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N’ayant pas digéré d’être forcé par la pression populaire de quitter le pouvoir et renoncer ainsi à son projet de monarchie constitutionnelle dont le premier pas était le troisième mandat, Macky Sall, parrainé par la France d’Emmanuel Macron, a fait un de…

Les Sénégalais étaient loin de se douter qu’en combattant Abdoulaye Wade à cause de son projet de ticket présidentiel créant le poste de vice-président pour ouvrir un boulevard qui mènerait son fils au palais présidentiel pour sa succession, ils auraient encore à souffrir des ambitions présidentielles démesurées de ce fiston national, Karim Wade.
Mis au pied du mur par la pression populaire, Macky Sall, ne pouvant avancer dans son projet de devenir un monarque constitutionnel avec un troisième mandat qui ouvrait la voie à un quatrième, joue à la prolongation, le temps de réussir à verrouiller ses arrières. Et pour cela, rien de mieux que le deal ficelé avec Karim Wade, le fils de l’Ancien président Abdoulaye Wade, avec la bénédiction de la France d’Emmanuel Macron. En effet, le sentiment anti-français prenant de l’ampleur au Sénégal, avec des plateformes composées d’organisations politiques et de la société civile, comme la très dynamique Plateforme “France dégage !”, l’ancienne métropole a beau jeu de miser sur un successeur de Macky Sall pour pérenniser son influence au Sénégal et tenter d’endiguer la vague de rejet de la tutelle française. Laquelle vague fait des ravages dans les anciennes colonies françaises en Afrique de l’ouest.
Mais il se trouve que la double nationalité étant interdite par la constitution sénégalaise pour celui qui veut être candidat à la Présidentielle, Karim a été rattrapé par sa nationalité française et son dossier de candidature rejeté par le Conseil constitutionnel. Ironie du sort, c’est le même Macky Sall qui a introduit cette disposition relative à la double nationalité dans la révision constitutionnelle qu’il avait initiée lors de son premier mandat. En son temps, des voix s’étaient élevées pour dire que cela visait particulièrement Karim Wade, Macky cherchant à avoir la voie libre pour obtenir un second mandat en 2019. L’on ne comprend pas que le même Conseil constitutionnel, qui a pris au fil des ans des décisions contestées par les opposants qui la traitaient d’être un bras du pouvoir en place, soit aujourd’hui la cible du même pouvoir, parce que, tout simplement, il a invalidé la candidature de Karim Wade, ce qui évente le complot ourdi par Macky Sall pour sa succession.

Du jamais vu au Sénégal ! Une commission parlementaire est créée illico presto pour enquêter sur deux Sages du Conseil constitutionnel accusés de corruption. Pourtant ces magistrats ciblés sont connus pour leur droiture, avec un parcours professionnel irréprochable. Mais puisque, lorsqu’on veut tuer son chien on l’accuse de rage…
Le camp présidentiel se trouve divisé puisque si Macky a choisi de lâcher son dauphin désigné, le désormais ex-Premier ministre Amadou Bâ, une partie de sa coalition politique refuse cette “trahison” fondée sur la base des intérêts du président sortant, soutenu par ses proches et sa famille qui ne font pas confiance à Amadou Bâ, obligé de ne pas couvrir Macky une fois au pouvoir, pour gagner la confiance des Sénégalais afin de pouvoir gouverner sereinement. En effet, une fois élu, Amadou Bâ sera obligé de prouver, dès le départ, qu’il n’est pas un président de la République par procuration et poser des actes en mesure de convaincre les Sénégalais qu’avec lui, c’est une ère de rupture par rapport au règne de Macky Sall.
Coincé, Macky prend en otage les élections prévues pour le 25 février, alors que la campagne électorale a démarré. Il décide de reporter le scrutin d’abord pour le mois d’août et ensuite jusqu’en décembre 2023. Sans aucune base légale. Tout ce qu’il veut, c’est se taper une prolongation de près d’un mois pour continuer ses manœuvres de neutralisation des grands opposa nts politiques qui menacent ses arrières et aussi avoir le temps de faire revenir Karim Wade dans la course.
Macky Sall devient ainsi un putschiste constitutionnel et plonge le Sénégal dans une ère d’incertitude car, face au refus des Sénégalais de cautionner ses manœuvres et le manifestent dans tous les coins du pays, il a sorti une partie de l’Armée qui lui reste fidèle parce que préparée et équipée à cet effet pour s’en prendre aux manifestants. Mais nous disons bien une partie de l’Armée car des officiers écartés de responsabilités, parce refusant de céder aux caprices du tenant du pouvoir, sont toujours-là et il y en a qui ont juré d’être toujours aux côtés du peuple qu’ils sont censés protéger.
La dictature que veut imposer Macky Sall, en tout cas, va faire long feu, au vu de la détermination des Sénégalais qui commencent à manifester et en appellent à l’intensification des actions, pendant qu’au niveau du Conseil constitutionnel, soutenu par les syndicats de magistrats, on est fâché par l’enquête parlementaire contre des Sages dudit Conseil. Aux dernières nouvelles, la saisine de l’Assemblée nationale par le PDS de Karim Wade, appuyée par des proches de Macky Sall, n’a pas abouti parce que rejetée par la majorité des députés.
Macky Sall est menacé de parjure, entre autres délits ou crimes contre la nation puisque le Décret de report des élections qu’il a annoncé publiquement et a provoqué les troubles et violences actuels, ce Décret n’existe pas, le Premier ministre et candidat à l’élection présidentielle, Amadou Bâ, ayant refusé de le contresigner. C’est donc le blocage de ce Décret resté à l’état de projet.
S’il n’y a pas d’élection le 25 février, à partir du 2 avril 2024 Macky ne sera plus président de la République. Les Sénégalais disent clairement ne plus le reconnaître comme chef de l’Etat et agiront comme tel. C’est donc la porte ouverte à un régime d’exception et qui sait, faire appel à l’Armée ?
Amadou DIARRA

Source : Aujourd’hui-Mali

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