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Le Président de la transition le colonel Assimi Goita a annoncé, lors de sa traditionnelle adresse à la nation du 31 décembre, d’organiser dans un bref délai un dialogue inter maliens sans interférence extérieure, pour non seulement discuter des problèmes, aplanir les difficultés entre communautés, mais aussi et surtout proposer des solutions afin de cultiver le vivre ensemble pour plus d’unité, de cohésion et de paix.

Si l’initiative a été fortement saluée par certains, pour d’autres elle ne manque pas non plus de susciter beaucoup d‘interrogations, Parmi lesquelles, la fin probable de l’Accord pour la Paix et la Réconciliation issu du processus d’Alger, à cette grande interrogation s’ajouterait le risque des sanctions de la communauté internationale garante de l’Accord d’Alger qui verra en ce dialogue une rupture avec l’Accord d’Alger. Quel sera le format de ce dialogue et sur la base de quels critères les participants seront choisis ? Le consensus pour plus d’inclusivité des maliens sera-t-il de mise ? Quelle sera la valeur juridique d’un tel forum organisé par des autorités non élues ?
Les autorités maliennes, après la reprise de Kidal des mains du CSP/PSD par la force, s’engagent à ouvrir un dialogue inter maliens pour une issue pacifique et durable de la crise sécuritaire. Le Président de la transition l’a bien annoncé lors de son adresse à la nation à l’occasion du 31 décembre. Tard vaut mieux que jamais, car le dialogue devrait être la première option avant la belligérance armée. Maintenant que cette dernière option a été privilégiée et que certains acteurs de l’Accord d’Alger sont en cabale , il y a lieu de s’interroger sur la participation d’une partie prenante et actrice majeure du conflit, qui risque de briller par son absente à ce dialogue, à savoir le CSP/PSD qui a déjà annoncé n’être nullement concerné par une telle initiative et que l’Accord pour la paix et la réconciliation issu du processus d’Alger demeure le seul document valable à ses yeux. Autre grande inquiétude serait la non implication de la classe politique et de la société civile en amont. Elles sont déjà mises à la touche dans la gestion des affaires publiques, ces deux actrices majeures risquent de boycotter ce dialogue pour ne pas être mises devant le fait accompli et en même temps être complices d’un échec, surtout quand tous les acteurs concernés n’y prendront pas part.
Quel sera le format de ce dialogue et sur la base de quels critères les participants seront choisis ?

Si tant est que l’objectif recherché est de parvenir à une paix durable, ce dialogue doit avant tout concerner les membres du CSP/ PSD communément appelés des rebelles de la CMA et tout récemment on leur a enjoint le terme des terroristes. En effet, un dialogue sans les membres du CSP/PSD est voué à l’échec, en tout cas on traitera de tout sauf de paix et de réconciliation, or si l’on s’en tient à leur communiqué ils ne semblent nullement concernés par cette retrouvaille et d’ailleurs la plupart des membres de ce mouvement sont en exil. C’est sûr que d’autres groupes armés répondront à leur place, mais ce serait de la poudre aux yeux, car les vrais acteurs du conflit ce sont ceux qui ont pris les armes pour s’opposer à la venue de l’armée malienne à Kidal et il se trouve que la majeure partie des membres de ce mouvement armé ne sont pas sur le territoire malien. En plus du CSP/PSD, il demeure indispensable de convier à ce forum les communautés qui s’affrontent, au centre du pays sur fond de Djihadisme, qu’ils soient du JNIM ou de Dana Amassagou pourvu que les principes définis à savoir le caractère unitaire et laïc de l’Etat, la forme républicaine, la souveraineté et l’intégrité territoriale soient respectés par les participants. Par souci d’inclusivité toutes les forces vives du pays doivent y prendre part, à savoir les acteurs de la classe politique, des associations de la société civile et des religieux. Le thème ne serait autre que la paix et le vivre ensemble dans un Mali-Nation.
Quelle sera la valeur juridique d’un tel forum organisé par des autorités non élues ?
Voici une autre question qui revient fréquemment dans les débats et autres discussions, celle de la légitimité des résolutions issues du dialogue inter maliens, organisé par des autorités non élues ? La réponse pourrait être entre autres le large consensus que doivent prôner les initiateurs de ce forum et surtout la forte implication de toutes les forces vives autour des tenants et des aboutissants dudit dialogue. Il est indispensable qu’il y ait des larges concertations de toutes les forces vives du pays pour donner une longévité aux résolutions issues de ce dialogue. Dans le cas échéant elles se retrouveront à la poubelle après la transition surtout quand ceux qui en sont les initiateurs ne seront plus au pouvoir. Les autorités doivent alors descendre de leur piédestal pour aller vers des larges concertations afin d’aboutir à quelque chose de consistant pour le Mali.
En somme, il est toujours nécessaire d’organiser des concertations nationales, de dialoguer entre fils d’un même pays, mais il est tout aussi indispensable de coopérer avec les autres car le monde est global et un problème mal résolu sur le plan national peut avoir des répercussions sur l’échiquier international. Donc ce ne serait nullement une faiblesse, encore moins une atteinte à la souveraineté d’associer les pays voisins du Mali à ce dialogue, surtout ceux qui ont une certaine expertise en la matière.
Youssouf Sissoko
Source : L’Alternance

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