Ci-dessous le discours du président de la Transition, le Colonel Assimi Goïta
➢ Monsieur le Premier ministre,
➢ Messieurs les Présidents des Institutions de la République,
➢ Monsieur le Ministre d’Etat, Ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation, Porte-parole du Gouvernement ;
➢ Mesdames et Messieurs les membres du Gouvernement,
➢ Mesdames et Messieurs les Représentants des Autorités religieuses et des légitimités traditionnelles,
➢ Mesdames et messieurs les Représentants de partis politiques,
➢ Mesdames et Messieurs les Responsables des Organisations de la société civile,
➢ Monsieur le Président du Comité de Pilotage du Dialogue Inter-Maliens pour la Paix et la réconciliation nationale,
➢ Mesdames et Messieurs les membres du Comité de Pilotage du Dialogue Inter-Maliens pour la Paix et la réconciliation nationale,
➢ Distingués invités,
➢ Mesdames et Messieurs,
Je voudrais tout d’abord rendre grâce à Allah le Tout-Puissant de permettre à notre peuple de poser, ce jour, un pas important dans la voie de la réconciliation. En effet, la présente cérémonie marque le début d’un processus destiné à aboutir à l’apaisement des cœurs et au retour de la grande fraternité légendaire entre les filles et les fils de notre nation.
Il me plait donc de vous adresser mes salutations cordiales et mes remerciements pour votre engagement à tous pour cette grande cause nationale.
Mesdames et Messieurs,
Le peuple malien qui a souffert le martyre durant des années, revient de loin. En des moments de son histoire récente, certaines personnes n’auraient pas parié sur la possibilité pour lui de reconquérir ses terres, encore moins de réconcilier ses enfants.
Oui, le Mali éternel a vacillé, mais il ne s’est pas écroulé contrairement à certaines prédictions.
Mesdames et Messieurs,
Nous devons cela à notre histoire millénaire, marquée par l’existence de grands empires et royaumes qui ont réalisé un brassage socioculturel donnant naissance à des communautés ayant toujours vécu en symbiose et dans la complémentarité.
Elles ont ainsi mis en place des systèmes d’échanges mutuellement bénéfiques entre les produits de l’agriculture, du pastoralisme, de la pêche et de l’artisanat créant de fait un contexte économique harmonisé.
Sur le plan sociologique, nos ancêtres ont inventé des institutions et des relations sociales qui ont créé l’harmonie et la solidarité entre les personnes et les groupes. Une de ces institutions, la parenté à plaisanterie autrement dit le « SINAGOUYA » qui est un véritable ciment social et qui crée des liens quasiment sacrés entre différents groupes ethniques.
Mesdames et Messieurs,
Même au plus fort de la crise multiforme que traverse notre pays, pendant que les services de l’État s’étaient retirés de certaines localités, c’est le tissu social pétri de solidarité et d’humanisme qui a permis aux populations de se supporter pour mieux envisager l’avenir.
C’est justement pour cette raison que les ennemis de notre peuple ont essayé de créer la mésentente entre nos populations pour les entraîner dans des conflits intracommunautaires et intercommunautaires.
C’est ainsi que plusieurs de nos communautés ont été endeuillées par des meurtres de femmes, d’enfants et de vieilles personnes. Nos forces de défense et de sécurité, dans leur mission régalienne de protection du territoire, des personnes et des biens, ont également payé un lourd tribut.
Mesdames et Messieurs,
Ces conflits ont eu également pour conséquences de déstructurer les économies locales en empêchant les populations de s’adonner à leurs activités quotidiennes. Ainsi, des communautés entières ont été plongées dans une extrême précarité et ont dû quitter leurs terroirs pour devenir des réfugiés ou des déplacés compromettant l’avenir de toute une génération d’enfants par manque d’éducation adéquate.
C’est le lieu de rendre hommage à toutes les victimes civiles et militaires de cette dure épreuve imposée à notre pays par des personnes qui ne sont motivées que par l’idée d’installer et d’entretenir une économie criminelle au détriment du peuple.
