Présidé par l’ancien Premier ministre, Ousmane Issoufi Maïga, le Comité de pilotage inter-malien pour la paix et la réconciliation nationale est composé de différentes couches et de sensibilités. Les membres ont été installés par le président de la Trans
A l’entame de mes propos, permettez-moi de rendre grâce à Allah, le Miséricordieux, le Très Miséricordieux par la volonté duquel nous sommes présents dans cette salle.
Puisse sa mansuétude nous accompagner jusqu’à la fin de cette auguste Assemblée et bien au-delà.
Excellence Monsieur le président de la Transition, chef de l’Etat,
Par décret n°2024-0053/PT-RM du 26 janvier 2024 vous aviez créé un Comité national de pilotage du dialogue inter-malien pour la paix et laréconciliation nationale.
Suite à cet acte de haute portée nationale, vous signiez le décret n°2024-0061/PT-RM du 31 janvier 2024 par lequel vous confiez à certains de vos concitoyennes et concitoyens la redoutable et noble mission de conduire les destinées de ce Comité.
Ce faisant, vous aviez jeté votre dévolu sur ma modeste personne pour diriger cette superstructure originale que les maliens souhaitaient de tous leurs vœux. Ce choix nous honore en ce qu’il est une marque singulière de confiance en mon endroit et à l’endroit de tous les membres dudit Comité.
Aussi, voudrais-je, en leur nom et à mon nom personnel vous exprimer nos sincères remerciements et notre infinie gratitude.
Cette gratitude se justifie d’autant plus que nous savons que ce choix ne fut pas facile tant il est vrai que parmi vos concitoyennes et concitoyens existent des sommités de grande probité morale et intellectuelle. C’est pourquoi, en dépit de la diversité socioprofessionnelle des membres, nous n’aurons jamais la prétention de vouloir réussir cette historique et délicate mission sans le précieux concours de toutes les maliennes et de tous les Maliens de l’intérieur et de ceux établis à l’extérieur.
Au demeurant, notre mission n’est-elle pas d’établir un dialogue entre les Maliens. Ce dialogue que vous voulez pluriel et qui ne sera pas un dialogue au sens étymologique du terme. Nous le concevons comme une symphonie à plusieurs voix, des voix multiples, diverses et variées mais harmonieuses, exprimant une même tonalité, celle de la compréhension mutuelle et du consensus général. Des voix qui détermineront à l’unisson la direction que les maliens veulent emprunter pour amener, sans embûche, le bateau du Mali au port de notre choix.
Excellence Monsieur le président de la Transition, chef de l’Etat,
Depuis plus de deux décennies, au Mali, nous naviguions sur un océan houleux et trouble avec des équipages sans boussole sur un navire avarié qui prenait l’eau de toutes parts. Le Mali vivait des crises sans précédents qui le conduisaient vers des profonds abîmes. Ces crises étaient d’abord politiques. En effet, les Maliens avaient fondé leur espoir sur la démocratie présentée comme une panacée. Elle s’était plutôt avérée être une accélératrice de fracture sociale. Les élections considérées comme un instrument de démocratie et de démocratisation d’une société ont exacerbé les tensions sociales et ravivé des conflits intra et intercommunautaires que l’on croyait à jamais enfouis dans les méandres de l’Histoire.
L’avènement de la démocratie, a également été une opportunité pour les activistes de tous bords pour enflammer un front social, déjà fragile, avec des revendications corporatistes parfois sans commune mesure avec les réalités du pays ni même parfois avec leur propre conviction. On agissait comme si les mots d’ordre généraux étaient ‘contester et détruire’.
Ensuite, profitant de ce contexte de quasi-faillite de l’Etat, des groupes indépendantistes, nostalgiques d’un ordre social révolu, ouvraient un front Nord pour réclamer une hypothétique indépendance.
Cette énième rébellion, que rien ne justifiait, a vite fait de trouver dans les groupes armés terroristes des Alliés de choix pour tenter de saper les fondements de notre Nation. Leurs actions dévastatrices avaient entrainé les maliens dans des querelles byzantines qui ont profondément affecté le tissu social et mis à mal l’unité et l’intégrité du territoire
Pour contenir cette rébellion, le Mali a adhéré à un Accord dit pour la paix et la réconciliation issu du Processus d’Alger (APR).
