Les cieux semblent s’assombrir au-dessus des relations entre l’Algérie et le Mali, alors que les deux pays se disputent l’avenir sécuritaire du Nord du Mali. Ce bras de fer diplomatique, qui a récemment éclaté au grand jour, met en lumière des désaccords profonds et des accusations d’ingérence, exacerbés par une rencontre controversée entre les autorités algériennes et le puissant leader religieux malien, Mahmoud Dicko.
Les Tensions Éclatent au Grand Jour
Alors que les tensions couvaient depuis des semaines, les relations entre Alger et Bamako ont atteint un point de non-retour le 20 décembre dernier. Le ministère malien des Affaires étrangères et de la Coopération internationale a publié un communiqué annonçant la convocation de l’ambassadeur d’Algérie à Bamako. Les reproches sont clairs : « actes inamicaux » et « ingérence » de la part de l’Algérie dans les affaires internes du Mali, en particulier dans le contexte du processus de paix en cours.
Le communiqué malien souligne que les rencontres récurrentes en Algérie, impliquant des personnalités connues pour leur hostilité envers le gouvernement malien, ainsi que des groupes signataires de l’accord pour la paix et la réconciliation au Mali, ont été organisées sans aucune information préalable ou implication des autorités maliennes. Cette situation est jugée préjudiciable aux relations bilatérales entre les deux pays.
Deux jours après cette annonce, le 22 décembre, les autorités de transition au Mali ont rappelé leur ambassadeur en poste à Alger, signe d’une détérioration rapide des relations diplomatiques entre les deux voisins.
La Rencontre Controversée avec Mahmoud Dicko
De nombreux observateurs ont rapidement fait le lien entre cette escalade diplomatique et l’audience accordée par le président algérien Abdelmadjid Tebboune au leader religieux Mahmoud Dicko, le 19 décembre. Ce religieux influent est devenu une figure centrale de la scène politique malienne, mais sa relation avec la junte au pouvoir est devenue tendue en raison de divergences sur le déroulement de la Transition.
La présence de Mahmoud Dicko à Alger a été mal accueillie par les autorités maliennes, et plusieurs médias locaux ont même évoqué la possibilité de son arrestation à son retour à Bamako.
Cependant, Mahmoud Dicko a pris la parole dans une déclaration filmée pour expliquer les raisons de sa rencontre avec les autorités algériennes. Selon le leader religieux, sa visite à Alger est liée à un projet de construction d’une mosquée imposante par Abdelmadjid Tebboune. Le président algérien souhaite impliquer Mahmoud Dicko dans la gestion de ce lieu de culte, qui serait destiné non seulement à l’adoration de Dieu, mais aussi à l’organisation de grandes rencontres sur des questions d’intérêt sous-régional.
L’imam a également précisé qu’il avait été sollicité de la même manière que les autorités de transition par le président algérien. Il a participé à des discussions visant à apaiser les tensions entre les autorités de la transition malienne et les groupes armés signataires de l’accord pour la paix et la réconciliation issu du processus d’Alger. L’objectif de ces discussions est de favoriser une résolution pacifique des conflits.
Les Réponses d’Alger et de Bamako
Alger n’a pas tardé à réagir à la convocation de son ambassadeur en rappelant l’ambassadeur malien en poste dans le pays. Le communiqué issu de cette rencontre a indiqué que les réunions récentes avec les chefs des mouvements signataires de l’accord de paix étaient conformes au texte et à l’esprit de cet accord. L’Algérie a exprimé le souhait que le gouvernement malien, réaffirmant son engagement envers la mise en œuvre de l’accord, adhère aux efforts algériens visant à insuffler une nouvelle dynamique au processus.
Ces tensions interviennent à un moment où les combats reprennent entre les forces maliennes et les groupes touaregs dans le Nord du Mali. Les deux pays partagent une frontière de 1300 kilomètres, ce qui rend leur coopération essentielle pour la stabilité de la région.
Le bras de fer entre l’Algérie et le Mali pour l’avenir sécuritaire du Nord du Mali révèle des tensions profondes et des enjeux complexes. Les rencontres controversées entre les autorités algériennes et le leader religieux malien Mahmoud Dicko ont exacerbé ces désaccords.
La situation reste tendue, et la résolution de ces différends nécessitera une diplomatie habile et un dialogue constructif entre les deux pays. Dans un contexte de reprise des combats au Mali, la stabilité de la région dépend en grande partie de la capacité de l’Algérie et du Mali à surmonter leurs divergences et à coopérer pour parvenir à une solution pacifique.
Source : algerie-focus.com