Je voudrais aussi saluer la résilience dont l’ensemble du peuple malien a fait preuve et qui nous a permis de maintenir le cap malgré l’adversité que nous affrontons quotidiennement.
Mesdames et Messieurs,
Grâce à la bravoure et au don de soi des FAMa, notre État a recouvré son autorité sur l’ensemble du territoire, dont certains avaient voulu faire une enclave, en ayant pris le soin d’opposer les enfants du même pays.
Cette unité retrouvée par notre peuple a été saluée par l’ensemble de ses filles et fils, fiers de leur histoire commune et animés par un fort sentiment patriotique et la volonté ferme de recoudre le tissu social malheureusement fragilisé par les conflits inutiles.
Aussi, avons-nous décidé de créer les conditions d’un dialogue entre les filles et les fils de notre peuple, conduit par eux-mêmes, en vue de restaurer la paix, de consolider l’unité nationale et de raviver le vivre-ensemble.
Ceci était d’une urgente nécessité, tant l’Accord pour la paix et la réconciliation issu du processus d’Alger était devenu, pour certains acteurs, un fonds de commerce et un moyen de prolonger la souffrance de nos populations meurtries. C’est la raison pour laquelle, les Autorités de la Transition ont décidé, en toute responsabilité, d’y mettre fin.
Mesdames et Messieurs,
Nous avons tous les atouts pour réussir un dialogue direct entre les Maliens. En effet, à travers des valeurs sociétales et des formes de spiritualités, nos ancêtres ont instauré une culture de paix et de solidarité fondée sur des règles dont le respect était garanti par l’ensemble de la communauté.
Il nous faut donc puiser dans notre histoire pour construire une mémoire collective à la fois pour notre génération actuelle et future, afin que nous ne retombions plus jamais dans des situations de déchirements.
Mesdames et Messieurs les membres du Comité de pilotage,
Je voudrais vous féliciter pour le choix porté sur vos personnes et attirer en même temps votre attention sur votre responsabilité au regard des enjeux liés à la mission qui vous est confiée.
Vous comprenez bien qu’aujourd’hui qu’il nous faut questionner sans complaisance notre société, afin de comprendre les causes apparentes et profondes des conflits qui la minent. Ceci exigera de nous un exercice d’autocritique et de vérité qui sera le véritable socle de la paix durable que nous recherchons tant.
La tâche qui vous attend est donc des plus exaltantes. Vous aurez à créer les conditions d’un dialogue franc et sincère entre les Maliens de manière inclusive, afin que nul ne se sente exclu. Toutes les voix doivent être écoutées et tous les avis doivent pouvoir s’exprimer. Il s’agit donc, comme le dit l’expression populaire, de laver le linge sale en famille.
En tout état de cause, tout au long du processus de dialogue, vous devez avoir comme boussole les trois principes qui guident désormais l’action publique dans notre pays, à savoir le respect de la souveraineté du Mali, le respect des choix stratégiques et de partenaires opérés par le Mali, la défense des intérêts du peuple malien dans les décisions prises.
Mesdames et Messieurs,
A l’issue de ce dialogue, décidé et conduit par les Maliens eux-mêmes, sans ingérence extérieure, c’est un peuple réconcilié et rassuré qui devra pouvoir exprimer à l’unisson sa confiance en l’avenir. Ce faisant, il aura prouvé encore une fois de plus sa capacité à régler lui-même ses propres problèmes et à renforcer chaque jour sa souveraineté.
Cependant, il n’y aura aucune place, dans ce grand forum national, pour les ennemis de notre peuple qui veulent remettre en cause l’unicité et la laïcité de l’État, ainsi que l’intégrité de
notre territoire.
Mesdames et Messieurs,
La paix totale et durable est à notre portée. Il suffit que chacun de nous en fasse sa préoccupation et s’y consacre.
Ensemble, nous ferons le Mali Kura.
Qu’Allah bénisse le Mali et protège les Maliens !
Je vous remercie.
Source : Présidence