Les maliens qui n’ignoraient sans doute pas les perfidies sous-entendues dans cet Accord, voulaient par sa signature montrer leur bonne foi et leur aspiration profonde à la paix, à l’unité nationale et à la stabilité sociale. C’est ainsi que le Gouvernement a consenti d’énormes efforts matériels et financiers pour un aboutissement heureux d’une crise sécuritaire qui était en train de se répandre sur l’ensemble du territoire national. Dans cet esprit, il a conçu et mis en œuvre plusieurs initiatives dont, entre autres :
– l’organisation de la Conférence d’entente nationale qui a été boycottée par certains en partie par ceux-là mêmes qui la réclamaient ;
– la tenue du Dialogue national inclusif ayant abouti à l’élaboration de la Charte pour l’entente et la réconciliation au Mali ;
– la mise en place d’une Commission nationale «Vérité, justice et réconciliation» qui a auditionné plus de vingt mille présumées victimes de crises depuis 1963 et dont la fin de la mission a été sanctionnée par l’adoption de la «Politique nationale de réconciliation» et la création d’une Agence nationale de réparation;
– la création et leur dotation initiale des agences de développement dans toutes les régions et particulièrement dans celles affectées par la crise sécuritaire ;
– l’octroi de multiples faveurs matérielles et financières aux mouvements politico-militaires et à leurs leaders :
– l’appui aux initiatives de rencontres intra et intercommunautaires.
Pour toutes les crises l’Etat et le gouvernement ont tenté d’apporter des solutions appropriées dont les Assises nationales pour la réconciliation (ANR) étaient une parfaite illustration, Assises dont les résolutions ont conduit à l’organisation du Dialogue social, des Etats généraux de la jeunesse et plus récemment ceux de l’éducation.
Toutefois, concernant l’APR, il ne pouvait pas prospérer tant il est vrai qu’il était étouffé par des agendas étrangers tapis sous des clauses faussement nationalistes et ses ficelles tirées par des mains qui se croyaient invisibles. Il n’est donc pas surprenant qu’après toutes les multiples feuilles de route, les rencontres de hauts niveaux et les nombreux foras, organisés depuis 2012, les résultats demeurent insuffisants mettant l’Accord dans une profonde impasse.
Excellence Monsieur le président de la Transition, chef de l’Etat,
Lors de votre adresse à la nation à l’occasion du nouvel an, vous avez sorti votre pays de cette impasse qui devenait trop pesante. Et le communiqué n°0065 du 25 janvier du gouvernement a donné le coup de grâce à un Accord agonisant qui contenait déjà les germes de son obsolescence programmée. Par ces décisions vous ramenez en famille un linge qui n’aurait jamais dû y sortir. Cette décision historique a été facilitée par d’autres grandes décisions toutes aussi historiques qui ont vu le Mali se débarrasser des forces étrangères qui s’évertuaient à le maintenir dans une situation d’un malade toujours sous perfusion.
Le renvoi de Barkhane et de la Minusma, ont ouvert la voie à lareconquête de notre pays. La bravoure et la détermination de nos soldats ont fait le reste dans un laps de temps permettant à notre pays de recouvrer l’entièreté de son territoire.
Excellence Monsieur le président de la Transition, chef de l’Etat,
C’est le lieu de rendre un vibrant hommage à nos Forces de défense et de sécurité qui n’ont jamais démérité et qui ont toujours rempli leur mission avec dignité et dévotion pour la Mère patrie. C’est également le lieu de saluer la résilience de notre peuple qui n’a jamais perdu la foi dans son avenir et est resté fier et attaché à son histoire passée et présente à sa civilisation millénaire, à son armée et à ses dirigeants.
Excellences Mesdames et Messieurs ;
Ce nouveau contexte, de liberté retrouvée, était sans doute celui qui manquait à tous les foras organisés jusqu’ici.
