Créé par le décret n°2024-0053/PT-RM du 26 janvier 2024, le Comité de pilotage du dialogue inter-Malien pour la paix et la réconciliation nationale comprend 140 membres issus de toutes les couches socioprofessionnelles de la nation dont nos confrères Sali…
Les membres du Comité de pilotage du dialogue inter-malien pour la paix et la réconciliation nationale ont été installés officiellement dans leur fonction, le lundi 5 février 2024, à Koulouba, par le président Assimi Goïta, ceci marque du coup le début d’un processus destiné à aboutir à la paix des cœurs et au retour de la grande fraternité légendaire entre l’ensemble des filles et fils du Mali. Ils sont universitaires, hommes politiques et des médias, leaders de la société civile, magistrats, juristes, anciens cadres et hauts fonctionnaires de l’Etat, hommes de caste, membres de toutes les couches socioprofessionnelles, ressortissants de toutes les régions du Mali et issus de toutes communautés du pays… Ils ont pour mission ultime de réussir là où toutes les initiatives de dialogue ont échoué de l’Indépendance, en 1960, à nos jours (2024) pour la simple raison que les médiateurs des différentes crises maliennes ont toujours été “importés” ou bien les médiations se déroulent hors du pays.
La dernière tentative, c’est l’Accord pour la paix et la réconciliation issu du processus d’Alger de 2015. Celui-ci était devenu, pour certains acteurs, un fonds de commerce et un moyen de prolonger la souffrance des populations maliennes meurtries. C’est pourquoi, face aux membres du Comité de pilotage qu’il a mis en mission, le colonel Assimi Goïta dira que “c’est la raison pour laquelle, les autorités de la Transition ont décidé, en toute responsabilité, d’y mettre fin”.
D’après lui, “nous avons tous les atouts pour réussir un dialogue direct entre les Maliens”, et qu’à travers des valeurs sociétales et des formes de spiritualité, nos ancêtres ont instauré une culture de paix et de solidarité fondée sur des règles dont le respect était garanti par l’ensemble de la communauté. Et le président de la Transition d’argumenter en profondeur : “Oui, le Mali éternel a vacillé, mais il ne s’est pas écroulé contrairement à certaines prédictions… Nous devons cela à notre histoire millénaire, marquée par l’existence de grands empires et royaumes qui ont réalisé un brassage socioculturel donnant naissance à des communautés ayant toujours vécu en symbiose et dans la complémentarité…”.
En effet, ces communautés ont mis en place des systèmes d’échanges mutuellement bénéfiques entre les produits de l’agriculture, du pastoralisme, de la pêche et de l’artisanat créant de fait, un contexte économique harmonisé.
Quid au plan sociologique ? Nos ancêtres ont inventé des institutions et des relations sociales qui ont créé l’harmonie et la solidarité entre les personnes et les groupes dont le Sinankouya ou la parenté à plaisanterie qui est un véritable ciment social et qui crée des liens quasiment sacrés entre différents groupes ethniques.
“Même au plus fort de la crise multiforme qui traverse notre pays, pendant que les services de l’État s’étaient retirés de certaines localités, c’est le tissu social pétri de solidarité et d’humanisme qui a permis aux populations de se supporter pour mieux envisager l’avenir… C’est pour cette raison que les ennemis de notre peuple ont essayé de créer la mésentente entre nos populations pour les entraîner dans des conflits intra et intercommunautaires… C’est ainsi que plusieurs de nos communautés ont été endeuillées par des meurtres de femmes, d’enfants et de vieilles personnes. Nos Forces de défense et de sécurité, dans leur mission régalienne de protection du territoire, des personnes et des biens, ont également payé un lourd tribut. Cependant, grâce à la bravoure et au don de soi des Forces armées maliennes, notre État a recouvré son autorité sur l’ensemble du territoire, dont certains avaient voulu faire une enclave, en ayant pris le soin d’opposer les enfants du même pays”, a rappelé le colonel Assimi Goïta. Pour qui, cette unité retrouvée par notre peuple a été appréciée par l’ensemble de ses filles et fils, fiers de leur histoire commune et animés par un fort sentiment patriotique et la volonté ferme de recoudre le tissu social malheureusement fragilisé par les conflits inutiles.
“Ainsi, nous avons décidé de créer les conditions d’un dialogue entre les filles et les fils de notre peuple, conduits par eux-mêmes, en vue de restaurer la paix, de consolider l’unité nationale et de raviver le vivre-ensemble”, a affirmé le chef de l’État.
Dès lors, poursuit-il, “il nous faut… puiser dans notre histoire pour construire une mémoire collective… pour notre génération actuelle et future, afin que nous ne retombions plus jamais dans des situations de déchirures…Ceci exigera de nous un exercice d’autocritique et de vérité qui sera le véritable socle de la paix durable que nous recherchons tant”. A ses hôtes du jour, le président de la Transition a donné une directive à laquelle il attache du prix, demandant aux membres du Comité de pilotage de créer les conditions d’un dialogue franc et sincère entre les Maliens de manière inclusive, afin que nul ne se sente exclu : “Toutes les voix doivent être écoutées et tous les avis doivent pouvoir s’exprimer. Il s’agit donc, comme le dit l’expression populaire, de laver le linge sale en famille”. Cette orientation est d’autant plus de taille qu’après la publication des membres du comité de pilotage, on note des exclusions comme le CSD/PSD ou ex CMA et des réactions de partis politiques disant n’avoir pas été consultés au préalable. D’où la grande crainte des pessimistes sur un fiasco du nouveau forum comme les précédentes tentatives.
Aussi, faudrait-il faire en sorte que les recommandations de fin de mission d’Ousmane Issoufi Maïga, Ahmed Mohamed Ag Hamani et leurs camarades ne soient classées aux oubliettes ou ne s’avèrent pas tout simplement impossible à appliquer à l’image de L’accord pour la paix et la réconciliation issu du processus d’Alger.
Quant au président Assimi Goïta, il est optimiste, et il a donné comme dernier conseil à ses interlocuteurs de mettre en avant les trois (3) principes qui guident désormais l’action publique au Mali, à savoir : le respect de la souveraineté du Mali, le respect des choix stratégiques et des choix de partenariat opérés par le Mali, et la défense des intérêts du peuple malien dans les décisions prises. Le président du Comité de pilotage du dialogue inter-malien, Ousmane Issoufi Maïga, a promis, au nom de son équipe, d’aller jusqu’au bout du succès.
Alors, au boulot !
El Hadj A.B. HAIDARA
Source : Aujourd’hui-Mali