne. Rien de tel à présent. Au prix de manifestations qui ont fait quatre morts et d’une épreuve de force à rebondissements entre le chef de l’État, l’Assemblée nationale et le Conseil constitutionnel, le calendrier est désormais stabilisé: le scrutin se déroulera le 24, la campagne prenant fin le 22 à minuit. La date d’un probable deuxième tour n’est pas fixée. L’un des principaux candidats au scrutin et ancien maire de Dakar, Khalifa Sall, a lancé sa campagne ce 9 mars avec une tournée de plusieurs quartiers de la capitale. Quelques centaines de sympathisants, qui avaient patiemment attendu son arrivée dans une ambiance festive aux sons de percussionnistes et de chansons diffusées à plein volume par de grosses enceintes, l’ont accueilli dans un joyeux vacarme, sous les applaudissements. La bataille des dernières semaines a testé l’attachement du pays à la pratique démocratique, malmenée par la succession des coups de force dans les pays de la région sahélienne. L’élection sera suivie à l’étranger de bien plus près qu’elle ne l’eût sinon pour ce pays de 18 millions d’habitants, dont l’indice de l’ONU pour le développement humain figure parmi les 30 les plus bas du monde, mais qui devrait commencer à produire des hydrocarbures en 2024. Des électeurs impatients de tourner la page Avec le début de la campagne, les Sénégalais vont pouvoir se rassembler librement sur tout le territoire autour des 18 hommes plus une femme qui, tous, briguent un premier mandat. Les débats et les messages abonderont dans les médias, sous le contrôle d’organes veillant à l’égalité des temps de parole. La campagne est réduite par la force des choses de trois à deux semaines. Elle se tiendra en grande partie pendant le mois de jeûne musulman du ramadan. De nombreux Sénégalais expriment leur impatience de voter pour tourner la page. Les concurrents qui ignoraient encore la date exacte de l’élection en milieu de semaine doivent parer au plus pressé. Les Sénégalais vont au-devant du vote avec les mêmes candidats qu’avant le report, à l’exception d’une concurrente poussée à se désister. Pas plus aujourd’hui qu’alors un candidat ne se détache dans la course électorale, et aujourd’hui comme alors le candidat antisystème Bassirou Diomaye Faye l’entame derrière les barreaux. Course à la présidence : un départ sans favoris C’est la première fois que le sortant ne se présente pas à l’élection. Le président Sall a désigné celui qui était son Premier ministre il y a encore quelques jours, Amadou Ba, comme le candidat de son camp.
Ce dernier a déclaré viser une victoire dès le premier tour. C’est aussi ce que promet le camp de Bassirou Diomaye Faye. Détenu depuis avril 2023, il peut espérer bénéficier de la loi d’amnistie adoptée dans l’effervescence des dernières semaines, qui porte sur les violences commises lors de plusieurs épisodes de contestation meurtrière depuis 2021. Son éventuelle sortie de prison, voire celle de son chef Ousmane Sonko, réputé plus charismatique, mais également emprisonné et exclu de la course à l’élection présidentielle, pourrait électriser la campagne de leur camp. En attendant son éventuelle libération, la coalition de Bassirou Diomaye Faye devait présenter son programme à la presse ce 9 mars après-midi.
Le discours d’Ousmane Sonko contre les élites, les multinationales et l’emprise exercée selon lui par la France résonne dans une partie de la population, très jeune. Khalifa Sall et l’ex-Premier ministre Idrissa Seck sont également cités comme des prétendants. Mais personne n’est assuré d’être au second tour, s’accordent les analystes.
Source : RT en français