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Malgré les mécanismes mis en place pour préserver l’intérêt général, les cadres maliens ne manquent pas d’ingéniosité pour les contourner à leur seul avantage. Les récentes arrestations de hauts fonctionnaires en disent long sur leur comportement face à l’argent public.

La semaine dernière, ils sont plus d’une dizaine de directeurs des structures sanitaires et autres agents de l’Etat à être interpellés et placés sous mandat de dépôt par le Pôle économique et financier de Bamako, chargé de traquer les voleurs de la République.

Si la transition n’existait pas, il fallait la créer. Depuis l’arrivée du colonel Assimi Goïta, à la tête de l’État malien, en mai 2021, les Maliens découvrent l’énorme gâchis financier opéré sur leur dos par des démocrates prédateurs qui travaillaient pour leurs poches. Il a secoué tous les cocottes, même ceux considérés comme intouchables et sous lesquels les voleurs de la République s’étaient abrités pour échapper à leur  »justice ». Avec les interpellations et les mandats de dépôt, ils viennent de comprendre que nul n’est au-dessus de la loi. Comme on dit souvent, laisser mouton courir, tabaski viendra.
Les arrestations en cours, en rapport avec les détournements de deniers publics, les malversations financières, en disent long sur le comportement crapuleux des fonctionnaires maliens face à l’argent public. Incroyable, pourrait-on dire. Comment des fils du pays, après avoir étudié aux frais du pauvre paysan, du pêcheur, du cultivateur, bénéficié d’autres avantages, se comportent ainsi.

Quelle déchéance ! Ils ne s’attendaient pas à ce coup de pied du colonel Goïta dans la fourmilière de la corruption. Car, dans l’imaginaire populaire, le citoyen lambda avait fini de dire qu’avec la fin du régime du président d’Ibrahim Boubacar Keïta (IBK), les dossiers allaient être aussi enterrés comme l’ont fait les régimes précédents. Mais c’était sans compter avec la détermination de la transition à faire la lumière sur tous les scandales politico- financiers qui ont séché le Trésor public.

Même ceux qui ont adhéré à des mouvements de soutien ou créé des associations de soutien à la transition, croyant se mettre à l’abri, ont été surpris de leur interpellation. Ils pensaient que c’était le vieux temps de la démocratie prédatrice, où le tour était joué quand les caisses du parti au pouvoir étaient renflouées d’une partie de l’argent détourné.
Avec ce geste de  »générosité », le dossier était mis dans les placards, mettant en confiance le voleur. Ce dernier ne pouvait pas imaginer qu’un jour, il sera rattrapé par son passé. Grâce à la transition, c’est chose faite. Et ils n’ont que leurs yeux pour pleurer.

On se demande aujourd’hui si le sang des fonctionnaires maliens n’est pas contaminé par la corruption. Ces arrestations ne concernent que des sommités, des références dans leur domaine et sur lesquelles le pays pouvait compter pour amorcer un développement durable. Comment des cadres émérites peuvent- ils se trouver dans cette nasse et mettre leur carrière en péril? Difficile de répondre, mais la recherche du gain facile peut amener l’homme à se transformer en monstre. Cette réalité rattrape aujourd’hui les cadres maliens qui ont érigé l’argent au rang de Dieu.

Si c’est avec des fonctionnaires de cette catégorie que le Mali doit se faire, il y a du chemin à faire. Face à cette situation, le forum du président feu ATT sur l’homme malien est toujours d’actualité. Avant cela, le changement de comportement doit être le cheval de bataille de la transition, sinon les efforts pour la construction du Mali Koura seront voués à l’échec.
Yoro SOW

Source : L’Inter de Bamako

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