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Les Français ne sont pas les seuls occidentaux présents au Sahel. Les États-Unis, au nom de la lutte contre le jihadisme, ont également des troupes et une activité diplomatique constante dans la région, et voient d’un mauvais œil le délitement des relations franco-africaines depuis 2017.

Pour preuve, un article du Wall Street Journal, la voix autorisée des milieux dirigeants anglo-saxons (41% de ses lecteurs seraient millionnaires), dont nous vous résumons les propos.
Les États-Unis ont sous-traité leur politique africaine à la France depuis les années 60, l’alignement de leurs intérêts les convaincant de laisser l’ancienne puissance coloniale “s’occuper” de la région. Mais depuis 2017 la puissance mondiale a observé avec frustration Macron présider coup d’État après coup d’État. Des diplomates états-uniens s’étaient d’ailleurs précipités à Paris en 2020, après le putsch au Mali qui a renversé le président pro-français Ibrahim Boubacar Keïta, pour voir qui pourrait le remplacer. Mais au grand dam de Washington, aucun des choix avancés par Paris n’a fini par prendre le pouvoir, une junte hostile finissant à la tête du pays.

Frustrations américaines
La première préoccupation américaine dans la région est militaire. “Ce contrecoup [putschiste] a […] sapé les efforts des États-Unis pour lutter contre un soulèvement djihadiste en Afrique de l’Ouest qui a tué quelque 41 000 personnes depuis 2017”, se désole le quotidien. “Washington a dépensé des centaines de millions de dollars pour armer et entraîner les armées locales pour combattre les insurgés […] au cours de la dernière décennie. Aujourd’hui, ces mêmes commandants forgent des liens de sécurité avec la Russie et, dans le cas du Mali, ont embauché des mercenaires du groupe Wagner, lié au Kremlin.”

Et puis les coups d’état se multiplient au Sahel contre les amis de la France: le renversement d’IBK au Mali Mali, puis encore le Mali pour un deuxième coup d’état, puis le Burkina Faso qui enchaîne, puis enfin le régime nigérien, le plus grand allié des États-Unis dans la région, où ils avaient stationné le plus de troupes, est renversé. Ce dernier putsch a forcé les Américains à réduire de près de moitié leur nombre de troupes présentes, de 1100 à 650, ainsi que leur activité liée au drônes depuis la base d’Agadez. Les Américains seraient donc en train de négocier “pour stationner des drones au Ghana, en Côte d’Ivoire et au Bénin pour tenter d’endiguer la propagation des djihadistes.”

Car la crainte originelle est toujours là: que l’Afrique de l’Ouest devienne un havre depuis lequel les groupes terroristes islamistes pourraient attaquer l’occident. C’est d’ailleurs dans cette optique que les États-Unis avaient convaincu Macron de ne pas réduire le nombre de troupes françaises dans la région. “Des responsables proches de Macron affirment qu’il avait initialement prévu de réduire les troupes françaises en Afrique. Mais les responsables français et américains craignaient que l’insurrection au Sahel ne devienne un refuge pour les terroristes susceptibles de frapper l’Occident.”

Les erreurs d’Emmanuel Macron
Or le Wall Street Journal ne manque pas de pointer du doigt toutes les erreurs de Macron dans sa politique africaine. Il aurait transformé une opération Barkhane qui présentait des succès initiaux (notamment avec la libération de Tombouctou) en un désastre diplomatique à cause d’erreurs de commandement et de communication, de ratés dans la guerre d’information, et de promesses impossibles à tenir – ou alors que le gouvernement français n’avait aucune intention de tenir. “Les efforts de l’administration Macron pour contrer la désinformation ont souvent été maladroits”, accuse l’article. Ou alors, ”Il fait un discours [en octobre 2021] qui fait croire aux jeunes qu’il va se débarrasser des dictateurs africains. Et puis il ne le fait pas. Cela affaiblit la position de la France. Et cela témoigne d’une extrême arrogance envers les chefs d’État africains.”

Autant de balles que Macron s’est tirées dans le pied.

Source : Mondafrique

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