A présent, les populations des villes et des campagnes sont désormais débarrassées de leurs peurs et des menaces qui pesaient sur elles. Elles peuvent sans crainte exprimer leurs besoins, de parler, d’écouter et de comprendre.
En décidant d’organiser un dialogue direct entre les maliens, vous répondez ainsi à cette aspiration profonde et légitime de votre peuple. Des esprits sceptiques ou mal intentionnés seraient enclins à croire que ce cadre de dialogue sera un forum de plus.
C’est parce que nous, membres du Comité de pilotage, nous sommes convaincus du contraire, que nous avions répondu favorablement et sans réserve, à votre appel.
Aussi, voudrions-nous vous assurer de notre engagement et de notre détermination sans faille à accomplir avec honneur et dignité cette noble et exaltante mission.
Nous nous armerons des résolutions et recommandations des foras passés dont les acquis seront capitalisés, les insuffisances corrigées et les vides comblés pour produire des résultats à hauteur de souhait et dans lesquels tous les Maliens se reconnaitront.
Excellence Monsieur le président de la Transition, chef de l’Etat,
C’est bien ainsi que nous comprenons la mission que vous nous confiez. Il ne s’agira pas pour nous de faire table rase de tout ce qui a été obtenu jusqu’ici, mais d’engager tous les membres de la grande famille Mali dans la production d’un linge candide, immaculé et que rien ni personne ne pourrait plus jamais souiller.
Les Maliens en ont la volonté et surtout ils en ont le génie. Ils aiment se parler et ils savent se parler. Par la création de cette commission vous leur donnez l’occasion inouïe de le faire en toute fraternité, en toute convivialité.
Excellence Monsieur le président de la Transition, chef de l’Etat,
L’Agora que vous nous invitez à organiser sera la nouvelle Assemblée du Peuple, le Baton Mawdo d’Ahmadou Sékou, le Margari béro de Sony Ali Ber et de l’Askia Mohamed et le nouveau Kurukanfuga.
Ainsi, nous détenons tous les ingrédients du chaînon manquant pour l’avènement du Mali nouveau auquel nous aspirons tous.
Un Mali dont les filles et fils seront les seuls et uniques témoins et acteurs de sa refondation. Par ces mots d’espoir, je voudrais lancer un appel solennel à toutes les populations du Mali sans distinction aucune. Celles des villes et des campagnes, comme celles établies à l’extérieur, à taire leurs égos et à s’approprier de cette initiative salvatrice.
Le Comité de pilotage sera, comme vous l’aviez voulu, un organe de facilitation qui ne ménagera aucun effort pour une participation inclusive et qualitative des Maliens de l’intérieur et de l’extérieur afin que des solutions idoines, pérennes et consensuelles soient trouvées, permettant à notre pays de retrouver son lustre d’antan, jadis, envié et sa place dans le concert des nations vertueuses et éprises de paix et de justice sociale. Notre Comité ne manquera pas, cependant ni de vigilance, ni de rigueur pour la conduite des débats, dans le strict respect de nos valeurs de culture. Il sera également très critique sur les propositions et suggestions des uns et des autres afin d’en extraire la substantifique moelle
Excellences Mesdames, Messieurs,
Je ne saurais terminer sans vous réitérer à vous ici présents et à ceux qui en ce moment nous écoute, et plus particulièrement à toutes les autorités de la Transition notre reconnaissance et notre sollicitude pour l’accompagnement constant dans la réalisation de cette mission sacrée.
En retour, je voudrais également vous assurer de notre ferme détermination et de notre inlassable disponibilité à accomplir une mission, que nous espérons, marquera l’histoire de notre pays et de notre Nation d’une tache indélébile. Ainsi, dès la fin de la présente cérémonie, nous nous attèlerons à l’élaboration des Termes de Références du Dialogue, lesquels seront soumis à votre bienveillante attention immédiatement après leur validation par l’atelier prévu à cet effet. Vive le Mali Uni et Solidaire.
Que Dieu veille sur le Mali et bénisse les Maliens».
Source : Aujourd’hui-Mali